mercredi, février 29, 2012

LES LIEUX DU CRIME

By FoQus Media on Wednesday, February 29, 2012 at 6:38am
À priori ce qui relie Dominique Strauss-Kahn(DSK) à Roman Polanski et Julian Assange, c’est le délit sexuel. Ou du moins le fait que les trois personnalités publiques ont dû répondre de ce délit devant la justice d’un autre pays que le leur. Le lieu du crime revêt ici une plus grande importance que la nature du crime lui-même. La question qui se pose est donc : en quoi les sorts de l’ex directeur-général du FMI, du réalisateur à succès, et du fondateur de Wikileaks auraient été différents s’ils avaient été jugés dans leurs pays respectifs ?
"L’affaire DSK" est archi-connue du fait d’une sur-médiatisation, puisqu’elle impliquait l’un des hommes les plus puissants du monde. La projeter hors des lieux de sa commission n’en est pour autant pas aisé, d’autant qu’on ne peut que présumer de l’attitude de l’homme s’il avait réussi à quitter les États-Unis avant d’y être accusé de viol. Y serait-il revenu faire face à la justice américaine ou, instruit de ce qu’il risquait à le faire, DSK se serait refusé à quitter la France. Surtout qu’aux États-Unis les accusations portées à son encontre étaient si graves que rien n’indiquait qu’elles se concluraient à son avantage. Tout d’ailleurs était contre le Français : des apparences à l’opinion publique, jusqu’à la Cour qui lui témoignait d’emblée un préjugé défavorable puisqu’il était riche, Blanc et puissant ! Alors que sa présumée victime- ici la présomption s’était vite transformée en certitude- était une femme de ménage. Noire et monoparentale…
Vu des États-Unis, aucun Goliath ne pouvait l’emporter contre ce David-là.
On imagine l’embarras des autorités françaises si DSK, frappé par un mandat d’arrêt international, s’était réfugié dans son pays afin d’échapper à l’implacable justice américaine. Qu’aurait répondu Paris aux demandes d’extradition que n’aurait manqué d’exiger Washington ? Sans compter la pression internationale puisqu’on aurait admis, de l’autre côté de l’atlantique, que la défection du directeur-général du FMI constituait un aveu de culpabilité.
Au vrai le fait que DSK a été interpellé en sol américain aura été bénéfique pour tout le monde, l’intéressé en premier : toutes les charges de l’accusation ayant été abandonnées, il est désormais libre d’aller où bon lui semble. Même aux États-Unis…

Une liberté dont ne peut se prévaloir Roman Polanski. Car pour le réalisateur américain, son pays, les États-Unis, est désormais synonyme de l’enfer. Ou rien de moins qu’un implacable piège à éviter par tous les moyens. Et l’un de ces moyens a été, pour lui, une fuite de trente ans suite à un viol perpétré sur une mineure. Un délit imprescriptible dans la quasi-totalité des pays occidentaux ! Réfugié en France, et devenu dans l’entretemps un réalisateur à succès, il échappait depuis à la justice de son pays. Or donc son métier l’appelait à sillonner le monde, il allait et venait partout, sans jamais avoir cédé à l’appel des sirènes d’Hollywood. Jusqu’à ce que la justice de son pays le rattrapât en Suisse, pays qu’il visitait souvent et où il possédait un chalet, lequel allait bientôt devenir sa prison temporaire.
Il fut contraint d’y attendre un peu plus de six mois, un bracelet électronique au pied, pendant que Berne planchait sur la demande d’extradition qu’avaient présentée les États-Unis.
Roman Polanski ne doit d’être un homme libre aujourd’hui que parce que la Suisse refusa d’accéder au desideratum américain. Autrement il serait entrain de croupir dans les geôles de son pays. Car, contrairement au cas DSK, sa forfaiture à lui était avérée. Même si au demeurant jugée et d’ores et déjà sentenciée.

Après l’Australie, Julian Assange est né sur le Web, il y vit, il en vit, et risque d’y mourir.
C’est du moins l’impression qu’il donne : accusé de viol dans son pays, le fondateur de Wikileaks se bat bec et ongles pour ne pas comparaitre devant la justice australienne. À croire qu’il y risque la peine mort. Alors même que le système de justice en Grande-Bretagne est identique en tous points à celui qui se pratique en Australie. Mais alors pourquoi répugne-t-il tant à être jugé à Sydney plutôt qu’à Londres ? L’Australie ce n’est quand même pas le Rwanda…
En dernier recours, et afin d’éviter son transfèrement dans son pays natal, Assange pourrait très bien requérir le statut de réfugié politique en Grande-Bretagne. Il n’en est pas loin tant il met un point d’honneur à ne jamais plus fouler le sol de l’Australie.
Mais qu’y craint-il réellement ? Un procès partial, ou que des pans de sa vie, qu’il souhaiterait voir demeurer cachés, ne soient exposés sur la place publique lors des auditions ?
N’est-ce pas lui qui a éventé, dans une posture jubilatoire où gain et gloire se mêlaient, les secrets d’État les plus enfouis, et ceux des personnalités publiques internationales.
"Arsène Lupin" des temps modernes, il se gargarisait alors, ainsi qu’un cambrioleur s’enorgueillit de percer le code des coffres forts réputés inviolables. Julian Assange semble ne s’être jamais interrogé sur les éventuelles conséquences que ses intempestives divulgations pouvaient produire sur les pays et les personnalités visés.
Il a toujours justifié son action "militante" par le droit des citoyens du monde à tout savoir. Il est convaincu, du moins veut-il le faire croire, qu’il n’y a aucune restriction au droit à être informé sur ce que font les pouvoirs et les personnalités publics.
Or donc lui-même est désormais une personnalité publique et mondialement connue. Et pas seulement sur la Toile. Les médias du monde entier affichent sa face d’adolescent enfermé dans une juvénilisation inachevée. Un éternel adolescent à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession tant il transpire l’innocence.
Qu’à cela ne tienne, les citoyens du monde devraient bénéficier du même droit de tout savoir sur la vie passée de Julian Assange. Puisque lui-même a toujours défendu cette position lorsqu’il mettait à nu la vie des autres sur la place publique.
L’arroseur arrosé : voici un dicton qui convient si bien à la situation actuelle de Julian Assange que l’on croirait qu’il n’a été inventé que pour lui. Pendant ce temps "Monsieur Wikileaks" s’ingénie à faire mentir cet autre adage qui pose que le criminel revient toujours arpenter les lieux de son crime. Or donc Julian Assange, lui, évite résolumemt ces lieux. Il tient manifestement son Australie natale en horreur. Au point de se battre pour ne jamais plus y remettre les pieds.
Et pour cause…
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ



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mercredi, février 22, 2012

SENEGAL : UNE AUTOCRATIE QUI SE CACHE MAL

By FoQus Media on Wednesday, February 22, 2012 at 5:50am
Jusqu’à la dernière minute on avait espéré que la démocratie sénégalaise sortirait seule victorieuse du bras de fer que se livraient depuis quelques années déjà l’opposition et le président Abdoulaye Wade. Mais le Conseil constitutionnel en a décidé autrement en validant la candidature du président sortant au mépris de la Loi-cadre qui limite les mandats présidentiels à deux. Or donc cet aréopage, acquis à Wade, a dans le même temps récusé la candidature du chanteur Youssou N’dour dont la popularité avérée aurait fait ombrage au président.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

En 1980 Léopold Sédar Senghor quitte volontairement le pouvoir après 20 ans d’un règne sans partage. C’est à ce moment que le Sénégal, qu’il dirigea pourtant à la tête d’un parti unique, est estampillé du sceau de la démocratie. Or donc la présidence de Senghor ne fut pas sans tache, loin s’en faut, puisque ses geôles regorgeaient des prisonniers politiques pour délit d’opinion.
Le plus célèbre d’entre eux, Mamadou Dia- il sera le premier chef du gouvernement du Sénégal indépendant- fut l’un de ses compagnons de parcours politique.
Et son ami ! Il eut le malheur de devenir son contempteur.
Même le savant Cheik Anta Diop (historien, anthropologue et physicien) n’aura guère grâce à ses yeux, puisqu’il lui interdira d’enseigner à l’université. Démocrate, Senghor ?
Démocrate, Wade ? L’actuel président use des méthodes semblables à celles de son illustre prédécesseur. À son tableau de chasse : des journalistes et des patrons de presse, des militants des droits de l’homme…tous interpellés, gardés à vue et parfois même embastillés pour crimes de lèse-majesté ! Car un président sénégalais ça se respecte !
Aussi pour garder le pouvoir Wade a prouvé maintes fois qu’il était prêt à se départir de cette respectabilité qu’il chérit tant pourtant. Spécialiste de la Loi, comme ceux de la bible, il manipule les institutions démocratiques à sa guise, et tourne en bourrique la classe politique sénégalaise. Il se soumet toujours de bonne grâce au verdict des institutions démocratiques, comme par exemple aux "décisions de la Cour constitutionnelle", cependant qu’en sous-mains il en oriente les conclusions. Si le multipartisme a obligé Wade à quelques aménagements de façade, en réalité il n’en finit pas de mettre le Sénégal en coupe réglée depuis plusieurs années déjà. Peu à peu, subrepticement, il s’est glissé dans la peau d’un autocrate tout en donnant le change à l’étranger. Aujourd’hui la communauté internationale n’en revient pas de s’être laissé abuser si longtemps par Abdoulaye Wade. Qu’importe que les circosntances l'aient contraint à se dévoiler, le vieil homme a la ferme intention de durer au-delà du deuxième mandat légalement prévu. Et ce, au mépris de la Constitution au respect de laquelle il appela pourtant jadis tous les acteurs politiques sénégalais.
En attendant il s'achroche au pouvoir. Quitte à ce qu’il se décide de l’abandonner "volontairement"…après vingt ans !

Ses autres faits sont cités
Abdoulaye Wade n’en est pas à son coup d’essai. En douze ans il s’est déjà livré à toutes les offenses à la démocratie : après une réélection douteuse à son deuxième mandat en 2007, il tenta par la suite un passage de témoin en une succession dynastique au profit de son fils Karim. Il dut battre en retraite devant la levée des boucliers de la quasi-totalité de la population sénégalaise. Y compris même dans sa propre famille politique. On murmure qu’il avertit son entourage : « Si ce n’est pas mon fils, ce sera encore moi ! ». Et c’est exactement ce qu’il semble être entrain de vouloir faire. Mais l’opposition sénégalaise se refuse à accepter ce choix binaire entre le père et le fils. Mieux organisée cette fois-ci et regroupée au sein du "M23", elle est résolue à barrer la route à Wade pour un troisième mandat. Par tous les moyens légaux. Or donc les deux premiers assortiments ont d’ores et déjà été battus en brèche par une Cour constitutionnelle acquise au président sortant. Ce comité des "Sages" nommé par Wade lui-même n’a pas dérogé à la règle de la reconnaissance en validant la candidature de leur commettant. Et en déboutant par la suite le recours que déposa l’opposition à propos de la controversée candidature de Wade. Pis, la Cour constitutionnelle a ajouté l’injure à l’insulte faite au peuple sénégalais en rejetant la candidature du chanteur Youssou N’dour. Motif invoqué : ce dernier n’aurait pas atteint le quorum des signatures requises à la validation de sa candidature ! Impensable si l’on sait que l’homme est probablement la personnalité la plus populaire du Sénégal. C’est cette popularité qui, au demeurant, effraie le camp présidentiel : au palais présidentiel on considère Youssour N'dour comme une inutile menace dont il fallait coute que coute écarter du chemin de Wade. Au point même d’accepter de s’attirer l’opprobre du monde entier. Les "Sages" se sont donc chargés du sale boulot, n' agissant pas selon leur conscience que l’on dit d’ailleurs achetée, mais selon leur cœur qui se confond avec leur ventre. On ne mord pas la main qui vous nourrit !

Mémoire sélective
Ironie de l’Histoire : Abdoulaye Wade fut l’un des plus grands pourfendeurs de Laurent Gbagbo lors de la crise postélectorale ivoirienne. "Démocrate" plus que nul autre en Afrique il reçut alors Alassane Ouattara, qui n’était encore rien, avec tous les honneurs dus à un chef d’État ! Mieux, il décria jadis la Cour constitutionnelle ivoirienne pour son impartialité…
Le Sénégal, lui, se trouve encore dans la période pré-électorale, à une semaine du scrutin. Et déjà on y compte les morts. La légendaire image du Sénégalais pacifique risque fort de voler en éclat tant les esprits sont chauffés au fer blanc. Or donc la violence n’est inscrite dans les gènes d’aucun peuple. Seules les circonstances modèlent les comportements au point de porter les passions à leur paroxysme, et ce, pour des peuples que rien ne destinait à un tel déchainement de brutalité.
Assurément le" Printemps arabe" aura marqué les esprits plus qu’on ne le croit. Peut-être parce qu’on y a vu tomber des monuments, des inamovibles, et des incontournables. En tous les cas on observe depuis une cassure tangible séparant nettement "un avant, et un après les révolutions arabes.
Comme hier "Place Tahrir", aujourd’hui c’est "Place de l’Obélisque" que les Sénégalais voudraient aller jeter au président sortant leur "Wade dégage !".
Mais ceux qu’on pourrait appeler déjà "les révolutionnaires sénégalais", ou les "Sénégaulois", buttent encore devant le zèle des brigades anti-émeutes. Celles-ci usent jusqu’ici des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc, avant que de passer aux tirs à balles réelles.
Les événements, qui n’en sont qu’à leur tout début au Sénégal, se déroulent comme dans le remake d’un mauvais film.
Car tout ceci c’est du déjà vu : c'est exactement ce qui s'est passé En Égypte et en Libye pendant l’année qui vient de s’écouler, c’est ce que connait la Syrie à ce moment même…
Wade a réussi à faire oublier qu’il fut le premier président africain, bien avant l’Union africaine qui tergiversait, à demander sans équivoque le départ de Kadhafi. On le vit paradant à Benghazi en passant en revue les éléments du Conseil national de sécurité (CNT). Il n’eut cure qu’on l’accusât d’opportunisme et de trahison envers celui qui fut un généreux donateur de son pays !
Or donc aujourd’hui Wade persiste et signe sa forfaiture, il semble indifférent à tout et marche à contre-courant de l’Histoire comme si tout cela ne le concernait pas. Patriarche, son grand âge l’y prête, et paternaliste, il appelle à l’apaisement comme on parle à des enfants indociles et capricieux. Enfermé dans sa tour d’ivoire Wade ignore ostensiblement l’appel au changement de son peuple, lui qui fit du changement, le "Sopi", son cheval de bataille pour l’accession au pouvoir en 2000.
Aujourd’hui l’usure de ce pouvoir qu’il reçut d’un Abdou Diouf bon perdant, le conduit à s’y accrocher. Wade n’entre pas dans l’Histoire. Il en sort à reculons arcbouté à ses certitudes tel un vulgaire colonel de la junte birmane. Alors même que ces satrapes, saturnins et soldats de plomb qui évoluaient jusqu’ici en marge de la modernité, semblent vouloir alléger leur carcan sur le Myanmar de Sann Suu Kyi. A contrario le soldat Wade, qu’il faut sauver, combat aujourd’hui le pire des combats, il lutte désormais pour l’institution d’une autocratie qu’il ne prend même plus la peine de cacher.
Cependant il aurait tort d’ignorer " le conseil" des États-Unis qui lui enjoignent de passer le flambeau au profit d’une autre génération de dirigeants.
Mais peut-être que son fils Karim réussira à lui faire entendre raison, lui que maitre Bourgi, avocat franco-libanais familier des réseaux franco-africains décrivit comme craintif et résolument hostile à l’émeute. Avant que ce ne soit trop tard il est à souhaiter que l’héritier pressentit au trône du palais de Teranga fera à son père, loin des encenseurs, une lecture plus réaliste du contexte politique du Sénégal. Puisque manifestement Abdoulaye Wade en est incapable.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

ONU : Le monstre se mord la queue

By FoQus Media on Monday, February 20, 2012 at 5:13am

L’impasse dans laquelle se trouve la crise Syrienne démontre une fois de plus- une de trop ?- que les outils de résolution de crise dont se sert l’Onu sont inadaptés à l’environnement politique international actuel. Le "Grand machin", désuet et lourd, semble désormais avoir des cailloux dans sa mécanique d’un autre âge. Ces couacs ont pour noms Conseil de sécurité et droit de véto. L’appareil onusien, conçu dès après la seconde Grande Guerre, avait alors pour vocation la promotion de la paix entre des États souverains. Et cette organisation supranationale y réussissait assez bien jusqu’à ce que, aux guerres internationales, s’ajoutèrent d’autres formes de conflits toujours plus complexes à circonscrire : insurrections infranationales, guerres interethniques…
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ


Depuis plusieurs décennies l’Organisation des Nations Unies marche à l’aveuglette, à tâtons, essayant de s’adapter au cas par cas aux événements qui se posent, parfois brutalement, à elle. Ceci alors même que des règles et principes bien précis organisent les actions de l’Onu autour de la prévention et de la résolution des conflits interétatiques. Les deux guerres mondiales ont servi de fondement à cette institution en donnant de la substance à son objectif de paix. L’Onu a toujours œuvré afin que de tels événements n’aient plus jamais lieu ! Un projet dantesque, s’il en est, mais le monde entier était appelé à y contribuer. Nul à l’époque, dans le procès de sa création, n’avait prévu que l’Onu aurait un jour à faire face à des fléaux tels le terrorisme international, la piraterie maritime, la prolifération des armes de destruction massive et chimique, au danger d’une bombe nucléaire accessible à tous…
Raison pourquoi aujourd’hui des alliances politico-militaires, et parfois même un seul pays, tentent de se substituer à cette carence pour décanter des situations pour lesquels l’Onu ne dispose manifestement pas d’outils appropriés. Avec le risque, hélas avéré, des dérapages tels en Irak, en Afghanistan, en Libye, et dans une moindre mesure en Côte d’Ivoire.

Le multilatéralisme : règle d’or !
Il va sans dire que l’unilatéralisme est une conduite fortement banni par l’Onu, laquelle privilégie- c’est écrit dans ses statuts constitutifs- des actions concertées par l’ensemble des pays souverains qui la constituent. Mais cela, c’est sur le papier : les États-Unis ont quelque fois agi en cavalier seul, mettant à mal le principe du multilatéralisme cher à l’Onu. Quant à l’Otan- l’Alliance atlantique-nord constitue la plus puissante force militaire intégrée du monde- elle sollicite généralement un mandat du Conseil de sécurité de l’Onu avant que d’intervenir militairement sur un théâtre des hostilités. Quitte, par la suite, à réinterpréter ledit mandat pour des fins d’un agenda généralement caché. Ce furent les cas en Côte d’Ivoire et en Libye. Des cas d’école qui ont fortement contribué à l’actuelle impasse sur une résolution condamnant le régime syrien.
Or donc l’Otan s’est aussi réservé un petit espace d’unilatéralisme lorsqu’un conflit se déroule sur ses frontières. Au nom de la sécurité des parties qui la constituent (Europe occidentale, États-Unis et Canada), l’Otan s’est dotée de la prérogative d’agir sans en référer à l’Onu.
Là s’arrêtent les similitudes entre les mandats dévolus à l’Onu et ceux dont l’Otan se prévaut.
L’organisation des Nations Unies recherche la paix dans le monde par la prévention des conflits et leur résolution aux moyens de l’intervention entre les belligérants. C’est le rôle des "Casques bleus" de l’Onu. L’Otan, elle, recourt à la force militaire pour contraindre une des parties au conflit à se conformer à une résolution votée par le Conseil de sécurité de l’Onu. Ou décidée en marge de cette dernière par les membres de l’Alliance atlantique.
La nuance est de taille : d’un côté des contingents militaires internationaux s’interposent entre les parties belligérantes pour arrêter la guerre. S’ensuit un processus, généralement long, consistant à les réunir autour de la même table afin d’aboutir à une paix négociée. C’est le fait de l’Onu.
De l’autre côté il y a l’Otan : sa formidable force de frappe, à nulle autre pareille, n’intervient que pour mater un camp au profit d’un autre. Au détriment de la diplomatie et de la préservation des vies humaines. Car les interventions musclées de son armada, quand elles peuvent conclure rapidement, font parfois plus de victimes civiles que les guerres qu’elle prétend circonscrire.
"Des victimes collatérales" rapidement rangées dans la rubrique des pertes et profits, si ce n’était qu’il s’agit des hommes, des femmes et des enfants.

Conseil de sécurité et droit de véto
Dans l’appareil onusien, le Conseil de sécurité représente le pouvoir au sein du pouvoir. C’est à ces cinq membres permanents (États-Unis, Russie, France, Chine et Grande-Bretagne) que reviennent la décision, à propos des questions cruciales de sécurité dans le monde, de voter les redoutables résolutions qui condamnent les actions d’un pays pris à défaut. Un pouvoir immense dont personne ne leur a jamais donné mandat. Au départ cet aréopage n’était formé que des vainqueurs de la seconde guerre mondiale. La Chine y a accédé plus tard à la faveur d’une puissance militaire, et économique, augmentée au fil des années. Or donc ce dernier critère, la puissance militaire, devrait logiquement disqualifier la Grande-Bretagne dont l’empire s’est depuis effrité comme peau de chagrin. C’est dire que la composition du Conseil de sécurité, telle une image spectrale, s’est figée après l’entrée de la Chine. Alors même que le monde à l’entour de cette bulle évoluait à grande vitesse. Au sein de l’assemblée générale de l’Onu plusieurs pays demandent à grands cris une réforme de ce directoire anachronique et obsolète. Le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud frappent à sa porte sans que celle-ci ne s’entrouvrît. Ces dernières décennies la légitimité du Conseil de sécurité a été constamment bousculée, d’autant que le statut de ses membres est le résultat d’une cavalière auto proclamation. Pis, ces derniers poussent l’outrecuidance au point de disposer seuls du droit d’y accueillir qui ils souhaiteraient voir siéger avec eux ! Chose qu’ils ne font d’ailleurs pas, comme si le quorum des "élus" était d’ores et déjà atteint. Un cercle fermé et qui se rit de la démocratie dont plusieurs de ses membres se réclament pourtant les champions.

Aussi, le caractère "permanent" de leur statut- là aussi ces pays ont été seuls à le décider- les posent en inamovibles, sans possibilité d’alternance.
Pour tout compliquer, chacun de ces membres permanents dispose également d’un droit de véto sur les décisions des autres membres…
Rien d’étonnant alors à ce que la diplomatie qui a parfois cours au Conseil de sécurité rappelât par certains côtés le duel de "la guerre froide". Ces temps que l’on avait cru révolus, où les intérêts des uns- principalement les États-Unis et la Russie héritière "légitime" du siège de l’Union soviétique- étaient nécessairement antagonistes, voire hostiles à ceux des autres.
Un temps où tous les autres pays devaient s’aligner sur l’une ou l’autre de ces deux superpuissances. Or donc hier comme aujourd’hui, même si la France et la Chine ne se laissent pas dicter leur conduite, chacun défend une cause qui lui tient à cœur. Ou protège ses amis d’éventuelles condamnations et sanctions, au moyen de ce véto qui paralyse la "mécanique". Tout en divisant le monde. Un véto qui n’a jamais fait partie de la solution.

Chacun pour soi
Les États-Unis et la Russie (pré ou post-soviétique) sont les pays qui auront le plus usé de cette prérogative que d’aucuns, de plus en plus, jugent usurpée. Plusieurs pays jugent inique le fait que Israël n’a jamais encouru aucune sanction internationale malgré que l’État hébreu s’est souvent livré à des actions confinant aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité !
Et scandaleux le véto américain qui a toujours systématiquement soustrait l’État hébreu à une telle condamnation. Une situation qui jette sur Tel-Aviv un opprobre mondial qui s’accroit d’année en année. Raison pourquoi Washington est condamnée à toujours plus d’impartialité pour le bénéfice d’Israël, et ceci en dépit du bon sens. Un cercle vicieux qui offre l’image d’un animal se mordant la queue.
Quant aux Russes- ils sont opportunément aidés cette fois-ci par les Chinois- en opposant leur véto sur la condamnation du régime syrien par le Conseil de sécurité, ils font preuve de la même mauvaise foi que les Américains pour Israël. Or donc le Kremlin a aujourd’hui beau jeu de justifier son véto par la manière dont l’Otan traita Kadhafi sur une résolution qui ne prévoyait au demeurant que la protection des populations civiles libyennes…
La coalition occidentale, en abusant outrancièrement du mandat que lui octroyait le Conseil de sécurité en Libye, ignorait qu’elle se tirait une balle dans le pied par la même occasion.
Mais il y a plus : L’onde de choc des révolutions arabes est ressentie jusqu’à Moscou, et Beijing dans une moindre mesure. Aussi pour éviter une irrémédiable contagion sur son régime, Vladimir Poutine, qui est déjà confronté à une contestation grandissante chez lui, ne peut se permettre le risque d’une telle comparaison.
En lui demandant de condamner le régime syrien, le Conseil de sécurité lui demande, en d’autres termes, de se condamner lui-même.
À l’approche de l’élection présidentielle en Russie, Poutine se gardera bien de jeter au docteur Bashar-Al-Assad une pierre qui pourrait lui revenir en pleine face ! D’autant que la victoire annoncée du premier ministre russe au poste de président ne se fera pas sans heurts.
Le véto russe au Conseil de sécurité n’était en fait qu’un vote utile, stratégique.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

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mardi, février 21, 2012

IRAN-USA : LA BOMBE DE LA DISCORDE

By FoQus Media on Monday, February 20, 2012 at 5:09am ·

Tous les pays occidentaux, à l’instigation des États-Unis, semblent déterminés à empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. Par tous les moyens : notamment en "coupant les vivres" au régime des mollahs par un embargo sur l’exportation du pétrole, principale source de revenus du pays. Or donc cette radicale mesure de rétorsion risque de produire, sur le citoyen iranien, un effet contraire à ce que l’Occident espère.
Face à l’adversité - l’embargo des Occidentaux est considéré à Téhéran comme une agression extérieure - les Iraniens font naturellement bloc pour combattre celui qui est désigné comme l’ennemi des peuples perse et musulman : le "Grand Satan américain" !
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

Les grandes puissances, mais surtout les pays occidentaux, ont coutume d’user d’une batterie de mesures politiques et économiques en guise de sanctions contre ceux qui en sont visés.
Un pays- ou un groupe de pays- peut ainsi déclencher, contre un pays tiers, cette arme dévastatrice qui décime des populations, sans effusion de sang. Sauf dans le cas de ces nouvelles interventions militaires vertueusement baptisées humanitaires.
Autrement il s’agit toujours d’une "guerre propre" comme seuls les Occidentaux savent la faire. Mais pour faire plus propre encore le Conseil de sécurité de l’ONU leur octroi le droit de tuer, comme on délivre un simple permis de port d’armes, par un mandat que chacun peut réinterpréter à sa guise. Ainsi qu’on l’a vu récemment en Côte d’Ivoire et en Libye.
Les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu- cet aréopage est constitué des vainqueurs de la dernière Grande Guerre mêlés aux plus grands contributeurs au budget de l’organisation multinationale- sont réputées contraignantes pour ceux qu’elles concernent. C’est-à-dire les pays d’Afrique et de l’Orient, à la notable exception de l’État hébreux. Israël n’a jamais encouru la moindre sanction pour avoir foulé aux pieds plus de deux cent résolutions de l’Onu, ainsi qu’aucun autre pays avant et après lui…
Aujourd’hui c’est l’Iran qui est sur la sellette, mais aussi la Syrie. Tel un boa constrictor entoure sa proie, les Occidents ont tourné autour du régime de Téhéran pour, dans un premier temps, geler les avoirs de certains dignitaires du régime. Du menu fretin somme toute qui ne détient réellement aucun pouvoir. Or donc en Iran même le président, qu’il soit conservateur ou modéré, n’est qu’un faire-valoir, un fantoche qui exprime les politiques décidées par les mollahs.
Au premier chef l’ayatollah Ali Khamenei, le guide de la révolution héritée de Khomeiny.
C’est lui qui dicte la marche à suivre, c’est lui qui détient l’effectivité du pouvoir en Iran.

Des effets limités
Il n’y a, à ce jour, aucun précédent qui confirme une corrélation entre les sanctions économiques imposées à un pays et la chute de sa dictature. En Iran les Occidentaux espèrent faire d’une pierre deux coups : d’abord arrêter le processus de la nucléarisation du pays. Pour ensuite, ou dans le même temps, abattre le régime. Cette dernière volonté ne confine qu’à un vœu pieu.
Car il est avéré que les sanctions n’ont qu’une efficacité limitée, sauf sur la population. Pour le moment l’embargo sur le pétrole- l’or noir iranien est la principale source de recettes du pays- cause de sérieux torts à l’économie iranienne. La dépréciation que vient de subir sa monnaie témoigne de l’impact de cette mesure. Téhéran devrait débourser plus pour importer, avec des recettes considérablement amoindries. Mais à terme les Iraniens trouveront bien le moyen de contourner cet embargo. Par contre le régime est solidement en selle et ne risque guère de sombrer advenant une probable cherté de la vie quotidienne.
Faut-il rappeler que Cuba a survécu à plus de soixante ans d’embargo américain sans que jamais le régime de Fidel Castro, le "Lider maximo", ne flanchât sur ses fondations. Les mêmes Américains, suivis par tous les Occidentaux, mirent tour à tour sous embargo l’Irak de Saddam Hussein et la Libye de Kadhafi. Sans réussir à faire chanceler les régimes de ces dictateurs.
Ils ont dû employer la force militaire pour en venir à bout. Autrement Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi seraient encore en vie aujourd’hui et aux commandes de leurs pays respectifs.
Le blocus qu’Israël impose aux Palestiniens depuis presque une décennie ne résulte toujours pas sur un changement de garde à Gaza. Or donc il n’y a pas d’étau plus étouffant que cet embargo. Puisqu’il s’étend même sur les produits de première nécessité tels les denrées alimentaires et les médicaments. Des milliers de morts après, dont des enfants et des femmes, laissent les Palestiniens exsangues mais déterminés à résister contre l’occupation. Sans que jamais le régime islamiste du Hamas n’ait été inquiété…
Les exemples abondent pour dire que si les sanctions appliquées à une dictature peuvent affaiblir sa capacité à agir- l’argent demeure le nerf de la guerre- elles n’en constituent pas pour autant le fait décisif qui la fait ployer. D’autres facteurs doivent nécessairement intervenir, l’embargo n’étant qu’un moyen parmi tant d’autres, mais assurément pas une fin en soi.

Attention au nucléaire, les enfants
L’Inde et le Pakistan avaient l’habitude de guerroyer souvent à propos du Cachemire. Au point que les Occidentaux craignirent le pire lorsque ces deux pays se dotèrent de l’arme nucléaire.
Or donc depuis, ces frères ennemis, même s’ils s’observent toujours en chien de faïence, se gardent de toute provocation l’un envers l’autre. Même les actes terroristes perpétrés, sur l’un ou l’autre, par des extrémistes de chaque bord ne parviennent pas à raviver la flamme guerrière entre New-Delhi et Karachi. Indous et Pakistanais semblent avoir définitivement enterré la hache de guerre. La possession de la bombe nucléaire a aiguisé leur conscience sur un danger aux conséquences incalculables. Sinon qu’irrémédiables.
Il y a aussi la Corée du Nord : ce pays s’est doté de l’arme nucléaire au vu et au su de tous. L’Occident a vivement condamné l’enrichissement de l’uranium coréen pour un usage militairement avoué. Mais pas de levée de bouclier comparable à ce à quoi on assiste en ce qui concerne l’Iran. Comme si la dictature stalinienne de Pyongyang n’était qu’une douceur à côté du régime islamique de Téhéran !
Pour la Corée du Nord les Occidentaux sortirent leur batterie de sanctions, la panacée il semble, afin d’empêcher qu’elle se dotât de l’arme nucléaire. Rien n’y fit. Mais c’est sa population, a contrario, qui subit les effets de ces sanctions. Les Nord-Coréens sont déjà durement éprouvés par le rationnement économique que leur appliquent des dirigeants qui, eux, ne manquent de rien. C’est dire que les sanctions occidentales, ajoutées à la condition quasi ascétique d’une des populations déjà parmi les plus pauvres de la planète, n’ont eu d’autres effets que de laisser cette dernière exsangue. Or donc ici non plus pas de soulèvement populaire, aucune velléité de révolution, "le printemps asiatique" risque de se faire attendre. Si jamais il devait survenir.
Mais le plus curieux dans tout ceci en est que Séoul, la voisine du Sud, n’a pas déjà été rayée de la carte par les ogives nucléaires de Pyongyang…
Quant à l’Iran, ce pays finira par se doter de cette arme que les Occidentaux redoutent pour la survie d’Israël. Ce n’est qu’une question de temps, nul n’en doute réellement.
Mais peut-être qu’alors le régime des mollahs s’apaisera devant la responsabilité humanitaire que procure la détention de l’arme nucléaire. Il ne faut surtout pas qu’il se souvienne qu’un autre pays usa jadis d’une arme semblable sur les populations civiles. Un précédent dévolu aux seuls États-Unis à Hiroshima et Nagasaki
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ