mardi, novembre 19, 2013

CHRONIQUE

LE NEGRE DE SERVICE

A y regarder de près on se rend compte que le Noir a atteint, avec Barack Obama, aux plus hautes sphères internationales. De nombreux acteurs émergeant sur le plan international sont de race noire, l’homme le plus puissant de la terre est un Noir. Qu’il ne le soit qu’à moitié ne compte pour rien, tout le monde sait qu’une seule goutte de sang noir suffit à noircir tout l’hémoglobine. Mais il y avait déjà eu, avant Obama, le Ghanéen Koffi Annan au poste de secrétaire-général de l’ONU ; sans oublier que depuis le siècle dernier la plus prestigieuse icone internationale vivante demeure Nelson Mandela !  Et l’animatrice Oprah Winfrey est certainement plus connue, sinon que plus puissante, que la chancelière allemande, Angela merkel…
Aux morts il convient de laisser le soin de se disputer lequel, de Michael Jackson et d’Elvis Presley est, était, le plus grand en son art. Ceci dit il ne manque plus au tableau de chasse de l’homme noir que la papauté. La chose aurait pu être accomplie pendant la dernière élection du souverain pontife qui a vu le couronnement du pape François. Dans l’entretemps le controversé procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), l’Argentin Luis Moreno-Ocampo, a cédé son fauteuil à la Gambienne Fatou Bensouda. Personne de censé ne tient compte de mauvaises langues qui posent que Mme Bensouda aura bénéficié d’une sorte de "discrimination positive" ; et que précisément elle aurait obtenu ce prestigieux poste parce qu’elle Noire. Et femme ! Or donc tous les acteurs internationaux noirs s’accordent lorsqu’ils témoignent qu’ils n’ont pas droit à l’erreur ; et qu’ils ne doivent d’être ce qu’ils sont, ou bien où ils sont, qu’à un prix plus élevé que ce à quoi consentirait un Blanc. Mais qui s’en étonne réellement ? Cependant en ce qui concerne la CPI un doute, une légère suspicion, fait son bonhomme de chemin depuis que Fatou Bensouda y préside l’Accusation. Le doute n’entoure guère ses compétences, mais le fait que ce soit une femme noire qui est désormais chargée de trainer devant la justice internationale une clientèle essentiellement négro-africaine, à quelques exceptions près. On peut soupçonner que dans ce cas précis il ne s’agit non pas d’une discrimination positive, mais d’une volonté délibérée d’instrumentaliser les prestations du procureur général. Du moins de l’influencer, de l’orienter. Ce ne serait pas la première tentative du genre dans cette institution de justice internationale. C’est maintenant de notoriété publique que la CPI est une institution plus politique que juridique. L’ancien occupant du poste, le procureur Ocampo, est pour beaucoup dans cette perversion, ce mauvais jeu de rôle. L’Argentin a tant contribué à décrédibiliser la charge de son poste que sa remplaçante hérite d’un cadeau empoisonné. Luis Moreno-Ocampo ne s’est évertué, dans l’instruction de ses causes, qu’à obtempérer aux injonctions des pays occidentaux comme si sa vie en dépendait. Le plus curieux en est que l’ancien procureur avait à cœur de contenter, mais à la lettre, les désidératas des Etats-Unis alors même que ce pays ne reconnait pas la CPI ! Aujourd’hui ses chefs d’Etats subsahariens s’insurgent contre le fait, insolite il faut en convenir, que l’instruction à charge de la CPI ne concerne que les négro-africains. Et ce dans une proportion de quatre-vingt-dix pour cent. D’aucuns pensent que ces dirigeants africains n’ont d’autre intérêt que celui d’assurer leurs propres arrières ; et qu’ils craignent par-dessus tout de figurer un jour au nombre des pensionnaires des geôles de La Haie. Qu’à cela ne tienne, en tous les cas ils ont expressément demandé que les chefs d’Etats en exercice ne soient plus poursuivis par la CPI. Rien de moins !  Mais des voix discordantes, en Afrique même, rétorquent qu’une telle mesure ouvrirait une voie royale à plus de dictature ; avec pour corollaire des présidents qui s’accrocheraient au pouvoir de peur d’être appelés à comparaitre devant la justice internationale une fois leur mandat révolu. Qu’elle soit justifiée ou non, la sortie des chefs d’Etat africains vient opportunément conforter la position de ceux de leurs pairs qui sont déjà accusés à la CPI. Le Soudanais Omar El-Béchir a désormais l’assurance de n’être plus appréhendé nulle part en Afrique. Cependant que le président Uhuru Kenyatta du Kenya, ainsi que son vice-président, jouent la montre et en viennent à espérer que les charges retenues contre eux seront sinon différées, ou simplement abandonnées dans la foulée.
A ce point du processus le dilemme est du côté de Mme Bensouda. La nouvelle procureure de la CPI ne peut sortir gagnante de cette joute. A moins d’y être aidée par le Conseil de sécurité de l’ONU. Car il ne faut guère s’y tromper, c’est bien cet organe politique, dont au moins trois membres (Russie, Chine et États-Unis) ne sont pas signataires de l’acte constitutif de la CPI, qui dicte la partition.    Une incompréhensible situation. Oubliant Chinois et Russes les plus radicaux anti-américains entonnent le "Babylon makes the rules", la loi du Blanc, pour évoquer la loi du plus fort.                  Or donc du temps du procureur Ocampo les choses avaient l’avantage d’être claires.              L’homme obtempérait aux injonctions sans demander son reste. Depuis son départ c’est le flou artistique, nul ne sait ce que fera l’Africaine commise à ce poste. Si Fatou Bensouda supporte ne serait-ce qu’une seule demande émise par les chefs d’Etats africains à Addis-Abeba la communauté internationale, c’est-à-dire l’occident, ne manquera pas d’y voir un acte de complaisance en faveur des dictatures africaines qui sévissent, semble-t-il, plus que les régimes chinois, russes, iraniens, saoudiens, ou autres nord-coréens…                                                                                                  Mais elle ne peut ostensiblement ignorer les desideratas des leaders politiques africains, ceux-ci l’accuseraient, comme le font certains déjà, de faire le jeu des occidentaux. Elle sera jetée aux gémonies, traitée de faire-valoir ou pire, de "négresse de service". Pour la procureure générale le statu quo est tout simplement intenable. Elle est condamnée à poser un geste politique d’envergure envers les Africains. Autrement Mme Bensouda peinera à remplir son mandat en ce qui concerne l’Afrique en tous les cas. Or donc l’Afrique constitue l’essentiel du "vivier" de la CPI depuis sa constitution. La nouvelle procureure a la lourde mission, autrement plus importante que les mises en accusations, de redorer l’image de la CPI. D’autant que la crédibilité de cette instance juridique internationale a été largement entamée par son prédécesseur, l’Argentin Ocampo, dont la servilité envers l’occident a souvent prêté à la caricature. Pour autant quelque fermeté que veut bien présenter l’actuelle procureure générale, elle ne sait plus trop sur quel pied danser, prise en otage entre les présidents africains et le Conseil de sécurité. Elle doit s’assurer la collaboration des uns pour mener à bien ses enquêtes sur le terrain d’abord ; et surtout pour interpeller les "délinquants" à assigner devant la justice internationale. De l’autre côté, c’est l’ONU son employeur…Mme Bensouda devra nécessairement décevoir l’une des deux parties. En l’occurrence elle aura moins à perdre si elle cédait du lest en faveur des présidents africains, d’autant que leur "cause" jouit d’une substantielle popularité auprès des populations du continent. Surtout auprès de la jeunesse de plus en plus réfractaire à toute forme de néocolonialisme, avéré ou non. Nombreux parmi cette jeunesse, pour exemple, tiennent l’ex président ivoirien Laurent Gbagbo pour un héros dont la chute n’a été occasionné que parce qu’il a su résister à l’impérialisme franco-occidental. D’ailleurs tous les observateurs de la scène politique africaine estiment que la l’acquittement de Gbagbo est désormais du domaine du possible ; sinon qu’une requalification des charges qui lui sont imputées, pour une peine beaucoup plus légère…                                                                                                              Une brèche ouverte à d’autres acquittements tels ceux des présidents et vice-présidents kenyans. Le plus spectaculaire serait sans doute la libération du leader congolais Jean-Pierre Bemba… Mais si on n’en est pas encore là on s’approche inexorablement, sous la pression des chefs d’Etats africains, à des tels scénarii encore inimaginables il y a peu. A dire le vrai la CPI ne peut s’engager sur cette voie sans l’aval préalable du conseil de sécurité de l’ONU. Mais il est de bon ton, advenant cette probable éventualité, que l’occident crie à la vierge effarouchée pour sauver la face de la "négresse de service". Politique oblige…                                                                                                                                 Les présidents ivoirien Ouattara et congolais Kabila, lesquels ont tout à perdre, expérimentent la Realpolitik. Ils auront cru à tort à la loyauté de la communauté internationale. Pour autant, une telle réingénierie de la justice pénale internationale doit nécessairement se refléter dans les appareils juridiques domestiques. En des termes plus prosaïques, la CPI est souvent accusée de soutenir, en Côte d’Ivoire pour exemple, la "justice des vainqueurs". Plusieurs en RDC avancent que Jean-Pierre Bemba ne doit d’être à La Haie que pour laisser les coudées à Joseph Kabila ; du temps où celui-ci était dans les bonnes grâces de l’Occident…                                                                                         Le signe le plus évident d’un changement de paradigme idéologique dans la "communauté des puissants" en est la lente et sûre disgrâce de Paul Kagamé. Plus personne ne souhaite être surpris en présence de l’inamovible président du Rwanda. La voie est désormais pavée devant lui pour une assignation à la CPI. Il semblerait donc que l’instrumentalisation du génocide ne fonctionne plus. L’assignation de Kagamé libérerait définitivement la procureure Fatou Bensouda du piège dans lequel l’a précipité Luis Moreno-Ocampo. D’autant que peu de présidents africains sont disposés à se battre pour Paul Kagamé, ce monument d’arrogance aux mains entachées de sang. Celui des autres. Et des siens !
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ                                                              FoQusMedia.com

 

mardi, août 20, 2013

La nébuleuse Al-Qaida fait encore parler d’elle


PEUR SUR L’OCCIDENT

 

Le unes après les autres les chancelleries occidentales fuient devant les menaces terroristes proférées par Al-Qaida. Les fermetures des représentations diplomatiques se succèdent aux appels à la prudence pour les Américains, Français, Britanniques etc.
La raison de tout ce tumulte : les États-Unis disent craindre l’imminence d’une attaque terroriste après que leurs services d’espionnage aient intercepté des échanges entre deux hauts dirigeants d’Al-Qaida.                                                                                                                 
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

 Pour l’administration Obama l’événement ne pouvait pas mieux tomber. Le National Security Agency (NSA) a pu ainsi opportunément démontrer l’efficacité, mais surtout la nécessité, de son système d’écoute tant décriée de par le monde. Au vrai il n’y a eu que les alliés des Etats-Unis à s’en plaindre. Et une fois toute hypocrisie ravalée- c’est de bonne guerre que tous espionnent tout le monde- les occidentaux ont suivi les directives de la NSA, somme toute leurs yeux et leurs oreilles face au danger du terrorisme. A la suite de Washington plusieurs pays occidentaux ont fermé leurs ambassades au Yémen, le “nid des vipères". Les Américains, eux, ont mis la clé à la porte de leurs représentations en Egypte, au Pakistan…

Pour autant les gains qui ressortissent de cet événement sont partagés. Car Al-Qaida, le groupe terroriste auteur de ce bran- le bas de combat, aura réussi en tous cas à rappeler au monde son existence. Dans le cas où quelqu’un l’aurait oublié.
En fait la conversation interceptée par la NSA pourrait n’être qu’un leurre destiné à déstabiliser l’Occident, aux dires des spécialistes. Au vrai Al-Qaida central n’est plus qu’un épouvantail virtuel, au sens où la légendaire nébuleuse n’a plus d’existence réelle. Elle n’était déjà plus  qu’une coquille vide bien avant la mort de son leader charismatique Oussama Ben-Laden.

Aujourd’hui son remplaçant, l’Egyptien Ayman Zawahiri, n’est là que pour la forme ainsi qu’un monarque qui régnerait sans rien diriger. Les actions sur le terrain sont dévolues aux groupes affiliés dont les plus connus sont, en rapport à la dangerosité, Al-Qaida au Maghreb islamique(AQMI), et Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA). C’est d’ailleurs une conversation interceptée entre Al-Zawari et le chef d’AQMI, l’Algérien Djamel Okacha, qui a mis le feu aux poudres. Depuis l’administration Obama fait un usage sans précédent des drones pour neutraliser le plus de terroristes qu’elle peut. Sur le terrain le succès de ces opérations est indéniable, les rangs des terroristes ont partiellement été décimés depuis l’arrivée au pouvoir du président Barack Obama. Or donc les missiles que lancent ces aéronefs sans pilotes, pour intelligents qu’on les présente, font de considérables victimes collatérales au sein des populations civiles. Des bavures à répétition qui font le lit des islamistes, alors même que ceux-ci ne sont plus en odeur de sainteté dans le monde musulman.

 

Assassinats justifiés
Les Américains sont bien conscients que leurs opérations "d’assassinats ciblés" ruinent leur crédibilité. Ainsi d’ailleurs que celle des gouvernements musulmans chez qui leurs drones sévissent. Washington embarrasse, à dessein il faut le croire, ces gouvernements pourtant amis. Ceux-ci se retrouvent partagés entre leur allégeance au protecteur américain et l’indignation de leur population. Cette ambivalence dans les rapports entre les Etats-Unis et leurs alliés du monde musulman profitent aux radicaux islamistes. Ces derniers se servent de cette brèche inespérée occasionnée par le mécontentement populaire pour recruter à tour de bras. En dénonçant la collusion de leurs dirigeants avec l’ennemi, le "grand Satan américain". Or donc pour l’administration Obama le sort des pouvoirs en place est sous-ordonné aux intérêts des Etats-Unis. D’où cette offensive sans précédent dans l’histoire américaine, par drones interposés, contre des cibles terroristes présumées. Les Américains justifient leurs intempestives interventions par l’incurie de ces gouvernements à protéger leurs intérêts, qu’il s’agit des personnes ou des biens. Au vrai ils demeurent traumatisés par l’attaque de Benghazi qui couta la vie à l’ambassadeur américain en Lybie. Pour Washington ces gouvernements démontrent une manifeste incapacité à contenir le terrorisme sur leurs propres territoires. Exposant par la même occasion les citoyens américains et les intérêts des Etats-Unis établis sur ces territoires. La menace est d’autant plus grande qu’une nouvelle forme de terrorisme tend à se développer dans certains pays où l’état accuse sa faiblesse : une "territorialisation" de la terreur. L’exemple le plus récent en est le Mali. Les groupes terroristes (Aqmi, Mujao et Ansar Dine) ont profité de l’instabilité provoquée par le coup d’état perpétré contre le président Amadou Toumani Touré pour occuper le nord du pays. Sans l’intervention décomplexée de l’armée française ils y seraient encore. Leur puissance de feu exportée de Lybie leur permettait de soumettre la totalité du territoire malien afin d’y installer un khalifat, un émirat islamiste, en un objectif clairement avoué. On sait cependant qu’un trivial affairisme dicte parfois les motivations de ces groupes terroristes dont la religion ne constitue souvent qu’un opportun alibi. Au vrai le recours à Dieu, à Allah, n’est parfois que l’expression de l’arbre qui cache la forêt.

La même situation prévaut dans la Lybie post-Kadhafi et au Yémen. Mais surtout en Somalie depuis plus de deux décennies. Aujourd’hui ce pays sans pouvoir étatique est en proie aux exactions des milices Shebab.

 

Pour ou contre
Aux Etats-Unis l’utilisation que l’administration Obama fait des drones divise. Et ce même au sein du parti démocrate où certains considèrent qu’il ne s’agit simplement que d’assassinats moralement indéfendables. Or donc que de tels actes soient perpétrés par la plus grande puissance mondiale, laquelle se targue de diriger le monde entier, pose un problème d’éthique. D’autant que d’incessantes bavures impliquant des vies civiles rappellent par trop les pratiques aveugles des terroristes que combattent justement les Etats-Unis.
Et en l’état actuel des choses les Etats-Unis confessent qu’ils n’ont d’autre choix que de combattre la violence par la violence, afin d’éradiquer le terrorisme. Et la peur.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
foqusmedia.com

 

 

samedi, août 03, 2013

Printemps arabe


DEMOCRATIE SOUS SURVEILLANCE

Egyptiens et Tunisiens conspuent aujourd’hui une démocratie qu’ils se sont acquise dans le sang. Ils continuent de réécrire, par la rue encore, l’histoire là où ils l’avaient laissée deux ans plutôt. Ennahda et les Frères musulmans ont eu le tort de croire que le chapitre était clos parce qu’une page avait été tournée.                                                                                                             EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

 

Lorsqu’un régime est déchu par d’autres dispositions que celles prévues par la Loi, on est en présence d’un coup d’état. C’est ce qui vient de se passer en Egypte. Et le fait que les militaires, les auteurs de ce coup de force, se cachent derrière "la volonté populaire" n’y change rien. L’Egypte vient de tourner une autre page de son histoire ; et rien n’indique qu’un retour au statu quo ante soit possible. D’ailleurs aucun pays occidental n’a condamné le coup d’état, se bornant  tout au plus à noter le fait accompli. Au vrai Washington et ses alliés étaient inquiets de voir proliférer des régimes islamiques à quelques encablures d’Israël. Sans aller jusqu’à récuser un régime démocratiquement élu ainsi qu’ils le firent jadis pour le Hamas en Palestine, les occidentaux se félicitent secrètement de la chute du président Morsi et des Frères musulmans. Aussi ils espèrent que la même chose se produira en Tunisie. Mais dans ce dernier pays les choses risquent d’être un plus compliquées qu'en Egypte. Déjà on voit bien que malgré la gravité des faits qui sont, à tort ou à raison, imputés au gouvernement islamiste, le mouvement de protestation n’égale en rien celui des Egyptiens à l’encontre de Mohamed Morsi. Si les deux opposants assassinés en Tunisie (Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi) avaient été Egyptiens le pouvoir au Caire serait tombé bien plus vite qu’il ne l’a été. Et l’armée- les militaires égyptiens n’attendaient que cela après que Morsi les eut humiliés en chassant leur chef le maréchal Tantawy du pouvoir- ne se seraient guère embarrassés de fallacieuses justifications pour perpétrer leur coup de force.

Autre chose qui revêt son importance : en Tunisie c’est le gouvernement islamiste en son ensemble qui est mis en cause, cependant qu’en Egypte la colère des manifestants avait un visage et un nom : Mohamed Morsi. Il est plus facile de porter la faute sur un seul individu que sur tout un système…
A Tunis le pouvoir n’a d’autre choix, pour survivre, que d’accommoder les desideratas des manifestants, en évitant l’obtuse intransigeance de Morsi, laquelle lui aura coutée la présidence. Et la liberté.

 Des régimes aux abois
Bien avant la vague des régimes islamistes inaugurés par le printemps arabe, la Turquie présentait, avec l’AKP, un régime islamiste "à visage humain". Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan conduisait un gouvernement "fréquentable" selon les standards occidentaux. Cependant que ces mêmes occidentaux n’ont jamais répugné la compagnie de la monarchie saoudienne dont pourtant tous connaissent le radicalisme.

Or donc aujourd’hui ce n’est même plus la méfiance des occidentaux qui est en cause dans la crise des régimes islamiques. Ce sont leurs propres concitoyens, coreligionnaires ou non, qui désormais ont maille à partir avec les politiques doctrinaires que leur assènent leurs gouvernements. Et à ce chapitre, même le gouvernement modéré d’Erdogan n’a pas échappé aux manifestations anti-islamistes qui fleurissent dans le monde musulman.

Il est vrai que le régime iranien des mollahs avait su réprimer sauvagement, il y a peu, les velléités démocratiques de son peuple. La monarchie sunnite des Emirats arabes unis agit avec la même contre sa population chiite : une mini-révolution étouffée dans l’œuf, et dans le sang, sans que les occidentaux s’en émeuvent outre-mesure. Ces mêmes occidentaux qui montrent les dents au gouvernement turc quand sa population laïque- la laïcité en Turquie est un héritage d’Atatürk le fondateur de la Turquie moderne- lui tourne le dos après un flirt de quelques années.

Quoiqu’il en soit la Turquie n’entrera jamais dans l’Union européenne sous un gouvernement islamiste. Aussi modéré qu’il se prétendit.

 

Républiques islamistes
Il faut se l’avouer : l’Occident avait été pris au dépourvu par la rapidité avec laquelle le printemps arabe chassa du pouvoir le président Ben-Ali et le rais Moubarak. D’autant que c’était des régimes dictatoriaux bien confortablement installés depuis des lustres. Les despotes qui les dirigeaient duraient grâce à l’appui des occidentaux, en charge de revanche ils devaient réprimer toute avancée islamique dans leurs pays respectifs. Un échange de bons procédés qui faisait pourtant perdurer la tyrannie. Mais Realpolitik oblige…

C’est dire que la chute non annoncée de leurs alliés naturels dérouta les chancelleries occidentales. Sans que celles-ci ne sachent comment leur venir en aide sans avoir à sévir sur les gigantesques manifestations populaires qui déboulonnaient ces statues autrefois inamovibles. Les craintes des occidentaux se confirmèrent quand les islamistes s’emparèrent aisément du pouvoir. Ces derniers s’aidèrent du désabusement de la population face à des régimes autocratiques et corrompus. Même des musulmans modérés, ainsi que parfois des non pratiquants, agréèrent cette alternance en faisant confiance aux islamistes pour assainir la vie publique. Mais pas seulement, dans ces pays les mouvements islamistes étaient les mieux organisés au sein de l’opposition. Et aussi les mieux nantis financièrement. Les "Frères musulmans", et cette autre entité islamiste tunisienne rapidement rebaptisée Ennahda, étaient depuis longtemps déjà financés par les monarchies sunnites du golfe persique. Ceci explique cela…

Le moment de stupeur passé, les occidentaux ont patiemment attendu que les islamistes se dévoilent en démontrant qu’ils ne peuvent se distancer du coran. Et surtout que la charia, la loi islamique, guide en fin de compte toutes leurs actions. Sociales ou politiques. Un attentisme que la France a refusé d’observer en intervenant militairement au Mali afin d’y chasser les islamistes. Il faut tout de même dire que ces derniers avaient eu le front de se réclamer d’Al-Qaïda au Maghreb islamique(ACMI). Et que leur intention avouée était d’instaurer une république islamique au Mali.

Depuis, les termes "république" et "islamique" ont fini par se contredire, paraissant de plus en plus antinomiques. L’histoire récente démontre qu’on ne peut, au vrai, être républicain et islamiste. Ou vice-versa.

Aujourd’hui les régimes islamistes sont poussés dans leurs derniers retranchements par des populations harassées. Leur modèle de démocratie est scruté à la loupe, pour qu’à la moindre entorse aux libertés individuelles on les chassât du pouvoir.

EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ


 

samedi, mars 31, 2012

Chronique

By FoQus Media on Saturday, March 31, 2012 at 5:23am
SENEGAL
AU NOM DU FILS

L’amour, lorsqu’il est porté à son paroxysme, peut se révéler dévastateur pour qui fait l’objet d’une telle passion. D’autant que ce genre d’assiduités, à la longue, sont susceptibles d’être ressenties comme subies, surtout lorsqu’elles envahissent et étouffent. Il n’est pas rare cependant que cet amour dévore aussi celui qui l’éprouve si intensément, au point de lui faire perdre raison.
Ainsi donc, au soir d’une vie plutôt mal remplie, Maitre Abdoulaye Wade s’est tant épris de son fils Karim, sur le tard semble-il, qu’il a décidé d’élever son frileux rejeton sur de vertigineuses hauteurs.
Or donc n’atteint pas les cimes qui veut, surtout qui ne le veut pas, Karim semble y avoir le tournis, et donne l’impression de n’y être guère à sa place. À quarante ans révolus, et sage comme une image, le fils trop aimé, dans une éternelle juvénilisation, fait ce que papa lui dit de faire, il va où on lui dit d’aller. L’homme marche dans le monde politique courbé sous la pesante charge des ambitions paternelles, appelé, malgré lui, à perpétuer la dynastie Wade.
Ainsi que pour les princes héritiers, Karim n’a jamais vraiment eu d’autre choix que de s’insérer dans "son destin", en chaussant les bottes trop larges du père. Puisque ce père aura tout sacrifié, jusqu’à son honneur, pour que son fils lui fasse honneur. Sans que l’un et l’autre, d’ailleurs, n’aient eu de mérite à se couvrir eux-mêmes d’honneur.
Aujourd’hui Wade s’en va sous les huées de l’Histoire, chassé du pouvoir par ce destin qu’il avait voulu forcer au nom de ce fils beaucoup trop aimé.
Karim, désormais débarrassé du diktat paternel, pourra s’adonner au ludique, à cette vie libertine dont les "fils à papa" font profession. C’est peut-être là le destin duquel l’avait détourné la mégalomanie d’un père qui crut, à tort, qu’il était le patriarche d’une glorieuse lignée. Comme si Allah, par l’intermédiaire des marabouts des confréries Mourides et Tidianes, l’avait assuré qu’après lui- sinon qu’avec lui- sa descendance règnerait à jamais sur le Sénégal…
Piteusement Wade descend les strapontins du pouvoir, se dérobant au monde politique, sans possibilité de se réincarner en quelque chose de symbolique, à l’instar de son prédécesseur Abdou Diouf, qui passe une heureuse retraite dans la conviction que la francophonie lui doit une fière chandelle. À sa mort, cette dernière phrase pourra au moins lui servir d’épitaphe : « Ci-git un homme à qui la francophonie doit une fière chandelle ! ».
A contrario, Abdoulaye Wade risque de se mériter, au moment de rejoindre ses ancêtres décédés- d’aucuns souhaitent que ce moment ne se fera plus attendre maintenant- une oraison empreinte d’hypocrisie et de sournoiserie, puisqu’il n’est pas coutumier à l’Africain de tirer sur un cercueil. Surtout lorsqu’y dort un octogénaire. Or donc cet âge, considéré canonique en Afrique, a probablement évité à Abdoulaye Wade de se faire étriper par des jeunes excédés par une autocratie qui grandissait au fil des mandats rempilés à l’infini. Cette même jeunesse, à l’avenir plus qu’incertain, n’a pas supporté l’idée que Karim Wade devienne leur président au seul motif qu’il était né de la "bonne personne". Comme si cela seul suffisait, hors l’épreuve des compétences, pour se qualifier à l’exercice d’une charge qui réclame bien plus que la filiation. Or donc la science n’a pas encore isolé le gène qui prédispose à une présidence transmissible de père en fils !
En ce cas, et au vu de ce qu’a été le père, et si le fils en est un dégradé, les Sénégalais ont eu raison se défier de cette tentative, heureusement avortée, de transmission dynastique du pouvoir.
Au demeurant Karim Wade avait déjà sollicité la faveur de ses compatriotes en briguant la mairie de Dakar la capitale. Àprès qu’il y eut échoué lamentablement, son père, pour le consoler de sa peine, lui offrit un terrain de jeux plus vaste encore : un super-ministère d’État assortit de plusieurs portefeuilles, comme si la capitale en fin de compte était indigne que ce cher Karim l’honorât de sa précieuse incompétence. Celle-ci serait réservée à une responsabilité plus insigne et plus digne du fils, la présidence du pays !
Car rien n’est trop beau pour l’enfant tant chérit, il mérite le meilleur de la part de son père, et aussi des Sénégalais. Raison pourquoi les Dakarois l’auraient récusé : on ne le voyait guère ailleurs qu’à la tête du pays !
Abdoulaye Wade en était parvenu, dans un processus mental d’une extrême complexité, à penser que le pays lui appartenait de droit, sinon que de fait, quoi donc de plus normal qu’il conférât l’onction à son rejeton pour que celui-ci lui succède sur le trône ?
Car en tout bien et de bonne foi, tout le monde pouvait bien comprendre que la succession devait revenir au fils légitime, Karim, avant Macky Sall le "fils adoptif"…
Or donc au dernier moment, et en un seul instant empli d’une majesté factice, maitre Abdoulaye Wade, dans l’évident dessein de s’attirer un honneur dont il s’évertua pourtant à se défaire avec assiduité d’année en année par une posture félonne, Wade reconnut sa défaite au second tour du scrutin présidentiel, et ce, avant même que le dépouillement ne fut achevé !
La théâtralité du geste cache mal la volonté de sauver ce que l’on peut lors on coule corps et biens. Seigneur déchu tel l’ange des ténèbres, c’est avec la même malignité que l’homme ruse avec les augures, ânonnant hier, avec une superbe désormais perdue, son éclatante victoire au premier tour, il annonce aujourd’hui sa propre défaite. Comme si on avait besoin de lui pour l’établir…
Au vrai Abdoulaye Wade s’était perdu depuis longtemps déjà en perdant peu à peu le respect des Sénégalais. Et sa dernière sortie, pour désespérée et faussement humble qu’elle est, n’est qu’un appel du pied pour qu’il chaussât les souliers de ses prédécesseurs. Afin de perpétuer la tradition, dans laquelle il prétend quand même s’inscrire, d’un Sénégal enraciné dans la démocratie ! Puisqu’il serait lui aussi, contre toute attente, un démocrate…
Or donc d’être aussi changeant brouille tout repère pour son fils Karim, celui-ci est désormais plongé dans l’inconnu, si papa ne peut plus lui dire quoi faire, il s’expose à l’oisiveté d’où il eut peut-être mieux valu ne jamais le tirer.
Si Wade avait remporté les élections, beaucoup pensent qu’il aurait, chemin faisant, abdiqué le pouvoir au profit de son fils, donnant du coup à la reine d’Angleterre une bonne leçon d’alternance. Mais il a perdu, et avec lui Karim dont il avait lié le destin au sien propre, ainsi que tout père aimant. En d’autres termes, et à considérer les égarements de maitre Wade, c’est là une preuve d’amour que de s’attirer l’opprobre du monde entier au nom du fils !
Ce fils, mais qui peut encore en douter, qu’il a tant aimé. Mais bien mal.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ



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lundi, mars 26, 2012

MALI: UN COUP D’ETAT POUR RIEN

By FoQus Media on Monday, March 26, 2012 at 5:53am
Toute action cohérente se doit d’être justifiée par des raisons tout aussi cohérentes : le lien doit être direct pour fonder une corrélation entre les causes et leurs effets. Dans ce sens, le coup d’état perpétré sur le pouvoir du président malien Amadou Toumani Touré (ATT), par des militaires mutins, défie toute logique. Un acte irraisonné qui fait reculer le Mali des décades en arrière, et ravale ce pays, dont la démocratie est saluée de par le monde, au rang d’une république bananière.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

Les putschistes maliens revendiquaient, au début de leur action, des moyens militaires accrus pour lutter efficacement contre la rébellion touarègue et ses indépendantistes du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), et les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). De là à perpétrer un putsch…
Il est déjà difficile de justifier un coup d’état, sauf dans des conditions extrêmes d’oppression.
Ou, et ce n’est pas rare, lorsque le leadership politique n’a plus sa raison d’être pour avoir failli gravement. En des termes plus prosaïques, les conditions de la perpétration d’un coup d’état doivent être entourées des circonstances si exceptionnelles qu’elles forcent l’acceptation du nouveau statu quo.
Pour mémoire : le général Amadou Toumani Touré lui-même évinça jadis le dictateur Moussa Traoré, pour remettre, quelques mois après, le pouvoir aux civils. C’est cette posture désintéressée qui lui permit de joindre la fondation du président Jimmy Carter. Il s’y consacrera à la résolution des conflits sur le continent avant que de revenir remporter le suffrage populaire dans son pays. Aujourd’hui parvenu au terme de son second mandat- le premier tour des élections maliennes était prévu pour fin avril 2012- ATT s’apprêtait à se retirer librement du pouvoir. Sans avoir jamais cédé aux chants des sirènes qui l’appelaient à changer la Constitution afin de demeurer au pouvoir ad vitae aeternam. À l’instar de presque la totalité de ses pairs africains…

Le temps est révolu où une soldatesque mutine pouvait usurper le pouvoir d’un président démocratiquement élu sans que la communauté internationale ne s’en émut. Au seul motif que l’on se doit de respecter la souveraineté qui sacralise le principe de non-ingérence dans les affaires internes d’un pays.
La préoccupation humanitaire- un droit d’ingérence que les Occidentaux ont imposé à tous en Côte d’Ivoire et en Libye- a depuis redistribué les cartes. La flegmatique indifférence d’antan n’est simplement plus possible. Pour autant une intervention étrangère autre que celle des "Casques bleus" de l’Onu n’est guère souhaitable, de par la partialité procédant nécessairement du choix des cibles. Mais surtout parce que la France, pour citer un exemple encore frais dans les mémoires- toujours en Côte d’Ivoire et en Libye- s’est comportée en magister en décidant de la chute de Gbagbo et de l’assassinat de Kadhafi !
Tout ceci pour dire que les tombeurs d’ATT ne seront en odeur de sainteté nulle part dans le monde, sans compter les éventuelles sanctions politiques et économiques qui ne manqueront pas de frapper durement les Maliens.

Les moyens d’une politique
En marchant sur le palais présidentiel les mutins semblaient y venir comme s’ils avaient espoir d’y découvriraient des dépôts d’armes et de munitions jusque-là inaccessibles. Il est aujourd’hui évident que le putsch n’était guère l’objectif qu’ils poursuivaient, mais que la situation s’est présentée à eux presque de facto. Et qu’ils n’ont pas su y résister. D’où l’impression, au demeurant vérifiée presqu’au quotidien, d’une improvisation tout azimut. La nouvelle junte au pouvoir à Bamako ne sait manifestement pas quoi faire d’un pouvoir qu’elle ne recherchait pas. Et pour la gestion duquel elle n’a aucune compétence. Or donc sous les coups de boutoir de la communauté internationale les jeunes soldats putschistes risquent de se radicaliser, comme le fit il y a peu en Guinée-Conakry le régime répressif d’un certain capitaine Dadis Camara…
Une tragique répétition de cette sombre période se profile désormais à Bamako. Si rien n’est fait. En choisissant d’évincer le président ATT la junte vient d’ouvrir la boite de Pandore : les conséquences de leur acte sont incalculables, puisque le pays vient de plonger dans l’inconnu le plus total. Car dans l’entre-temps, pendant la longue période d’instabilité qui s’ensuivra immanquablement, la rébellion touarègue elle ne chômera pas. Il est à craindre qu’elle essaiera de tirer profit de la situation, le moment est propice, pour tenter des avancées qu’une armée malienne affaiblie ne saura repousser. D’autant que celle-ci est actuellement divisée entre les mutins et les éléments demeurés fidèles au président Touré.
En tous les cas on ne voit pas bien quel avantage la junte peut tirer de ce nouveau statu quo, sinon le fait d’exercer le pouvoir…pour le pouvoir. Un coup d’état pour rien ? C’en a tout l’air.

L’on peut, en toute objectivité, reconnaitre que le président ATT n’a pas su gérer efficacement la crise occasionnée par la rébellion au Nord du pays. Il a peut-être, et même probablement, fait des choix douteux. Comme de privilégier la négociation avec les rebelles, ainsi que d’aucuns lui reprochent, à l’offensive militaire. Ou encore d’avoir accepté d’échanger des otages, essentiellement français, contre la libération des terroristes de l’AQMI. Pour autant on ne peut le soupçonner d’intelligence avec l’ennemi au détriment de son armée combattante. De plus, disposait-il réellement des moyens matériels suffisants pour mener cette guerre sans l’appui de la France ? C’est peut-être là le plus étrange : l’atermoiement de Paris, pourtant partie directement affectée, à fournir au Mali les ressources suffisantes en armes et en services d’intelligence.
On comprend mal le peu d’empressement de l’Élysée à aider ATT dans sa lutte contre le MNLA ; et surtout dans l’éradication d’AQMI dans la région, surtout lorsqu’on sait que des ressortissants français sont souvent victimes d’enlèvement par ce groupe terroriste.

Et après
Au vrai les militaires mutins eurent été plus avisés s’ils avaient attendu un petit mois de plus : la fin du mandat du président Touré. Ils auraient ainsi eu, en la personne du prochain président, un nouvel interlocuteur. D’autant que l’opposition dénonçait, elle aussi, la gestion jugée déficiente d’ATT sur la rébellion touarègue et le terrorisme d’AQMI. Voilà qui aurait pu éviter aux Maliens d’inutiles souffrances à venir, si d’aventure l’on ne revenait pas rapidement au statu quo ante.
La junte malienne vient seulement de confirmer, ceci qu’à tort ou à raison tout le monde pense, que la sagesse est manifestement éloignée de la soldatesque. À leur décharge cependant : les jeunes militaires démontrent autant d’ingénuité que de fougue, aussi une inexpérience qui les a installé dans la conviction, forgée sans doute chemin faisant, que leur coup de force passerait comme lettre à la poste. Puisqu’en ce domaine les exemples abondent sur le continent. À l’usure, le temps a toujours fini par faire accepter le coup d’état comme un fait accompli.
Or donc s’ils avaient consulté ne serait-ce que leurs officiers supérieurs- mais peut-être les tiennent-ils pour acquis au président ATT- ils n’auraient probablement jamais fait ce funeste saut dans l’inconnu. Car dès à présent, après cet acte qui n’a rien à voir avec la bravoure, quelle en est l’étape subséquente ? Le savent-ils seulement ?
Disposent-ils désormais de moyens supplémentaires, ceux qu’ils vinrent chercher bruyamment au palais présidentiel, pour affronter l’ennemi sur tous les fronts ? Sans compter qu’ils viennent d’ouvrir un nouveau front en la partie de l’armée demeurée fidèle au président Amadou Toumani Touré.

Rébellion, terrorisme, et maintenant risque de guerre fratricide au sein de l’armée, le Mali est au bord du précipice. À seulement un mois des élections présidentielles, lesquelles seront renvoyées aux calandres grecques si l’ordre constitutionnel n’est pas rétabli dans les jours qui viennent.
Car il y a péril en la demeure, les jours de paix au Mali sont comptés, l’urgence commande que les mutins reprennent leurs esprits. En commençant par se fermer à ceux qui prétendent que le président ATT se disposait à étendre son mandat au-delà de l’échéance du mois d’avril.
Il y a toujours moyen de reculer lorsqu’on a fait fausse route.
Seulement il faut le reconnaitre.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ


jeudi, mars 22, 2012

GUINEE BISSAU: LES VOYOUS DE L’ÉTAT

By FoQus Media on Thursday, March 22, 2012 at 6:26am
Les Bissau-Guinéens sont un peuple qui vit constamment en alerte. Depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1974, ce petit pays à l’habitude de perdre ses plus hauts dirigeants politiques et militaires par mort violente. Or donc son dernier président, Malam Bacai Sanha, est décédé de mort naturelle le 10 janvier 2012 en plein exercice de sa fonction ! À Bissau, la capitale, les spéculations ont affleuré au point de soupçonner un attentat par empoisonnement. Tant la population a du mal à croire qu’un de ses dirigeants puissent mourir sans qu’aucune main ocAculte ne l’ait aidée à passer de vie à trépas. Surtout que la mort du président est survenue au milieu d’un climat délétère au sein de l’armée, l’institution la plus puissante du pays.
De fait t’état-major est miné par le trafic de la cocaïne en provenance de la Colombie, et dont la Guinée-Bissau est devenue la plaque tournante en Afrique. C’est probablement ce trafic qui a été la cause, en 2009, de la mort du chef d’état-major de l’époque : Le général Tagmé Na Waié a succombé à un attentat à la bombe, procédé d’assassinat inconnu jusque-là dans le pays. Sa mort sera suivie par celle du président João "Nino" Bernardo Vieira(1). D’aucuns imputent sans hésiter ces deux morts subites au cartel colombien de la drogue. Lequel aurait peu apprécié le limogeage du contre-amiral Jose Americo Gomes, alias "Bubo Na Tchuto". Or donc le chef de la marine est réputé avoir des accointances avec les Colombiens dans l’acheminement de la drogue vers l’Occident !
Une autre thèse lie la mort du président Vieira au désir de vengeance des militaires pour l’assassinat du général Waié… Difficile, en ce contexte occulte et opaque, de démêler le vrai du faux. Mais la vérité doit se trouver quelque part entre l’armée et la cocaïne colombienne…

Démocratie balbutiante
La classe politique de la Guinée-Bissau est "encadrée", quadrillée, à l’instar de l’Égypte et du Myanmar (Birmanie), par une soldatesque peu amène et manifestement animée de mauvaises intentions. Répertoriée comme un "narco-État" par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, la Guinée-Bissau est probablement, avec le Nigéria, le pay s le plus violent d’Afrique de l’Ouest. Un pays qui s’essaie pourtant à la démocratie depuis 1998, en refaisant ses devoirs à chaque fois, tant la tache semble ardue : chacun des coups d’états- rares sont les présidents bissau-guinéens à n’en avoir pas été victimes- remet le conteur de la démocratie à zéro.
Le processus de normalisation démocratique commencée avec l’élection de Kumba Yala en 1999- il est le premier président démocratiquement élu du pays- va s’interrompre avec le renversement de celui-ci par le général Verrissimo Correira Seabra.
Après quoi de nouvelles élections ramèneront au pouvoir "Nino" Vieira son prédécesseur, après que celui-ci avait été victime d’un putsch de la part du général Ansumane Mané. Vieira était arrivé une première fois au pouvoir à la faveur d’un coup d’état au cours duquel il n’évinça alors nul autre que Luis Cabral, le frère du légendaire Amilcar Lopes Cabral(2), combattant de la libération de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert.
Un imbroglio politico-militaire où se mêlent drogue, soldats véreux et politiciens voyous. Une poudrière en somme, au propre comme au figuré !

Un pays oublié
Les médias parlent peu de la Guinée-Bissau puisque sa funeste notoriété est occultée, en Afrique de l’Ouest, par les "pays-vedettes" que sont le géant nigérian, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Sénégal. Aussi parce qu’il est si peu peuplé (1 533 964 habitants, en 2010, pour une superficie de 36 120 km²) qu’il passerait facilement pour une province d’un de ces pays. Le Nigéria mis à part, il se passe en Guinée-Bissau plus de choses, même peu orthodoxes, que dans les autres pays de l’Afrique de l’Ouest réunis. D’ailleurs peu de pays africains peuvent rivaliser de péripéties, la violence politique y incluse, avec Bissau. Plus qu’ailleurs sur le continent, le leadership politique et militaire représente un véritable parcours du combattant : le danger y est permanent, tapi en embuscade, semblant prêt à fondre sur ceux qui s’aventurent sur les chemins périlleux du pouvoir. Pour les élites locales le risque d’être victimes de violence est concomitant à l’élévation sur l’échelle de la hiérarchie du pouvoir. C’est probablement le seul pays où l’espérance de vie du citoyen lambda dépasse celle des hommes politiques et des hauts dirigeants militaires.
Pour preuve, si besoin en était : un énième officier de l’armée, le colonel Samba Djalo, ex-chef adjoint des renseignements militaires de Guinée-Bissau, vient de succomber sous les balles pendant la campagne présidentielle organisée en ce mois de mars 2012. Alors que la population bissau-guinéenne est appelée aux urnes pour y élire le successeur du défunt président Malam Bacai Sanha.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, le premier tour de scrutin est d’ores et déjà récusé par la totalité des candidats, à l’exception de celui que les résultats favorisent, l’ex-premier ministre Carlos "Cadogo" Domingo Gomes Junior. Raison pourquoi le pays tout entier retient son souffle et s’attend au pire. L’atmosphère, tourmentée, est propice à l’attentat pour chacun des dignitaires politiques et militaires. N’importe quelle catastrophe humaine peut encore survenir en Guinée-Bissau avant l’investiture du prochain président sous l’hymne Esta é a Nossa Patria Bem Amada (Ceci est notre bien aimé pays) !
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
(1) Nino Vieira a été élu la première fois sous la bannière du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC). Ce parti, qui part favori pour les actuelles élections, a dirigé la Guinée-Bissau sans discontinuer depuis l’indépendance(1974) jusqu’en 1999.
(2) Amilcar Lopes Cabral est le fondateur du PAIGC. Il combattit avec succès la colonisation portugaise en Guinée-Bissau et au Cap-Vert (lesquels formaient, à l’époque, un seul et même pays). Il fut assassiné, en Guinée-Conakry, en 1973, six mois avant l’accession du pays à l’indépendance !

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vendredi, mars 16, 2012

COTE D’IVOIRE: GUILLAUME SORO LE MAGICIEN

by FoQus Media on Friday, March 16, 2012 at 5:35am
Au plan international la Côte d’Ivoire a désormais bonne presse puisque "la démocratie" y a été restaurée. Depuis lors les capitaux étrangers affluents dans le pays ; et les entreprises françaises peuvent récolter les dividendes de la guerre qu’a menée Nicolas Sarkozy à Abidjan.
La séquence rappelle, à quelque chose près, que jadis en Afrique, comme d’ailleurs en Amérique, c’est l’armée qui ouvrait le chemin aux colons, ces exploitants et asservisseurs des populations autochtones. Parfois d’ailleurs avec l’agrément des élites locales…
En Côte d’Ivoire Guillaume Soro, le chef des Forces nouvelles, demeure le véritable maitre du jeu politique. Il vient de se livrer à une petite partie de prestidigitation qui peut laisser croire, si l’on se fie aux apparences, que les événements ont quelque peu bousculé son calendrier pour la marche vers le pouvoir suprême. Cependant qu’en réalité l’homme est en parfait contrôle de la situation. Premier ministre et ministre de la défense par nécessité, jusqu’au début de ce mois de mars, il vient de démissionner de toutes ses charges gouvernementales. D’aucuns y ont rapidement vu un signe de disgrâce, à tort, puisque le pouvoir c’est lui !
Or donc la démarche de Soro participe d’une stratégie qui répond aux exigences de la réalité sur le terrain politique. Deux promesses, au demeurant inconsidérées, du président Alassane Ouattara motivent le retrait de Soro de l’exécutif. Au plus fort de la guerre, et reclus ensemble à l’hôtel du Golfe, celui-ci s’engagea auprès d’Henry Konan Bédié de lui offrir la primature advenant la victoire. Pour le récompenser de son soutien contre Laurent Gbagbo.
Le temps des comptes est arrivé d’autant qu’un ordre, fragile il faut en convenir, semble désormais régner sur Abidjan. Ouattara ne pouvait plus reporter ad vitae aeternam cette promesse sans paraitre se défiler. Ou donner à penser qu’il subit la volonté de Guillaume Soro.
Dans la foulée, celui qui n’était encore que "l’exilé du Golfe" s’engagea, auprès de la communauté internationale cette fois-ci, de rendre la justice pour toutes les exactions commises pendant la guerre. Dans son camp comme dans le camp adverse. Dans l’euphorie d’un pouvoir qu’il n’espérait, plus l’homme se fit grand seigneur, allant jusqu’à promette l’impensable : il autorisait la CPI à enquêter sur les crimes remontant aussi loin que 2002, année où le président Gbagbo échappa à un putsch diligenté par…Guillaume Soro !
C’est manifestement contrait que Soro suivit Ouattara sur les pentes glissantes de cette périlleuse perestroïka. Laquelle était censée déboucher sur une ouverture démocratique dont l’homme n’est pas féru. Puisqu’elle ne joue pas à son avantage. Car Guillaume Soro, faut-il le rappeler, est d’abord un seigneur de guerre dont le parcours est parsemé de cadavres. Il a su ne reculer devant rien dans l’atteinte de son but ultime qui est le pouvoir. Aujourd’hui ce pouvoir est presque à portée de sa main, et ni Alassane Ouattara, moins encore Henry Konan Bédié ne pourront l’empêcher d’y accéder.
Rien donc pour entraver l’irrésistible ascension de Soro? Sauf peut-être la CPI. Cette instance juridique internationale constitue le pire cauchemar pour le chef des Forces nouvelles : le dernier et non moins véritable obstacle sur sa marche vers la présidence
Qu’à cela ne tienne, Soro a déjà prévu la parade censée le soustraire à la justice internationale. Comme il a su mettre à l’abri ses "officiers" en les faisant nommer à des postes de responsabilité dans la nouvelle armée nationale. Des individus rompus à la rapine et au crime, devenus, par la seule volonté de Soro, des intouchables. Or donc ce n’était pas là le dernier tour de Soro le magicien : quarante-huit heures après avoir démissionné du poste de premier ministre il accédait à celui de président de l’Assemblée nationale !
Le poste semblait d’ailleurs n’attendre que lui puisqu’il était apparemment le seul et unique candidat à vouloir le pourvoir. Ou simplement à le pouvoir. Un plébiscite de plus de 90% que Ouattara, pourtant réputé démocrate, a applaudi avec ferveur.
Peur ou stratégie de survie, le président ivoirien donne l’impression de ne pouvoir rien refuser à celui qui, avec le Français Nicolas Sarkozy, l’a fait roi. La peur et la survie lui commandent d’attendre d’affermir son pouvoir avant que de s’attaquer "au cas Soro".
Surtout qu’à l’heure actuelle ce dernier demeure aux commandes de l’automobile cependant que le président est assis à la place du mort. En délaissant la primature pour officier à la tête de l’Assemblée nationale Soro devient, de jure et de facto, la deuxième personnalité du pays !
Et celui qui, en cas de vacance au sommet du pouvoir, en reprendra les rênes. C’est peu dire que la présidence est désormais à portée des mains de l’ex chef rebelle des Forces nouvelles.
Dès ce jour Alassane Ouattara devra constamment vivre sur ses gardes. Car n’importe qui aurait froid dans le dos de se savoir talonné par un quidam dévoré par une telle faim du pouvoir. Et prêt à tout, Soro l’a démontré à suffisance, pour l’assouvir.
Peut-être alors que de faire intervenir la CPI contre Soro est le seul moyen qu’a trouvé Ouattara pour se débarrasser d’un désormais encombrant partenaire. Et d’un rival dangereux.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ





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