jeudi, octobre 20, 2011

QUI VA LA?

By FoQus Media on Thursday, October 20, 2011 at 6:39am.
Un peu partout en Afrique les dictateurs…les présidents, remettent leur mandat en jeu. Sauf pour de rares exceptions, aucun parmi ces dirigeants sortants n’a réellement l’intention de laisser la population décider du choix de celui qui portera sa destinée.
Pour beaucoup les élections ne sont qu’une formalité où l’on sacrifie à ce en quoi on ne croit pas : la démocratie. Ils y vont pour se faire plébisciter ; à tout le moins pour valider le fait qu’ils se sont déjà choisis eux-mêmes. Puisque le peuple, par définition, ne s’y entend pas en "choix éclairé". Alors des "dictatures éclairées" se chargent d’éclairer la lanterne de la masse ignorante. Tous les présidents sortants, ou presque, seront réélus.
Le mode de scrutin unique, dernier avatar sur le continent, s’y prête. Et l’on ne saurait les blâmer d’en user ainsi que d’un paravent contre les intrusions intempestives de l’Occident dans les affaires des pays souverains d’Afrique. Posés en juges suprêmes les Occidentaux "nomment" désormais les hommes qui devront présider aux destinées des peuples africains. Certains de ces hommes, pourvu que l’Occident leur prête vie, pourront même cumuler des mandats sans discontinuer comme les autorisent désormais des constitutions fabriquées sur mesure. Statu quo ou alternance, tout est décidé dans les chancelleries occidentales. Et exécuté s’il le faut par la force des armes, par-dessus les têtes des populations, en de raids aériens qui savent faire la différence entre un coupable et un innocent. Toutes choses qui bouleversent le contexte politique africain plus en mal qu’en bien. Les hommes au pouvoir se soucient plus de ne point déplaire à l’Occident qu’à œuvrer pour le bien des leurs populations.
Or donc il y a seulement peu les choses étaient différentes : des présidents sortants, bénis des dieux occidentaux, rentraient vite en "remportant" les élections par des scores qui appelleraient au scandale à Paris et Washington.

Il en est ainsi du général Paul Kagamé qui a été "élu" au Rwanda par 93% des voix ! Sans qu’à Paris ou Washington nul n’en n’ait mentionné la bizarrerie. Pour ne pas atteindre à la souveraineté nationale du Rwanda sans doute. Non-ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain…Bizarre.
Même si de nombreux Hutu se sont exilés du Rwanda pour se soustraire à l’oppression, il en reste assez pour constituer la majorité de la population. Au Rwanda, environ huit personnes sur dix appartiennent à l’ethnie hutu. Et à moins que tous les Hutu ne se soient subitement sentis épris d’amour pour le pouvoir tutsi, on voit mal comment Kagame aurait pu emporter leur adhésion. Surtout quand on sait la haine irascible que les deux ethnies se vouent depuis toujours. Au point de se la témoigner dans des massacres alternés.
Pis, Kagame, dont on sait maintenant qu’il sait aussi l’arithmétique, outre l’art de la guerre, a résolu de soustraire Victoire Ingabire la candidate hutu à l’élection présidentielle de 2010. Autrement c’est cette dame, par la force du nombre, qui dirigerait le Rwanda aujourd’hui. Embastillée sous de fallacieuses accusations de "déni de génocide", Victoire Ingabire paie pour un double délit dans l’esprit psychotique de Kagame : l’opposante hutu a manqué de faire perdre la face à celui que "tous les Rwandais aiment". Tutsi comme Hutu. Ensuite elle a péché pour s’être montrée décomplexée vis-à-vis d’un génocide dont elle ne fut pour rien. Mais pour cet Ubu-roi qu’est Paul Kagame, de tricher comme ses pairs n’aurait pas suffi. On ne déclenche pas un génocide pour s’en faire voler la vedette après. Surtout lorsqu’on passe aux yeux de l’opinion internationale pour le héros, le sauveur de son peuple. C’est à cette symbolique qu’a atteint la candidature de l’opposante hutu. Il n’était pire injure dans l’esprit schizo-mégalomane de Kagame. Impardonnable...

Pendant ce temps l’Occident, féru de démocratie et des droits de l’homme, se bouche les oreilles pour ne pas entendre les cris de "la suppliciée de Kigali". Les bien-pensants de Paris et Washington détournent pudiquement le regard pour ne pas voir ce qui se passe au Rwanda. Car leurs yeux humanistes ne peuvent pas violer les sévices qui se commettent à l’intérieur de ces frontières souveraines.
Rien qui vaille pour aider la cause de Victoire Ingabire.

Quo vadis ?
Mais qui va là ? Qui voit-on à Paris reçu avec tous les honneurs comme Kadhafi il y a seulement peu? Paul Kagame. Alors même qu’en l’endroit de ce dernier pèsent de sérieux soupçons sur l’assassinat du président hutu Juvénal Habyarimana. Pis, des informations dignes de foi, puisqu’elles proviennent des Tutsi "repentis", indiquent que Kagame sacrifia les siens à l’autel de ses ambitions démesurées. En déclenchant lui-même un génocide qu’il savait inévitable après le meurtre du président hutu. Mais à Paris c’est cet homme qui s’en va, endimanché comme pour des noces, "au diner des compromissions". On le voit ensuite prenant bain de foule au milieu de "l’internationale tutsi", tel une star de rock. En France. Or donc dans aucun autre pays occidental cet ancien seigneur de guerre sanguinaire ne peut aujourd’hui se pavaner avec une telle désinvolture. Tant sa compagnie suscite désormais la gêne. C’est à se demander ce que le président français peut bien gagner à s’afficher dans l’indélicate proximité de ce despote. Mais Nicolas Sarkozy, on le sait, n’a pas d’état d’âme. D’ailleurs les âmes ce n’est pas son rayon.
Il n’est pas prêtre. Il est chef d’État. Il désavouera Kagame aussitôt que la conjoncture le permettra. Il en a l’habitude. Gbagbo, Moubarak et Ben-Ali sont là pour l’attester. Sarkozy, opportuniste et roublard, ressemble par certains côtés à ses "dictateurs" qu’il aime un jour et déteste le lendemain. Ceux qui se ressemblent s’assemblent, pose le dicton. Sauf que lui sait quitter ses assemblées de la trahison avant que la maison ne brûle. Et ses nombreux retournements de loyauté ne profitent qu’à lui seul. Paul Kagame gagnerait à le savoir. Surtout que dans l’entourage immédiat du président français tous n’approuvent pas ce compagnonnage d’avec celui que beaucoup considèrent comme un ennemi de la France. C’est le cas au Quai d’Orsay. Pour le ministre des affaires étrangères Alain Juppé- mais c’est aussi l’avis des hauts gradés de l’armée- le Rwanda exerce un chantage éhonté sur la France. En accusant sans ambages Paris de "participation directe" au génocide de 1994. À Paris dans les officines du pouvoir on argue que c’est là une stratégie du pouvoir tutsi pour répondre aux enquêtes du Parlement français, mais également de la justice française, incriminant directement le président rwandais dans l’attentat contre l’avion du président hutu Juvénal Habyarimana. Frustration et indignation participent de la conviction que Kagame récolte aujourd’hui "les dividendes" de son crime. Personne dans l’Hexagone ne s’y trompe.

Il n’y a que Sarkozy pour essayer de tromper. Mais pour quel gain ? Pourquoi Nicolas Sarkozy baisse-t-il ainsi l’échine devant ce petit pays qu’est le Rwanda ? Et surtout devant le despote qui y sévit. Paul Kagame est à ce point frappé par la folie de grandeur qu’il s’est comporté, en France, comme en terrain conquis. Distribuant les blâmes à l’envi et au mépris de la réserve protocolaire, le quidam a simplement méprisé la France.
Toute l’Afrique aurait applaudi à cette attitude si l’homme n’y était pas autant détesté.
Il faut gager que Sarkozy, dans le cas où il serait réélu, n’invitera jamais plus le général Kagame à fouler les parvis du palais de l’Élysée. Et qu’à ses dépens il a appris à ne plus prendre parti pour ce tyran. Ainsi qu’il l’a fait inconsidérément, au risque même d’empiéter sur la justice de son pays. Lui qui pourtant défend mordicus la séparation des instances politique et judiciaire.
Jusqu’alors la "FrançAfrique"- avant que de devenir président le candidat Sarkozy fustigea ingénument ce réseau occulte- ne s’est jamais faite au dépend de la France.
En dérogeant à cette règle face au Rwanda le président français a commis, dans l’esprit de l’intelligentsia de son pays, une faute grave. Puisqu’il a inversé le rapport des forces alors que rien ne l’y obligeait. Car au vrai le Rwanda ne représente aucun intérêt stratégique pour la France. À moins que pour Sarkozy cet intérêt ne soit moral, donc occulte. Serait-ce lié à cette culpabilité qu’il faut nécessairement éprouver, en Occident, lors il s’agit de génocide ?
Or donc en ce qui concerne Nicolas Sarkozy, lequel on le sait n’entretient guère des états d’âme, même cela peut participer du calcul politique.

La prime au génocide
On assiste aujourd’hui en Israël à ce qui était tout simplement impensable il y a seulement une décennie : de plus en plus de personnalités publiques confessent ouvertement que leurs dirigeants politiques instrumentalisent la Shoa (le génocide du peuple juif) dans le but d’en tirer de substantiels bénéfices sur le plan international. Notamment une totale absolution sur les crimes que l’État hébreu perpètre dans les territoires occupés de la Palestine.
C’est ce même schème de pensée, et le même modus operandi, qui structurent toutes les actions de Paul Kagame. À savoir, attirer à soi la compassion et la culpabilité de la communauté internationale afin de commettre d’horribles exactions au Congo voisin. Dans une indécente impunité. Et l’homme s’en sortait plutôt bien jusqu’ici, ses escadrons de la mort semant la désolation en RDC, tuant, violant et pillant les ressources minières de ce pays. Dans l’indifférence des pays occidentaux pourtant apôtres des droits humains. Même après quatre millions de morts la communauté des humains ne trouvait pas encore de motif de s’émouvoir outre mesure. Les choses en seraient probablement encore là si les Congolais n’avaient décidé, sur le tard il est vrai, de dénoncer l’infamie sur toutes les tribunes. Pour une fois la diaspora congolaise, débarrassée de ses lubies de "révolutionnaires du dimanche", aura été utile à son pays. Il faut dire qu’aucun drame n’aura tant endeuillé la population de la RDC. À la violence des expéditions tutsi sur le territoire du Congo s’ajoutent l’horreur la plus abjecte et le sordide. Car après s’être repus du viol des femmes et des enfants- souvent devant les yeux du père que l’on égorgera peu après- les hommes du général Kagame ne trouvent à s’apaiser qu’en mutilant les appareils génitaux de leurs victimes… Dans un rite inusité et barbare, ces tortionnaires d’un autre âge (les victimes d’hier devenus les bourreaux d’aujourd’hui) prennent un morbide plaisir à y introduire des objets contondants, en réalité tout ce qui leur tombe sous la main ! Faisant ainsi même douter de leur appartenance à l’espèce humaine.
Le choc est si grand, qu’en RDC, tout ce qui s’apparente de près ou de loin au tutsi est honni. Au risque parfois des tragiques amalgames nourris par une haine qui n’est pas près de s’éteindre. Car la cruauté et la malfaisance engendrent la radicalisation. Souvent.

Raison pourquoi les Congolais de l’étranger, manifestant sans discontinuer dans leurs pays d’accueil respectifs, en sont parvenus à attirer l’attention de la communauté internationale. Parce qu’ils dérangeaient. Autrement les dénonciations répétées du Congo sur ces massacres opportunément imputées aux "rebelles congolais", n’auraient abouties à rien. Nul en Occident, pas même le régime tutsi, n’avait vu venir cette contre-offensive d’un peuple pourtant poussé dans ses derniers retranchements. Il faut dire que le Congolais est réputé veule et lubrique. Une classification qui arrangeait tout le monde. Aujourd’hui il est devenu impossible aux Occidentaux de détourner pudiquement leur regard sur les atrocités commises par les Tutsi du Rwanda sur le peuple congolais.
Même si cette subite attention, obtenue de peine et de misère, n’est pas motivée par la compassion, loin s’en faut. Seul un reste de décence, voire seulement de l’humanité a minima, appelle la condamnation de ceci qui devrait répugner à l’humain. Depuis, et hormis en France, Kagame n’est plus en odeur de sainteté nulle part dans le monde.
Bien plus que les Congolais, il a fallu, pour démasquer Kagame, que plusieurs des ses compagnons de lutte de la première heure éventent le machiavélisme de ce sanguin psychotique qu’ils redoutaient plus qu’ils ne respectaient. Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent

Juifs d’Afrique
Il n’est pas rare d’entendre des Tutsi se réclamer du peuple hébreu. Or donc les Juifs eux-mêmes n’accordent qu’aux Falashas de revendiquer cette lointaine parenté. Mais les Tutsi posent, pour justifier cette filiation que l’Histoire aurait oubliée, une communauté de destin encrée dans le drame. Il n’y a qu'à voir : avec les Juifs, les Tutsi partagent le génocide ! Qui l’eut cru ? Comme s’ils étaient les seuls dans ce cas.
Savent-ils seulement que c’est du bout des lèvres que les États-Unis consentirent à reconnaitre, à l’ONU, que le massacre des Tutsi constituait bel et bien un génocide ? Au moment même où celui-ci était perpétré. Et cela pour garder l’exclusivité du terme génocide au seul peuple juif justement. Les Arméniens en savent quelque chose eux dont le génocide de 1915, donc antérieur à celui des Juifs puisqu’il fut le premier du XXème siècle, ne fut reconnu publiquement que par la France en 2001 ! Et le fait que la Commission des droits de l’homme de l’ONU approuva dès 1985 le génocide arménien demeurera mitigé tant que les États-Unis seront frileux sur sa reconnaissance pleine et entière. Car c’est seulement dans la présente administration (Obama) que la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants a adopté une résolution qui qualifie de "génocide arménien" les massacres commis entre 1915 et 1923. Par 23 voix contre 22 ! Une victoire gagnée sur le fil du rasoir. La secrétaire d’État Hillary Clinton fit des pieds et des mains pour que le vote échouât.
Ceci pour dire que dans le souci de ne pas banaliser cette "précieuse catégorie", les États-Unis sont réfractaires à reconnaitre à tout autre peuple que les Juifs d’avoir été victimes de génocide. Car manifestement à ce tragique statut se rattache une prime: ceux qui en sont reconnus les victimes bénéficient, outre d’une compassion universelle, du droit de faire à peu près ce qu’ils veulent. Dans une quasi-totale impunité. Bien plus, leurs actions n’appellent d’ordinaire aucune condamnation. C’est cela la prime au génocide, un chèque en blanc signé par toute la communauté internationale et sur lequel certains, Israéliens et Rwandais, ont inscrit un nombre incalculable de morts !

Mais Paul Kagame a le grand tort de prendre le Rwanda pour Israël. Pour seulement cela l’on serait en droit de douter de sa raison. Or donc l’État hébreu jouit d’un statut sans concurrence dans le monde pour un si petit pays. Et sauf à la suite d’un bouleversement que nul ne prévoit, aucun dirigeant d’Israël ne sera jamais traduit devant une cour internationale de justice pour y répondre des crimes commis sur les Palestiniens. Pas en tous les cas dans un avenir proche. Alors que lui, Paul Kagame, court le risque de plus en plus probant de finir devant la Cour pénale internationale (CPI). Si d’ici là un des siens, un Tutsi, ne décide de lui éviter un tel sort en l’assassinant…
Car une grogne sous-jacente se manifeste déjà autour du général-président. Sa cruauté légendaire et son mépris de la vie humaine font craindre le pire à ses affidés. Comparses ou missi dominici, qu’importe, tous réalisent que dans la proximité d’un tel personnage leur vie ne tient qu’à un fil. Ces dernières années les défections se sont multipliées dans l’entourage de Kagame. Et comme pour leur donner raison- le régime de Kigali a toujours qualifié d’affabulations les accusations de déni de droits de l’homme portées contre lui- des tueurs ont été lancés aux trousses de certains de ces renégats dans leur exil ! Preuve que la désinvolture affichée par le maitre de Kigali n’est que de façade.
Et qu’ils se soucient bien de ce que l’on pense de lui. Ce qui n’est pas le cas des dirigeants israéliens dont le sang des enfants palestiniens n’a jamais guère troublé le sommeil…
Mais peut-être qu’en voulant éliminer physiquement ses frères-ennemis Paul Kagame ne voulait-il simplement que faire un exemple pour les autres.
Une chose est vraie : à force de gager sa sécurité, et sa longévité au pouvoir, sur la prime au génocide il court à sa perte. Il n’est pas Juif. Ce n’est qu’un despote névrosé qui va là.
Mais encore, l’homme se prend pour un autre : à l’endroit des Tutsi du monde entier le général Kagame veut tenir la comparaison d’avec les plus grands libérateurs tels qu’on en voit qu’au cinéma. Sauf que lui officie dans un film d’horreur.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
Cet aticle est disponible sur AfriqueActu: http://www.afriqueactu.net/2011/10/20/qui-va-la-29672.html

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