dimanche, novembre 13, 2011

LES PETITS PAS DES PALESTINIENS

By FoQus Media on Sunday, November 13, 2011 at 4:19am.
Plus d’un demi-siècle jalonné d’une violence inextinguible, fidèlement partagée avec Israël, a laissé le peuple palestinien exsangue. Lasse, ou peut-être inspirée, l’Autorité palestinienne a brusquement décidé de changer son fusil d’épaule. Non pas qu’elle délaisse "la résistance", loin s’en faudrait. C’est seulement que dans sa nouvelle stratégie pour un État palestinien la diplomatie l’emporte désormais sur la lutte armée. Qui l’eût cru ?
Mais il ne s’agit pas ici de la traditionnelle diplomatie ourdie par l’Occident : à double vitesses et riche en promesses jamais tenues. Les Palestiniens inaugurent leur propre diplomatie. Agressive et non violente, celle-ci contourne les schémas habituels de résolution du sanglant conflit qui les oppose à Tel-Aviv. Car Mahmoud Abbas a compris, même si sur le tard, que l’on est mieux servi que par soi-même. Qui pourrait réellement l’en blâmer ?
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

À la notable exception d’Itzhak Rabin- raison pourquoi il mourut assassiné- aucun homme politique israélien n’a jamais désiré faire la paix avec les Palestiniens ! Il faut reconnaitre à Ariel Sharon, qu’après avoir fait tant de mal aux Palestiniens, il décida de proposer à une "paix des braves" d’avec "ses frères ennemis". En acceptant des concessions aussi douloureuses qu’historiques. Avant que la maladie ne plongeât celui qui fut l’instigateur du premier Intifada dans un coma dont il n’est jamais sorti. Une funeste fatalité semble frapper quiconque s’essaie à une véritable paix au Moyen-Orient. Il ne fait aucun doute que si Rabin et Sharon n’y avaient succombé, le visage politique de cette région serait moins troublé qu’il ne l’ait actuellement. Et par ricochet, le monde entier. Parce qu’une indéniable causalité (une relation de cause à effets) lie l’accroissement du terrorisme international à l’occupation des territoires palestiniens par l’État hébreu. Et aussi surtout pour le traitement partiel de la communauté internationale- en premier lieu les États-Unis- sur ce conflit. Raison pourquoi les dirigeants politiques israéliens, forts du soutien inconditionnel de l’Occident, ne trouvent guère l’intérêt de céder ne fut-ce que d’un pouce aux prétentions territoriales des Palestiniens. Sommets, rencontres, accords, feuille de route, quartet…tout cela n’est qu’atermoiement qui cache mal une ferme volonté de ne jamais voir s’ériger un État palestinien à côté de l’État hébreu. D’ailleurs depuis la constitution d’Israël sa population n’a jamais vécu en paix. Parce qu’aucun homme politique de ce pays n’a su offrir aux Juifs cette paix sacrée à laquelle ils aspirèrent après la Shoa ! Et qu’ils vinrent chercher sur la terre de leurs ancêtres. Cette paix que chaque parti politique promet pourtant au peuple à l’approche des élections législatives. Au lieu de quoi c’est la douleur qui prévaut dans cette partie du monde.

Quand bien même la peine et la détresse ne sont pas distribuées de façon proportionnée au regard des forces en présence, il demeure qu’elles existent d’un côté comme de l’autre du mur de séparation. Peine et détresse qui surplombent ce faux rempart, ce "mur de l’apartheid", puisque les obus des Brigades Ezzedine al-Qassam, le bras armé du Hamas, atteignent régulièrement Israël !
Or donc une victoire totale de l’État hébreux sur "ses" territoires occupés doit nécessairement passer par l’éradication de toutes les populations vivant à Gaza et en Cisjordanie. Condition sine qua none pour réduire la résistance ; et pour instaurer une paix durable pour les Israéliens.
Mais puisque la chose parait impensable, force est de constater que les politiques israéliens vendent du rêve à leur population. Et que dans ces conditions les promesses des frontières sures qu’ils font à leurs électeurs ne sont que chimères. La chose n’est pas vraie aujourd’hui, elle ne le sera pas non plus demain. Pour dire qu’elle ne risque guère de survenir un jour.
Tout le monde le sait, des États-Unis jusqu’à "l’Europe des culpabilités". Même les Juifs modérés le savent puisqu’ils de plus en plus nombreux à le reconnaitre.
Et pourtant en Israël beaucoup croient encore à cette mystification pour confier ce fallacieux mandat à des gouvernements populistes et démagogues qui savent leur vendre un projet irréalisable.
Ces diseurs de bonne aventure prêchent d’ordinaire pour leur paroisse, assurés que la paix et la sécurité constituent les fondamentaux d’une population historiquement traumatisée.
Au vrai les dirigeants politiques israéliens ont su instrumentaliser cette peur au profit d’un vulgaire calcul politique. Aussi, et de beaucoup, par manque de courage politique. Ou simplement à cause d’un enracinement trop marqué dans l’idéologie sioniste d’expansion territoriale. Car l’idéal du "Grand Israël" demeure un objectif à atteindre pour la majorité des Israéliens. Une utopie qui procure du grain à moudre à des leaders politiques madrés et dont l’ambition incline à abuser le populo. Sans scrupules.

Ailleurs dans le monde les campagnes législatives sont l’occasion d’une surenchère sur les domaines vitaux que sont la santé, l’éducation, l’emploi etc. En Israël la faveur des électeurs est d’ordinaire accordée au parti qui promet la sécurité. Même si seulement cela. Une sécurité qui se veut sans concession. Et sans considération pour celle des Palestiniens. Raison pourquoi c’est le discours le plus virulent en l’endroit de ces derniers qui souvent fait la différence entre les candidats à la députation. Les Israéliens n’aiment envoyer à la Knesset que ceux qui ne font pas dans la dentelle sur le sujet. Et c’est toujours le moment qu’attendent les petits partis de la droite ultraconservatrice pour exister. Faiseurs des rois, ces micro-partis religieux revêtent un poids démesuré au regard de leur représentation nationale. Or donc en Israël il est rare qu’une des deux grandes formations politiques atteigne seule à la majorité au Parlement. Et comme l’une (les conservateurs dits "faucons") et l’autre(les travaillistes, "les colombes") répugnent à frayer ensemble, la table est presque toujours mise pour que les petits partis négocient leur place au festin. Ou plutôt à la curée. Puisque le gouvernement élu, pour tenir ses promesses électorales, resserre généralement les conditions de vie des Palestiniens. Par blocus, raids, et colonisation sauvage interposés.

Les Palestiniens constituent donc l’enjeu majeur de la politique interne de l’État hébreu. Mais pas seulement. Toute la diplomatie internationale de Tel-Aviv est basée sur cette question existentielle : le droit des Palestiniens d’être ou ne pas être un État aux confins d’Israël ?
En dépit du bon sens, et des discours factices, l’Israélien moyen est foncièrement opposé à la promiscuité palestinienne. Leurs hommes politiques le savent bien. Puisqu’ils vivent de cette répulsion du Palestinien, terroriste devant Allah ! Face à des dispositions si belliqueuses, la conclusion s’impose d’elle-même : la paix ne viendra jamais d’Israël ! L’État hébreu n’en a aucun intérêt.

Pas à pas vers le pays
L’érection d’un État palestinien est souhaitée par la quasi-totalité de la communauté internationale. Même par les États-Unis. Malgré les tergiversations- mais surtout la partialité- qui caractérisent l’implication de Washington dans ce dossier. Or donc la résolution du conflit israélo-palestinien repose presque essentiellement sur la volonté américaine d’y parvenir. Hormis l’influence avérée des groupes de pression tels l’occulte "lobby juif", c’est à l’intérieur même de l’administration américaine que les positions sont divergentes, voire antagonistes, au point d’entraver toute avancée significative sur le terrain des hostilités. Dans l’administration Obama par exemple, le président est résolument pour l’État palestinien. Cependant que la secrétaire d’état Hillary Clinton y est réfractaire. Ambiance…

Quant aux Européens, la chose est entendue. Les opinions publiques de ces pays contraignent presque leurs gouvernants à supporter le plus faible d’entre les deux parties du conflit israélo-palestinien. C’est une tradition historique dans le vieux continent. D’où le sentiment anti-juif que l’État hébreu décèle dans ce qui n’est que compassion pour les opprimés. Sur ce point l’Europe des droits de l’homme ne se dément pas. Sauf l’Allemagne qui souffle le chaud et le froid- et l’on peut aisément comprendre pourquoi- s’alignant tantôt sur la position européenne, pour ensuite rejoindre les valses hésitations des États-Unis. Or donc tout bien pesé, même si d’analyser des sentiments ne peut confiner qu’au jugement de valeur, l’érection d’un État palestinien dans un avenir proche n’est qu’un leurre. Il a duré, il le pourrait encore longtemps certes, mais il demeure une simple vue de l’esprit, tout mirifique qu’il soit. Ainsi que le sont d’ailleurs souvent les mirages.

En Occident tous évoquent et disent souhaiter un État palestinien, nul ne semble réellement décidé à le faire advenir. Sauf les principaux concernés : les Palestiniens !
Et c’est bien ce qu’ils ont résolu de faire. Mais en prenant soin de ne plus saisir le taureau par les cornes comme auparavant. Ils semblent avoir appris la leçon après plus d’un demi-siècle de bonnes intentions affichées par la communauté internationale ! Des vœux pieux, alors que leurs revendications territoriales demeuraient résolument lettre morte.
Les Palestiniens ont opté pour le même modus opérandi que les Israéliens : le fait accompli.

Or donc pour l’État hébreu la stratégie a toujours consisté à occuper, en grignotant au fur et à mesure, plus de terrains des territoires palestiniens. Dans le but avoué d’imposer un statu quo devant nécessairement être pris en compte lors des négociations de paix. Les "sauvages" colonies de peuplement, répétées à l’envi, suffisent à ce dessein.
Mais les Palestiniens, eux, exportent désormais leur combat sur le plan international. Et nul ne les attendait sur ce terrain-là, alors que Palestinien rime d’ordinaire avec terrorisme.
On ne peut plus prévisibles les Palestiniens ? Personne ne le dira plus. Surtout pas l’État d’Israël qui tente vaille que vaille de s’adapter à un scénario auquel il n’est guère habitué. Tel-Aviv est préparée à la guerre et non pas la paix. Tout ce qui se fait sans violence déroute les Israéliens.
Raison pourquoi ils répondent, face à l’inconnu, par le seul langage qu’ils connaissent : la violence. Des raids aériens, des frappes "ciblées" ; et une colonisation accrue.
En guise des représailles contre l’inconnu !

Tout ceci parce que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a décidé de prendre d’assaut l’ONU et ses organes spécialisés. Rien de moins.
Il embarrasse fortement les États-Unis en sollicitant l’adhésion de la Palestine aux Nations unies, conscient que Washington n’a d’autre choix que d’y opposer son véto. En cause une occulte fidélité à Israël. Une ingrate loyauté qui en l’occurrence comporte quelques conséquences néfastes pour les États-Unis. Washington doit assumer le fait que de son véto en faveur d’Israël devrait nécessairement s’ensuivre, dans le monde arabe, au mieux une image désastreuse pour l’administration Obama, pis, une envolée de violence dans les territoires occupés.
La violence : un exutoire qu’Israël semble rechercher comme une thérapie collective. On le voit d’ailleurs actuellement après que l’UNESCO, ait admise la Palestine comme le 195e membre à part entière de cet organisme onusien. Or donc ici point de conseil de sécurité pour présider au sort de l’humanité ; et point de véto américain !

Qu’importe, les États-Unis semblent avoir prévu le coup : ils évoquent, pour suspendre leur contribution financière à cette agence renégate- près du quart du budget de l’UNESCO provient de Washington- une loi de 1990. Celle-ci prévoit exactement le gel des versements américains au fond de toute agence de l’ONU qui accepterait la Palestine en son sein en dehors des accords de paix avec Israël ! Une disposition si adaptée à la situation qu’elle ne manque pas, mais avec raison, de prêter à suspicion. En des termes moins diplomatiques, et selon l’entendement des Américains, l’État hébreu dispose du droit de déterminer à sa guise du destin des Palestiniens !
Dans ce nouveau millénaire aucun peuple ne dispose d’un tel pouvoir sur un autre.
Or donc ni la puissance financière, ni les armes ne peuvent entraver la marche de l’Histoire.
Les Américains ont le Vietnam et aujourd’hui l’Afghanistan pour le savoir. Quant aux Israéliens, qui veulent l’oublier, c’est par des pas parfois sanglants qu’ils gagnèrent un État.
Les Palestiniens ont simplement décidé de changer leur façon de faire. Pour aboutir aux mêmes résultats : un pays !
EMERY UHINDU-GINGALA GNGANJ