RDC-CONGO: UN TOUR PEUT EN CACHER UN AUTRE
L’espace politique de la République démocratique du Congo(RDC) a été pris de cour. Mais aussi d’un malaise qui a laissé l’opposition groggy. Joseph Kabila, fort de sa majorité présidentielle au Parlement, a réussi à faire voter une loi instituant l’élection présidentielle à un seul tour du scrutin!
EMERY UHIND-GINGALA GINGANJ
Sans aucun doute, l’onde de choc des soubresauts ivoiriens a été ressentie à travers toute l’Afrique subsaharienne. À quelque exception près, presque tous les présidents de cette région ont été mal élus… La surprise passée, et après avoir poussé un soupir de soulagement, l’heure est au ressaisissement. Tous savent qu’ils ont opportunément échappé au "nouvel ordre" démocratique inauguré par l’Occident en Afrique…Mais il ne viendrait à personne de se demander pourquoi l’Afrique ; et non point le Myanmar par exemple, où sévit l’une des dictatures les plus rebutantes de la planète. Nul n’interroge la légitimité de ce flagrant déni de la souveraineté nationale. Le temps, il est vrai, est compté, il n’est pas à l’idéologie. Car c’est le sauve-qui-peut, il y a désormais péril en la demeure. Il faut parer au plus pressé, se réajuster face à ce qui semble préfigurer le nouveau statu quo. Or donc les choses se corsent d’autant que nul n’avait vu venir ce nouveau diktat de la communauté internationale, ce paternalisme que l’on cru à jamais révolu. Il ne s’agit plus désormais de s’assurer la présidence à la faveur des élections tronquées. Sauf pour les amateurs. Se maintenir au pouvoir est plus que jamais affaire d’inventivité. Et tous s’y emploient, même s’il est de bon ton, pendant ces temps incertains, de diaboliser le seul Laurent Gbagbo. Car les pairs du président ivoirien le considèrent désormais comme le pire empêcheur-de-tricher-en-rond qui soit. Gbagbo le pestiféré, une réelle nuisance pour "les affaires", mauvaise conscience des dictateurs qui veulent s’ignorer.
Frondeur invétéré et reconnu pour tel, l’Ivoirien aurait tout de même du, "à toutes fins utiles", obtempérer aux injonctions de l’Occident. Sinon pour lui- puisque sa cause était perdue- du moins par solidarité pour les intérêts de ses amis d’antan. Or donc en jetant le pavé dans le marigot il aura réussi à éclabousser tout le monde. Puisque les projecteurs de la communauté internationale sont désormais importunément braqués sur tous. « Maudit soit celui par qui vient le malheur… ». Depuis le cercle des amis de Laurent Gbagbo s’est considérablement clairsemé. Les potentats africains, il le sait aujourd’hui, ont la rancune tenace.
Qu’à cela ne tienne : l’exemple ivoirien, contrairement à ce que l’on dit de l’Histoire, a eu cette vertu d’éduquer les présidents de l’Afrique subsaharienne. Dictateurs ou pas, tous sont maintenant instruits de ce qu’il faut éviter afin de ne pas tomber dans le travers qui a conduit aux actuelles turpitudes à Abidjan : un scrutin présidentiel à deux tours ! La solution, c’est donc une élection à un seul tour ! Le fait n’est pas inusité en Afrique, il a permis à Ali Bongo d’être "légalement" élu après qu’il eut succédé à son père dans la controverse. Lors même les tracas de Bongo fils n’en sont pas pour autant terminés, loin s’en faut, au moins ils ne se rapportent pas au mode de scrutin qui l’a porté au pouvoir.
Un tour de passe-passe ?
Joseph Kabila, qui n’a pas non plus repris le fauteuil paternel pour rien, a vite saisi les avantages d’un tel procès. En Afrique le président sortant est toujours celui qui fait le meilleur score au premier tour. Il bénéficie opportunément de la division du vote de l’opposition, car il y a généralement un candidat à la présidence pour chaque parti. Dans le camp adverse l’ambition personnelle l’emporte presque invariablement sur le bon sens. Or donc une simple opération arithmétique suffirait à convaincre l’opposition de s’unir derrière un candidat unique pour avoir quelque chance de l’emporter. Sinon que de rivaliser sans tomber dans le ridicule des scores avoisinant un pourcentage nul! De plus le parti présidentiel est d’ordinaire la structure la plus rodée ; sans compter que le président sortant dispose encore à sa guise du concours de tout l’appareil étatique.
À ce point nul besoin de tricher. C’est au second tour que s’amorcent les tripatouillages. Car le danger pour le camp présidentiel devient réel. Toutes sortes d’occurrences sont susceptibles de lui faire perdre pied : une mise en minorité par le jeu d’alliances, l’émergence d’un nouveau leadership, ou simplement la volonté populaire pour l’alternance etc. Le deuxième tour est le cauchemar des présidents sortant africains tant il renferme une trop grande part d’incertitude. Une situation insupportable pour des gens habitués au contrôle. Il n’est guère question ici de ces cas très particuliers que sont le Rwandais Kagamé et Blaise Compaoré du Burkina-Faso. Eux savent s’assurer, qu’importe le nombre de scrutins, des scores frisant la totalité des vois exprimées. Un fait qui n’a gêné personne dans les chancelleries occidentales. Le monde entier a du s’incliner face à une telle vénération populaire…
Le défunt maréchal Mobutu aura manifestement fait des émules. On n’avait cru à tort qu’il avait emporté dans la tombe le secret de ce genre de virtuosité. Mais voici que le jeune président du pays qu’il aima peu de dire que lui l’aime assez pour lui éviter les dérives de la division. L’élection présidentielle de 2011 dans la RDC sera à un seul tour ou…rien, puisque l’amendement constitutionnel a été voté et entériné par toutes les chambres législatives. S’il faut considérer les aspirations du peuple il est évident qu’un tour du scrutin prive ceux des électeurs qui votèrent au premier tour la possibilité de changer d’avis ; de même pour les indécis de… se décider enfin, puisque la donne aura également changée. Entre deux ou trois candidats on y voit plus clair que face à une douzaine. Qu’à cela ne tienne : après la commotion, l’opposition congolaise semble reprendre ses esprits. Elle promet d’ores et déjà qu’elle présentera un candidat unique face à Joseph Kabila. Pour ce faire il va falloir, fait-on croire, harmoniser les ambitions des uns et des autres. C’est une gageure, l’inédit, l’impensable. Ce sera cela le tour de passe-passe de la culture politique en Afrique subsaharienne. Cependant on perdrait surement moins à gager que le modèle togolo-congolais fera école en Afrique. EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
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