jeudi, juin 28, 2007

Sénégal
LES FOURBERIES DE Me WADE

Le "sopi", en wolof, (1) désigne le changement. L’homme était tardivement parvenu au pouvoir en brandissant ce seul slogan. Simplement. Me Abdoulaye Wade promettait alors aux Sénégalais ce qu’ils n’avaient jamais connu depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1960 : autre chose!
Après son premier mandat, le président Sénégalais vient d’ériger le changement en statu quo.
L’alternance, c’est, après lui…lui!
Le "sopi", manifestement, ne le concernait pas.
EMERY G. UHINDU-GINGALA


L’homme a changé de côté, aurait pu dire la chanson. Comme pour exprimer le sentiment de tous les Sénégalais désabusés par les manœuvres dilatoires de leur président dans sa volonté de se succéder à lui-même; et de faire reconstituer, à la suite de sa controversée élection, un parlement partisan. Comme par enchantement. L’opposition- le désormais "Front Siggil Sénégal"(2)- s’est refusée à lui accorder le " cadre légitime" à l’imposture, en appelant la population au boycottage des législatives du 03 juin. Appel entendu; et largement suivit. Le…jadis démocrate Wade se satisfait aujourd’hui d’une participation de 27% des votants. Celui dont la déferlante du "sopi" balaya dans tout le pays les assises de l’ancien pouvoir a perdu, chemin faisant, le sens de l’honneur. Celui du vote de confiance. Des gens ont voté. Il aura gagné haut la main son parlement sans opposition : 131 sièges sur les 150 que compte l’assemblée nationale. Rien de moins.
A vaincre sans péril on triomphe sans gloire!


Le cénacle des inamovibles
Il est vrai que la pratique est désormais courante en Afrique. Les chefs d’états ont trouvé un savant subterfuge pour demeurer au pouvoir de manière tout ce qu’il y a de plus démocratique : Un parlement dûment acquit prostitue la Constitution en votant une loi permettant de multiples et illimitées représentations à la candidature présidentielle. La désignation, par le président sortant lui-même, d’une commission électorale ridiculement réputée indépendante assure la victoire. Quitte à la manigancer.
Et Me Wade, malgré son grand âge, a encore à apprendre les ficelles du métier. Celui de manœuvrier politique. Car il ne suffit pas d’être président, encore faut-il savoir la recette pour durer. Le Gabonais Omar Bongo-40 ans de pouvoir- représente, au chapitre des coups tordus, le mentor par excellence; avec Hosny Moubarak d’Égypte. Mais il y a également Paul Biya pour déshonorer le Cameroun, tandis que le Burkina-Faso n’est plus déjà, sous la férule de Blaise Compaoré, ce "pays des hommes intègres" que dit toujours son nom. Il y aurait beaucoup à dire- ou même seulement rien- de "l’idiocratie" tchadienne d’Idriss Déby. Rien ne justifie qu’un tel inculte- à l’instar de Lansana Conté de Guinée Conakry- ne dirige un pays. Sinon que l’opportune manne pétrolière dont il se sert pour noyer les réticences des uns, noyauter les oppositions et nourrir les ambitions des autres.

La loi du plus vieux
Ce sont les procédés de ces parrains à l’orthodoxie douteuse qui inspirent aujourd’hui les actions d’Abdoulaye Wade…le "juriste"! Lui sait pourtant ce que la loi veut dire. Et elle dit expressément que sa lettre doit s’harmoniser avec son esprit. Elle interdit que celui-ci, l’esprit, soit dévoyé, détourné, corrodé au profit d’une démocratie de façade, livré aux fossoyeurs de la moralité politique!
Mais qu’y avait-il donc dans les exigences de l’opposition sénégalaise pour ainsi hérisser le poil de Me Wade; au point d’offenser sa discutable vertu?
La transparence du scrutin; la vérification des listes électorales; un éventuel report des législatives…
Au vrai, rien d’inusité pour la crédibilité des résultats. Toutes choses devant normalement emporter l’adhésion des consciences tranquilles. Rien pour effaroucher.
Le refus obstiné d’Abdoulaye Wade d’agréer les unes et les autres a conduit à la crise politique. Avec le résultat que l’on connait. Entachant durablement sa réputation de légaliste. Mais surtout celle de la démocratie sénégalaise qui ne le méritait pas.
La suspicion a hélas écorché au passage la probité du Malien Amadou Toumani Touré(ATT) contre lequel une opposition opportuniste a tenté-même sans succès- l’amalgame. Mais peut-être que le mal est déjà fait…
Durant son premier mandat Abdoulaye Wade s’est vu décerner de prestigieuses distinctions récompensant ses nombreuses médiations pour la paix en Afrique. Dont le prix Houphouët-Boigny(3) et le Pégase d’or de la Toscane(Italie). En marge de la paix, ces marques de reconnaissance sanctionnent les actions d’une personnalité- sa contribution- au chapitre de la démocratie. Partout. Mais surtout chez lui!
La tenue des dernières élections présidentielle et législative au Sénégal tend à faire mentir ce mérite. Entré en coup de vent dans l’histoire pour avoir défait le Parti socialiste au pouvoir depuis l’indépendance, Wade risque d’en sortir dans la tempête; sinon que dans la tourmente. Exposant au déshonneur sa vieillissante carrière pour bien peu.
En Afrique le plus vieux est dépositaire de la sagesse. Désormais, à cause de Wade, la vieillesse, comme partout ailleurs, évoquera la sénilité, le manque de jugement.
Les fourberies de Me Wade auront fait grand tort à l’Afrique.
Surtout au Sénégal!
EMERY G. UHINDU-GINGALA

(1) Le wolof est principalement parlé en Gambie et au Sénégal où il fait partie des six langues nationales. Le wolof a également le statut de langue nationale en Mauritanie. Utilisé comme langue véhiculaire notamment par les commerçants, c'est un peu l'anglais de l'Afrique de l'Ouest. Si 40% des sénégalais appartiennent à l'ethnie wolof, en revanche 80% des sénégalais sont "wolophones". Le wolof s'est enrichi des apports des autres langues nationales du Sénégal, de l'arabe et du français.
(2)"Relever la tête du Sénégal", en Wolof. Plate-forme de cinq partis d’opposition sénégalaise ayant décidé de boycotter les législatives de 03 juin; dont les principaux sont : le Parti socialiste(PS), au pouvoir de 1960 à 2000, actuellement dirigé par Ousmane Tanor Dieng. L’alliance des forces de progrès(AFP) de Moustapha Niasse et le Parti de l’indépendance et du travail(PIT) d’Amath Dansokho.
(3) Prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. En mémoire du premier président de Côte d’Ivoire.

dimanche, juin 24, 2007

Proche-Orient :
LA SANGLANTE DIVERSION D’EHUD OLMERT


Fausse sécurité pour Israël
Le stratagème confine désormais à la formule; parce que longuement éprouvé-avec succès-par les faits. Tous les premiers ministres Israéliens le savent, à croire qu’ils se passent, avec le témoin, le mot : pour se sortir des déboires de politique interne il faut aller casser du Palestinien, "cette tête à claques" opportunément désignée pour tous usages; tant interne qu’externe.
Le premier ministre Israélien, Ehud Olmert, est traqué, acculé de partout, la justice de son pays est à ses trousses pour des affaires de corruption. Une commission diligentée par la Knesset blâme sa mauvaise conduite de la récente guerre au Liban contre le Hezbollah; lequel détient toujours le jeune soldat Israélien dont la capture avait servi de prétexte au déclenchement d’une offensive inutilement meurtrière pour les civils Libanais. Enfin la popularité du chef du gouvernement est malmenée dans tous les sondages, mettant à mal l’engouement des Israéliens pour le nouveau parti Kadima(1).
Ehud Olmert a donc décidé de lancer Tsahal(2) à l’assaut des territoires occupés palestiniens…
EMERY G. UHINDU-GINGALA




A peine sortit d’une guerre controversée, les mains encore tachées du sang des enfants Libanais pulvérisés par les armes à sous munition, Ehud Olmert s’engage cavalièrement dans un autre conflit. Autrement plus populaire. Puisqu’il s’agit des Palestiniens. Ça ne compte vraiment pas "ces chose là", sinon qu’à s’aider dans les sondages…
Le plus étonnant en est que la diversion est archi connue, répétée à l’envi, le procédé éculé. Mais il fonctionne à tous les coups…
Abimés dans leur phobie du tout sécuritaire, les Israéliens ne se lassent pas de se convaincre que l’usage de la force brutale- et aveugle- est payant. Une cinquantaine d’années de cette pratique n’aura donc pas suffi à conclure à son inefficacité. Et que les gains territoriaux des deux guerres remportées sur les Arabes se soldent fatalement par la perte de leur jouissance.
De Tel Aviv on voit à courte vue. On vit sur le court terme ainsi que ceux dont l’espérance de vie est menacée. Un peu comme pour les Palestiniens!
Le paradoxe prêterait à sourire n’eût été le tragique de la situation. Car la comparaison entre ce qui se vit en Israël et dans les territoires occupés palestiniens relève aussi de la formule : d’un côté un pays organisé, relativement prospère, puissamment armé, soutenu militairement et financièrement par le plus puissant pays au monde, les États-Unis. Et de l’autre, des minuscules bandes surpeuplées organisées autour des factions armées, des territoires occupés et sauvagement colonisés par…Israël!
Des territoires qui perdent chaque jour du terrain du fait de cette colonisation.
La jeunesse y est désœuvrée et s’engage, à l’âge où les enfants Israéliens vont à l’école, dans la lutte armée-ou la résistance- très tôt confrontée à son injuste sort, aux affres de la sujétion, à un avenir sans promesses de devenir. Ou tout simplement cédant au chant des sirènes, les chimériques félicités post-mortem promises aux martyrs-enfin des promesses!- et efficacement prêchées par des Imams seigneurs de guerre. Tous les Intifada participent de cette logique fermée, cet axiome de la désespérance.

Tous les prétextes sont bons
L’État hébreu est le seul pays au monde qui vit en guerre, en temps de paix. Environné, explique-t-il, explique-t-on, par de hordes des terroristes islamisant leur inextinguible soif d’en découdre, dans le but avoué d’éradiquer toute forme de vie juive au Proche-Orient! Sans qu’il ne soit considéré qu’Israël peut à tout moment compter, et diligemment disposer, de toute la logistique américaine. Et que la coupable caution morale du monde occidental lui est d’ores et déjà acquise. En guise de connivence…
Cette volontaire occultation du donné stratégique autorise qu’Ehud Olmert, et d’autres avant lui, fasse des incursions intempestives-mais voulues préventives-dans les territoires occupés palestiniens. Alors que la seule préoccupation politicienne motive souvent ses sanglantes intrusions. Sans que leurs auteurs n’aient en à subir l’opprobre, ni même la moindre condamnation, assurés qu’ils sont de l’impunité. Puisqu’ils disposent, au Conseil de sécurité de l’Onu, du véto américain!
A être crédité d’un tel pouvoir, lors même on en use par procuration, est propre à l’abus. Et Tel Aviv ne déroge pas à la règle; puisque Tsahal ne semble plus justifier son existence que par sa prédilection à réduire au silence les civils Palestiniens. Et parfois, à défaut, les civils Libanais. Bien plus que les combattants armés. Sinon que des enfants armés…des cailloux! Intifada oblige…
Le premier ministre désigné d’Israël est désormais est prêt à toutes les barbaries.
Ehud Olmert tient tant à se sortir de la situation scabreuse que son passif, et maintenant son actif, l’ont plongés qu’il ne s’oblige plus à aucune nuance : il ordonne les guerres qui l’arrangent, les massacres qui dérangent…a posteriori, les arrestations dont nul n’interroge la légalité. Il peut tout. Il est Israélien!
Si la victoire militaire peut-être au bout du canon, la paix, rarement, suit le dernier coup de feu.
Les Israéliens ont eu plus d’un demi-siècle pour s’instruire de ce simple donné.
Mais il semble qu’ils n’en sont toujours pas convaincus.
Autrement un opportuniste tel Ehud Olmert aurait déjà cessé d’exister.
Politiquement!
EMERY G. UHINDU-GINGALA

(1)Kadima. "En avant!" en hébreu. Parti politique israélien fondé par Ariel Sharon le 24 novembre 2005. Ehud Olmert en est devenu le chef après que Sharon ait été plongé dans le coma.
(2) La Knesset (כנסת, assemblée, en hébreu) est le parlement israélien.