dimanche, septembre 18, 2011

Y’A-T-IL UN CONGOLAIS DANS LA PLACE?

Diversion, provocations, désinformation, intoxication etc.
À l’approche des élections le bruit a gagné la place politico-publique en RDC. Une stridence qui a envahi toutes les sphères de la société à ce point qu’elle divise l’opposition à la majorité présidentielle (MP). Les uns et les autres s’occupent plus à interroger les identités qu’à proposer une vision et un projet de société susceptibles de susciter le choix des Congolais pour une alternance éclairée. Dans l’entretemps, et en l’état actuel des choses, tous les observateurs de la politique internationale s’accordent pour dire que le président sortant est assuré de rempiler pour un nouveau quinquennat. Sans même qu’il ait besoin de tricher.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

Vital Kamerhe. La nationalité du leader de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), transfuge de la majorité présidentielle, est opportunément remise en cause. Or donc l’homme a occupé les plus hautes charges du pays- avant sa défection Kamerhe présidait l’Assemblée nationale- sans que quiconque n’ait jamais eu à récuser sa légitimité. Ni même sa nationalité. Mais alors pourquoi seulement maintenant ?
Contrairement au droit du sang qui consacre l’appartenance par les origines, le droit du sol réfère à la naissance. Allant jusqu’au fait de trouver légitime quiconque réside simplement sur un territoire donné (1)… Vital Kamerhe est né sur le sol congolais, nul ne le conteste. On devrait à tout le moins lui faire grâce du droit du sol. Au lieu de quoi on lui fait le procès de son ascendance. Puisque quelqu’un, quelque part, s’est souvenu que les parents du leader de l’UNC seraient des Hutu venus du Rwanda voisin. Ces même Hutu qui sont les premières victimes du régime tutsi de Paul Kagamé. Bien avant les Congolais. Car les escadrons de la mort du général Kagamé sèment la désolation en RDC pour de motivations mercantiles et bassement mercenaires : le vol de richesses du pays. Point.
Cependant que les Tutsi nourrissent envers les Hutu une haine viscérale transmise de génération en génération. Une répulsion que n’entament ni le temps, ni la raison. Et que seule l’extermination d’une ethnie par l’autre réussirait à apaiser.
Si donc Vital Kamerhe est un Hutu il devrait, par la force des choses, être "l’allié naturel" des Congolais. En une sorte de solidarité dans le malheur. L’ennemi de mon ennemi est mon ami
En poussant ce raisonnement dans ses derniers retranchements, force est de conclure qu’au sein de l’opposition congolaise seul Etienne Tshisekedi porte en lui la pureté de la "congolité".
Il serait de ce fait une sorte d’aryen après la lettre ; d’autant qu’il est originaire d’une province, le Kasaï-Occidental, que n’insulte aucune bordure étrangère. Et que cette opportune situation géographique du lieu de naissance est susceptible de protéger quiconque y est issue d’une infamante mixité de genres. En d’autres termes : de s’éloigner des pays limitrophes garantit la nationalité…
Y’a-t-il dans l’opposition un autre Congolais que Tshisekedi ?

Déni de la réalité
À moins d’un revirement de dernière minute- mais nul ne l’espère plus lors même tous le souhaitent- l’opposition congolaise s’en va aux prochaines élections en ordre dispersé.
Et pourtant on y avait cru. Les Congolais avaient fini par se convaincre que cette-fois leurs leaders politiques s’accorderaient pour l’intérêt commun. Mais les ambitions personnelles sont passées par là. Rien ne va plus donc dans l’opposition. La main tendue de Vital Kamerhe aux leaders politiques de l’opposition (2)"pour une candidature unique et commune" est demeurée lettre morte. À tout le moins pour ce qui concerne le leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social(UDPS). L’homme a rejeté d’un méprisant revers de la main l’appel à la mobilisation des forces de l’opposition lancé par Kamerhe. Au motif que cette invitation ne posait pas en avant-propos le fait que la candidature unique de l’opposition devrait nécessairement être celle de Tshisekedi. Car hors le vieil opposant point de salut ! Comme si celui-ci avait été d’un apport décisif dans le sort des Congolais. Or donc rien dans la réalité actuelle des Congolais ne peut suggérer cette contre-vérité. Loin s’en faut.
Imbu de lui-même le leader de l’UDPS pense n’avoir besoin de personne pour l’emporter haut la main face à Joseph Kabila. Etienne Tshisekedi est manifestement aveuglé par la dévotion que lui vouent ses partisans. En plus d’être galvanisé pour avoir rempli à sa pleine capacité le plus grand stade de la capitale Kinshasa. Un exploit que réussissent régulièrement des artistes musiciens- et les grandes rencontres du football- sans que, pour autant, ceux-ci n’aient jamais prétendu à diriger le pays! À confondre popularité- qui aide assurément- et compétences, les leaders politiques congolais ont toujours excellés à démontrer l’une mais rarement l’autre. À dire le vrai, en RDC la popularité l’emporte aisément sur les compétences. Or donc il ne s’agit pas ici d’un concours des stars du rock, mais bien de l’élection d’un président. C’est-à-dire de la personnalité politique celui qui saura le mieux satisfaire aux aspirations de ses commettants. Voilà un espoir que tous les hommes politiques congolais ont déçu les uns après les autres. En cinquante ans d’indépendance. C’est peu dire que l’enjeu est de taille.
D’autant que le mode de scrutin est désormais à un seul tour…

Qui parle ?
Dans la tourmente et la détresse les Congolais s’accrochent au moindre message d’espérance.
On peut le comprendre aisément. Comme on comprend qu’un tel contexte puisse prédisposer la population à se délecter des chants des sirènes. Ainsi donc des aventuriers notoires profitent de la situation pour se poser en diseurs de bonne aventure. C’est le cas du leader de l’Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo(APARECO). Hier serviteur servile du dictateur Mobutu, le zèle meurtrier d’Honoré Ngbanda a endeuillé de nombreuses familles de l’ancien Zaïre, au point de se mériter le surnom de "Terminator". Depuis quelques années l’homme tente, tapi dans son exil doré de la Belgique, de se débarrasser de cette sinistre notoriété devenue par trop encombrante.
Et il y parvenu avec bonheur, puisqu’il est trop aisément devenu au fil des ans "La Voix". Occulte ainsi qu’à son habitude il distille, par un savant dosage de son cru, le fiel de ses informations à une population qui la boit comme du petit lait. Sa parole est désormais parole d’évangile. Il se revêt de la vertu comme d’une burqa afin de dissimuler les stigmates de la malignité sans doute inscrits dans son regard qui a vu tant d’horreur. Pour les avoir lui-même commandées !
Depuis, oubliées ses exactions d’antan, exit son ministère pour un service des plus macabres auprès du Maréchal-Ubu-roi. Étrangement les Congolais lui accordent aujourd’hui une totale absolution en lui donnant le bon Dieu sans confession. Lui qui n’a jamais confessé ni même reconnu ses crimes commis pour Mobutu. Mieux, aucune voix ne s’est jamais levée en RDC pour réclamer sa comparution devant la justice de son pays. Comme s’il n’avait jamais rien fait de mal…
Et c’est cet homme-là qui parle aujourd’hui. Pour pourfendre moins pire que lui. Car si aucun crime ne peut trouver à être justifié, c’est du moins chose courante que quelqu’un fasse du mal à un étranger. Mais personne ne s’attend pas à ce que son propre frère agisse de même. Or donc les Congolais, dans une bizarre inversion logique, préfèrent être occis par les leurs plutôt que de la main de celui qui n’en est pas !
Honoré Ngbanda a su saisir la nuance. Doté d’un esprit alerte et exercé à la manipulation, l’ancienne barbouze de Mobutu a tôt fait de retourner la situation à son avantage. Il en a l’habitude et l’expertise. Il ne sait faire que cela. Il n’a d’ailleurs eu qu’à faire cela pour gagner sa vie et une confortable rente qui lui permet aujourd’hui de parler de loin sans se soucier de ses lendemains.
Au vrai la voix d’Honoré Ngbanda n’est pas autorisée, de par le passif du quidam, à émettre un quelconque avis sur le Congo. En bien ou en mal. Tout le monde peut en dire ce qu’il veut. En bien ou en mal. Sauf lui. Ange déchu, jadis semeur de mort et de désolation, il n’a guère plus le crédit de ses dépositions à l’emporte-pièce. Il pourra toujours se gargariser d’avoir épinglé un gros gibier sur son tableau de chasse : Joseph Kabila. Puisqu’il faut tout de même reconnaitre que le travail de sape de Ngbanda aura contribué à déboulonné la stèle de contentement que veut s’ériger le président sortant de la RDC. Cependant que son bilan et la preuve de sa nationalité congolaise parlent contre lui.
Qu’importe : Honoré Ngbanda ne doit de répondre qu’à la justice de son pays, ou se taire à jamais.
Autrement il continuera à produire du bruit pour faire croire qu’il n’y a plus de Congolais dans l’espace politique du pays. Sauf Etienne Tshisekedi.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
(1)http://www.grandslacs.net/doc/4096.pdf
(2)http://www.rfi.fr/afrique/20110809-rdc-vital-kamerhe-candidat-commun-opposition-election-presidentielle