mardi, février 21, 2012

IRAN-USA : LA BOMBE DE LA DISCORDE

By FoQus Media on Monday, February 20, 2012 at 5:09am ·

Tous les pays occidentaux, à l’instigation des États-Unis, semblent déterminés à empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. Par tous les moyens : notamment en "coupant les vivres" au régime des mollahs par un embargo sur l’exportation du pétrole, principale source de revenus du pays. Or donc cette radicale mesure de rétorsion risque de produire, sur le citoyen iranien, un effet contraire à ce que l’Occident espère.
Face à l’adversité - l’embargo des Occidentaux est considéré à Téhéran comme une agression extérieure - les Iraniens font naturellement bloc pour combattre celui qui est désigné comme l’ennemi des peuples perse et musulman : le "Grand Satan américain" !
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

Les grandes puissances, mais surtout les pays occidentaux, ont coutume d’user d’une batterie de mesures politiques et économiques en guise de sanctions contre ceux qui en sont visés.
Un pays- ou un groupe de pays- peut ainsi déclencher, contre un pays tiers, cette arme dévastatrice qui décime des populations, sans effusion de sang. Sauf dans le cas de ces nouvelles interventions militaires vertueusement baptisées humanitaires.
Autrement il s’agit toujours d’une "guerre propre" comme seuls les Occidentaux savent la faire. Mais pour faire plus propre encore le Conseil de sécurité de l’ONU leur octroi le droit de tuer, comme on délivre un simple permis de port d’armes, par un mandat que chacun peut réinterpréter à sa guise. Ainsi qu’on l’a vu récemment en Côte d’Ivoire et en Libye.
Les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu- cet aréopage est constitué des vainqueurs de la dernière Grande Guerre mêlés aux plus grands contributeurs au budget de l’organisation multinationale- sont réputées contraignantes pour ceux qu’elles concernent. C’est-à-dire les pays d’Afrique et de l’Orient, à la notable exception de l’État hébreux. Israël n’a jamais encouru la moindre sanction pour avoir foulé aux pieds plus de deux cent résolutions de l’Onu, ainsi qu’aucun autre pays avant et après lui…
Aujourd’hui c’est l’Iran qui est sur la sellette, mais aussi la Syrie. Tel un boa constrictor entoure sa proie, les Occidents ont tourné autour du régime de Téhéran pour, dans un premier temps, geler les avoirs de certains dignitaires du régime. Du menu fretin somme toute qui ne détient réellement aucun pouvoir. Or donc en Iran même le président, qu’il soit conservateur ou modéré, n’est qu’un faire-valoir, un fantoche qui exprime les politiques décidées par les mollahs.
Au premier chef l’ayatollah Ali Khamenei, le guide de la révolution héritée de Khomeiny.
C’est lui qui dicte la marche à suivre, c’est lui qui détient l’effectivité du pouvoir en Iran.

Des effets limités
Il n’y a, à ce jour, aucun précédent qui confirme une corrélation entre les sanctions économiques imposées à un pays et la chute de sa dictature. En Iran les Occidentaux espèrent faire d’une pierre deux coups : d’abord arrêter le processus de la nucléarisation du pays. Pour ensuite, ou dans le même temps, abattre le régime. Cette dernière volonté ne confine qu’à un vœu pieu.
Car il est avéré que les sanctions n’ont qu’une efficacité limitée, sauf sur la population. Pour le moment l’embargo sur le pétrole- l’or noir iranien est la principale source de recettes du pays- cause de sérieux torts à l’économie iranienne. La dépréciation que vient de subir sa monnaie témoigne de l’impact de cette mesure. Téhéran devrait débourser plus pour importer, avec des recettes considérablement amoindries. Mais à terme les Iraniens trouveront bien le moyen de contourner cet embargo. Par contre le régime est solidement en selle et ne risque guère de sombrer advenant une probable cherté de la vie quotidienne.
Faut-il rappeler que Cuba a survécu à plus de soixante ans d’embargo américain sans que jamais le régime de Fidel Castro, le "Lider maximo", ne flanchât sur ses fondations. Les mêmes Américains, suivis par tous les Occidentaux, mirent tour à tour sous embargo l’Irak de Saddam Hussein et la Libye de Kadhafi. Sans réussir à faire chanceler les régimes de ces dictateurs.
Ils ont dû employer la force militaire pour en venir à bout. Autrement Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi seraient encore en vie aujourd’hui et aux commandes de leurs pays respectifs.
Le blocus qu’Israël impose aux Palestiniens depuis presque une décennie ne résulte toujours pas sur un changement de garde à Gaza. Or donc il n’y a pas d’étau plus étouffant que cet embargo. Puisqu’il s’étend même sur les produits de première nécessité tels les denrées alimentaires et les médicaments. Des milliers de morts après, dont des enfants et des femmes, laissent les Palestiniens exsangues mais déterminés à résister contre l’occupation. Sans que jamais le régime islamiste du Hamas n’ait été inquiété…
Les exemples abondent pour dire que si les sanctions appliquées à une dictature peuvent affaiblir sa capacité à agir- l’argent demeure le nerf de la guerre- elles n’en constituent pas pour autant le fait décisif qui la fait ployer. D’autres facteurs doivent nécessairement intervenir, l’embargo n’étant qu’un moyen parmi tant d’autres, mais assurément pas une fin en soi.

Attention au nucléaire, les enfants
L’Inde et le Pakistan avaient l’habitude de guerroyer souvent à propos du Cachemire. Au point que les Occidentaux craignirent le pire lorsque ces deux pays se dotèrent de l’arme nucléaire.
Or donc depuis, ces frères ennemis, même s’ils s’observent toujours en chien de faïence, se gardent de toute provocation l’un envers l’autre. Même les actes terroristes perpétrés, sur l’un ou l’autre, par des extrémistes de chaque bord ne parviennent pas à raviver la flamme guerrière entre New-Delhi et Karachi. Indous et Pakistanais semblent avoir définitivement enterré la hache de guerre. La possession de la bombe nucléaire a aiguisé leur conscience sur un danger aux conséquences incalculables. Sinon qu’irrémédiables.
Il y a aussi la Corée du Nord : ce pays s’est doté de l’arme nucléaire au vu et au su de tous. L’Occident a vivement condamné l’enrichissement de l’uranium coréen pour un usage militairement avoué. Mais pas de levée de bouclier comparable à ce à quoi on assiste en ce qui concerne l’Iran. Comme si la dictature stalinienne de Pyongyang n’était qu’une douceur à côté du régime islamique de Téhéran !
Pour la Corée du Nord les Occidentaux sortirent leur batterie de sanctions, la panacée il semble, afin d’empêcher qu’elle se dotât de l’arme nucléaire. Rien n’y fit. Mais c’est sa population, a contrario, qui subit les effets de ces sanctions. Les Nord-Coréens sont déjà durement éprouvés par le rationnement économique que leur appliquent des dirigeants qui, eux, ne manquent de rien. C’est dire que les sanctions occidentales, ajoutées à la condition quasi ascétique d’une des populations déjà parmi les plus pauvres de la planète, n’ont eu d’autres effets que de laisser cette dernière exsangue. Or donc ici non plus pas de soulèvement populaire, aucune velléité de révolution, "le printemps asiatique" risque de se faire attendre. Si jamais il devait survenir.
Mais le plus curieux dans tout ceci en est que Séoul, la voisine du Sud, n’a pas déjà été rayée de la carte par les ogives nucléaires de Pyongyang…
Quant à l’Iran, ce pays finira par se doter de cette arme que les Occidentaux redoutent pour la survie d’Israël. Ce n’est qu’une question de temps, nul n’en doute réellement.
Mais peut-être qu’alors le régime des mollahs s’apaisera devant la responsabilité humanitaire que procure la détention de l’arme nucléaire. Il ne faut surtout pas qu’il se souvienne qu’un autre pays usa jadis d’une arme semblable sur les populations civiles. Un précédent dévolu aux seuls États-Unis à Hiroshima et Nagasaki
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ