jeudi, novembre 24, 2011

RDC: LA PENSEE MAGIQUE

by FoQus Media on Wednesday, November 23, 2011 at 4:10am
Le parcours d’Étienne Tshisekedi est jalonné de maladresses. Mais sa dernière sortie, à n’en pas douter, fera date. Car le leader de l’UDPS vient de se farcir d’un à propos que n’a pu inspirer, manifestement, l’intelligence. Moins encore la sagesse qu’on est en droit d’attendre de son grand âge. Pour justifier cet inconsidéré appel à la violence, et pour bien montrer qu’il a d’ores et déjà le droit d’ordonner, l’homme s’est tout simplement autoproclamé président !
« Le peuple m’a choisi », a-t-il affirmé sans ambages. Tout en omettant de préciser le processus électif par lequel ce choix a été opéré. Alors même que le scrutin prévu pour ce faire n’a pas encore eu lieu ! On peut s’étonner de répertorier des intellectuels parmi ceux qui le suivent si aveuglement dans cette rhétorique de l’absurde! Il faut croire qu’ils sont pour la plupart obnubilés par une passion dévote envers Étienne Tshisekedi. Ils "croient" en lui de tout leur cœur, en une ferveur qui oblitère le jugement logique. Par contre les motivations des autres ne répondent qu’à de préoccupations plus terre à terre : le pouvoir, et l’élévation sociale qu’il apporte. Viennent ensuite les masses populaires manipulées et enrégimentées. Ce sont ces dernières, "de la chair à cannons", qui reçoivent l’ordre venu d’en haut de se lancer à l’assaut des prisons afin d’y libérer les membres du parti incarcérés. Au péril de leur insignifiante vie. Des actes illégaux et susceptibles d’offenser l’ordre public. Des actes qui ne manqueront pas de braquer le pouvoir en place. Ce dernier s’obligera à sévir par une répression dont il faut craindre les conséquences nécessairement funestes.
À cette veille des élections, le climat en RDC est à la violence latente, la tension y est palpable. C’est dire que le pays constitue à ce moment une véritable poudrière. Et qu’il suffit d’une étincelle…
Par son attitude belliqueuse E. Tshisekedi menace d’y allumer la mèche, puisqu’il tient entre ses mains des allumettes prêtes à servir. Ses allumettes : les millions des Congolais qui courent à l’abattoir tel un troupeau sacrificiel. Sinon que des kamikazes écervelés qui perdront leur vie au change.
Du leader de l’UDPS on sait qu’il s’est toujours présenté en légaliste pointilleux.
Au point d’avoir, à maintes reprises, dédaigné le pouvoir. Soucieux de ne jamais être associé à un usurpateur. Que ledit pouvoir fût soustrait des mains d’un dictateur n’y avait jamais rien changé. Or donc aujourd’hui l’homme est presque octogénaire. On comprend mal qu’il ait décidé de déroger à une profession de foi de près de trente ans sur un coup de tête.
Surtout lorsqu’on sait que l’esprit du vieil opposant n’est guère exercé à la complexité. Et qu’à son crédit il faut ajouter qu’il n’est pas capable de verser au machiavélisme. Il n’a tout simplement pas été doté de cette faculté retorse si utile aux hommes politiques.
S’il ne tenait qu’à lui, Tshisekedi se satisferait bien d’être le proverbial et "historique" opposant, patriarche d’une tribu des irréductibles. Mais il ne tient pas qu’à lui, hélas. Il est entouré de loups affamés, les caciques du parti, qui croient leur heure enfin venue de se partager le gâteau. Ils ne lâcheront pas prise, quitte à entrainer le "Sphinx de Limété" dans une dangereuse dérive de violence. En lui faisant croire qu’il est « le phénix du haut de ces bois », choisit par un peuple tout à la dévotion de son auguste personne. C’est cela le sort de tous ceux qui vivent dans leur tour d’ivoire. Coupés de la réalité…

La pensée unique
Selon E. Tshisekedi lui-même son actuel discours, pour incendiaire qu’il soit, comporte des vertus thérapeutiques certaines. Puisqu’il concourt « à briser la peur des Congolais » vis-à-vis du pouvoir de Kinshasa !
Raison pourquoi les escadrons de l’UDPS sont convoqués. Ils ont pour mandat de substituer une peur par une autre. La peur d’un régime par un régime de peur. Dans le but manifeste d’instaurer une pensée unique à laquelle beaucoup de Congolais n’ont sacrifié que pour faire comme les autres. Ou par peur. Puisque les adeptes à la nouvelle "religion tshikediste" s’attaquent, parfois physiquement, à quiconque est contre leur gourou.
Et c’est dans la diaspora européenne que ces exactions ont le plus souvent libre cours : la police de ces pays est généralement peu regardante sur les altercations opposant entre eux les immigrants. Il en va autrement de l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) où une menace, même seulement verbale, constitue un crime appelant une sévère sentence. C’est dire que le laxisme des autorités européennes sur de tels cas autorise et encourage une "terreur de ghetto".
Laissant toute la place à ces révolutionnaires du dimanche hardiment baptisés "combattants".
Au vrai des décalques de Don Quichotte agissant sans le support d’une idéologie construite.
Ces croisés de la démesure n’obéissent qu’au seul leitmotiv, véritable slogan du pire : "Tshisekedi ou le chaos" !
Sans le dire- mais il vient de le faire- le leader de l’UDPS laisse lui-même entendre que c’est là la seule option possible. Or donc avant lui Mobutu épouvanta le peuple par un discours similaire.
Les vieilles habitudes resurgissent opportunément. Chassez le naturel il revient au galop !

Le scénario du pire
L’Histoire n’éduque pas. Autrement tous les Congolais seraient instruits sur l’Allemagne nazie, et de l’ascension d’un certain Adolphe Hitler. Ils sauraient que ce triste personnage, dont l’humeur façonna "l’architecture politique" du monde tel qu’il est aujourd’hui, fut démocratiquement élu ! Et qu’il usa, pour parvenir à ses fins, d’un stratagème dont d’aucuns aujourd’hui semblent s’inspirer. Auparavant le « Führer » lança ses " Jeunesses hitlériennes (Hitlerjugend) ", escadrons de la terreur, sur les représentants des lands seuls habilités à élire le chef du gouvernement.
Ces derniers furent si terrorisés qu’ils cédèrent le Parlement, le Reichstag, à un dictateur mégalomane qui changea tragiquement le cours de l’Histoire. Pour le pire.

La méthode est éprouvée. Elle semble aujourd’hui faire école en RDC.
Il y a plusieurs façons d’entrer dans l’Histoire. Adolphe Hitler l’illustre bien. Mais d’être seulement soupçonné de servir sous une bannière aussi peu recommandable, même sans l’avoir voulu, appelle le même opprobre dont s’est à jamais couvert le Führer !
Au soir d’une vie remplie, plutôt mal que bien, Étienne Tshisekedi s’avance encore plus dans l’offense au peuple congolais. Puisqu’il prétend lui imposer le seul choix de sa personne. Grisé par une popularité dont il n’avait jamais, autant qu’aujourd’hui, mesuré l’ampleur, l’homme a tôt fait de sauter aux conclusions. Il est convaincu, après une lecture partielle des données, avoir reçu le plébiscite des tous les Congolais. Sinon que "l’onction" populaire. Et que les autres candidats ne seraient là que pour faire de la figuration au profit du primat du candidat de l’UDPS. Mais alors pourquoi s’agite-t-il tant puisque l’affaire, à l’entendre, est d’ores et déjà conclue ?
Pourquoi récuse-t-il d’avance un processus électoral auquel au demeurant il a adhéré ? Connaissant l’homme on se serait attendu qu’il posât, au préalable, des conditions à sa participation à l’élection présidentielle. Ou qu’il la boycottât comme en 2006. Au lieu de quoi il y a souscrit, lui offrant du coup cette légitimité qu’il remet en question à l’approche du scrutin.
Il agit comme celui qui a peur de tout. Ou de rien.
Son entourage a dû le convaincre qu’il incarnait un destin messianique. Et qu’il lui suffisait seulement de vouloir pour avoir le pouvoir. Pensée magique s’il en est.
Mais tout cela a du se faire sans trop de difficultés : l’homme est depuis longtemps pénétré de toute sorte de lubies, entre autres de ce sentiment mégalomane qui le rattache au statut de "sauveur du peuple congolais".
Tshisekedi se fait une lecture si biaisée de la réalité qu’il en parait ridicule.
Mais il ne faut point blâmer le vieil homme. On lit pour lui puisque sa vue baisse. Ils lisent pour lui, ceux qui le poussent dans le dos au point de décrédibiliser sa stature.
Or donc le vieux leader de l’opposition, pressé par l’âge et la maladie, devra bientôt tirer sans révérence. Non sans avoir, avant, dressé la table pour ces héritiers qui veulent précipiter sa fin.
Dans le déshonneur.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ