LES PIEGES DE OUATTARA
Dramane Ouattara aurait bien pu être en sécurité chez lui, barricadé sous le vigilent gardiennage de l’armada onusienne. Puisque la mission dare-dare remaniée des casques bleus en Côte d’Ivoire-la protection de la population civile n’est qu’une grotesque "couverture" qui n’abuse personne- ne se résout plus qu’à cela : veiller sur l’élu de la communauté internationale. Si tant est que cette nébuleuse n’ait jamais "nommée" un président où que ce fut dans le monde. En se refugiant à l’hôtel du Golfe, Ouattara, qui au vrai n’était poursuivi par personne, a voulu marqué un signe fort, symbole du nouveau statu quo. Il voulait faire paraitre Laurent Gbagbo comme un dangereux dictateur capable d’attenter à la vie de son adversaire pour conserver le pouvoir. Pour victimaire qu’elle fut, même jusqu’à la caricature, l’idée qu’un "vainqueur" des élections soit contraint à l’exil dans son propre pays, a fait mouche. Surtout que les médias du monde entier ont relayé, avec une évidente délectation, le burlesque de la situation : une tragi-comédie dont l’Afrique seule détient le secret. Or donc en voulant ainsi "piéger" l’opinion internationale pour appeler sa sympathie à sa cause, Ouattara se retrouve aujourd’hui lui-même piégé. Il n’avait jamais imaginé que sa volontaire séquestre durerait aussi longtemps ; parce qu’il s’était facilement laissé convaincre- par l’éminence grise Guillaume Soro sans doute- que les puissants de ce monde dont il avait la faveur le couronnerait rapidement Calife à la place du Calife. « Arroseur arrosé » ou piégeur piégé, la moralité demeure la même : n’est pas tendeur de pièges qui veut. Ouattara n’est pas Soro, loin s’en faut ! Une autre trouvaille- au fur et à mesure il faut jouer d’imagination- a consisté à frapper au porte-monnaie. Le "gel des avoirs à l’étranger". D’ordinaire c’est un pécule amassé sur le dos du peuple, un trésor mal acquis, une sorte de dime dont on se rétribue "pour bons et loyaux services rendus à…soi-même". Cependant entre les expertes mains occidentales cette épée de Damoclès a toujours constitué une redoutable arme de dissuasion. Sa seule évocation épouvante les nombreux délinquants au pouvoir en Afrique. Désagréable surprise en ce qui concerne Laurent Gbagbo. Tous sont abasourdis de découvrir que l’homme ne possède ni somptueuses propriétés en France, ni faramineux comptes de banque en Suisse, même pas une berline de luxe, rien dont on pourrait avoir le plaisir de saisir. Gbagbo ne serait donc pas Bongo (père et fils) ou Sassou Nguesso ? « Et pourtant Dramane et Guillaume nous avaient assurés… ». Mais les deux compères assuraient aussi qu’il fallait "frapper" du côté de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Seulement on avait là aussi "oublié" qu’Abidjan en était, avec Lagos, le plus grand contributeur…Et que les recettes provenant des exportations ivoiriennes demeuraient, à ce jour encore, sous contrôle de Gbagbo. Advenant un embargo économique, Chinois, Russes et même Brésiliens ou Indiens ne s’y sentiraient pas tenus. Bien de pays émergeants ne seraient pas fâchés d’occuper le terrain ainsi laissé vacant. Il en va de même des accords sur les armes. Qui pourrait réellement empêcher l’Iran de commercer dans ce domaine avec la côte d’Ivoire ? Rien de tout ceci ne serait fait, au vrai, pour affecter considérablement les États-Unis, le Royaume-Uni, ou le Canada… Mais la France, très certainement.
La guerre des mots
Entretemps la désinformation, "intox" en langage diplomatique, bat son plein. On n’en finit pas de parler des charniers dont personne ne peut désigner l’emplacement. Ouattara lui-même apparait à la télévision, la mine affligée, pour prévenir la planification d’un génocide par le camp adverse. L’œil déconfit et la voix enrouée par un sanglot retenu, le "président de la république du Golfe" annonce qu’il ne peut supporter la vue du sang versé d’un seul Ivoirien. Comme pour faire oublier que le même Ouattara prit en son temps, et sans les mêmes scrupules qu’il manifeste opportunément aujourd’hui, la tête de la rébellion des Forces nouvelles. Et que ce bras armé de son mouvement politique laissa la Côte d’Ivoire exsangue. Cette spectaculaire volte-face s’explique par la nouvelle stature de président, laquelle commande certains aménagements dans la posture. Pour paraitre rassembleur, le discours doit désormais transpirer l’apaisement. L’homme a certainement changé ! Mais ça, c’est le côté jardin. Or donc côté cour, et immédiatement dans le sillage du "bon Ouattara"- à croire qu’ils se sont inspirés des polars américains- vient toujours un Guillaume Soro saisissant de réalisme dans son rôle du méchant. L’air courroucé il agite en permanence le spectre d’une guerre dont tous savent qu’il ne peut plus déclencher seul. Le gros de ses troupes, les Forces nouvelles, a d’ores et déjà été démantelé, désarmé, démobilisé ou intégré à l’armée régulière ivoirienne. Mais il affecte à l’endroit de qui veut l’entendre, c’est-à-dire de la communauté internationale, qu’il a encore la puissance de feu suffisante pour mettre le pays à feu et à sang comme jadis ! Un bluff dont il use abondamment ; puisque manifestement ses envolées va-t-en guerre- ainsi que d’ailleurs les intimidations des étrangers- ne sont pas faits pour terrifier Laurent Gbagbo. Le message est également bien reçu par Ouattara. Il lui est indiqué les limites que sa tempérance ne doit dépasser. Car à l’heure actuelle pour Soro, un compromis, n’importe lequel, équivaudrait à compromettre ses intérêts au demeurant fort mal engagés.
Qui peut faire la guerre en Côte d’Ivoire ?
Quoique les uns et les autres prétendirent afin de placer Gbagbo sous pression, chaque jour qui passe voit s’éloigner piteusement "l’option militaire" dont Ouattara et Soro attendaient tant. La première défection a été française ; preuve s’il en était que, même pour Sarkozy, les intérêts de la France ne sont pas nécessairement ceux des Ivoiriens ! En répétant depuis, à l’envie, que Paris n’interviendrait pas militairement en Côte d’Ivoire, le président français semble avoir recouvré ses esprits. Au vrai il n’a eu d’autre choix que de subordonner ses sentiments personnels aux conséquences incalculables pour son pays d’une guerre africaine. Realpolitik oblige. Nul à Paris comme dans l’Union européenne ne l’aurait accepté. Il y a eu George W. Bush, pour savoir ce que désormais il ne faut pas faire. Mais pas seulement, les Français résidents en côte d’Ivoire ne veulent plus réitérer la traumatisante expérience de jadis : tout abandonner dans cet eldorado africain sans contrepartie réelle dans l’Hexagone. Eux sont neutres, ils veulent que leur gouvernement le soit également. C’est cela les protéger, au lieu que de les exhorter à vider les lieux comme des mal propres. Surtout que nul n’ignore que Gbagbo n’a jamais nui aux intérêts de la France en Côte d’Ivoire. Tout au contraire : de grandes entreprises françaises se sont vues octroyer des contrats de gré à gré, sans appel d’offre. Ni Bouygues, ni Bolloré ne s’en plaindront vraiment…
En Afrique même les candidats à l’expédition punitive ne se bousculent pas au portillon, contrairement à ce que veulent faire croire certains des plus irréductibles dictateurs. Ceux justement qui mériteraient mille fois plus que Gbagbo, au regard de leurs méfaits sur leurs populations, que la force leur soit appliquée afin qu’ils libérèrent un pouvoir sauvagement usurpé ! Le Ghana s’étant officiellement désisté, le Nigérian Goodluck Jonathan-tous les espoirs des "putschistes internationaux" ne reposent plus que sur lui- devra d’abord se dépêtrer des ses propres tourments internes avant de songer à voler au secours d’Alassane Ouattara. La légion s’amenuisant comme peau de chagrin, en l’absence du Nigéria on ne devra plus compter que sur le président à vie du Burkina voisin. Ce "médiateur des causes plus nobles que la sienne" a déjà par le passé alimenté la rébellion des Forces nouvelles. Ses accointances avec Ouattara sont avérées. Blaise Compaoré- il s’emploie depuis à ne pas rompre un mutisme qui confirmerait la suspicion que tous ont d’office en son endroit- devrait logiquement être tenté " d’y aller". Et ce malgré le fait que la Côte d’Ivoire regorge de milliers des ressortissants burkinabè. Leur sécurité ne devrait guère peser lourd sur la balance si ce potentat, qui est décidément moins intègre que son peuple, trouvait son intérêt personnel à en découdre une fois de plus avec Gbagbo. Sénégalais et Maliens sont logés à la même enseigne. Plus que la France, la présence massive des leurs concitoyens en Côte d’Ivoire constitue un donné non négligeable dans leur décision de marcher sur Abidjan. Entre le risque des représailles sur leurs ressortissants, et la capacité d’accueil de leurs pays respectifs en cas d’un reflux massif des réfugiés, il faut choisir. C’est à un réel jeu de poker menteur que sont confrontés les dirigeants de ces pays. Surtout qu’advenant une guerre dans laquelle ils auraient imprudemment engagés leurs armées, il est à craindre que peut-être des millions d’Ivoiriens y perdront nécessairement la vie. Alassane Ouattara ne pourrait pas empêcher que des étrangers, ou ceux considérés comme tels, soient pris à partie par la population demeuré loyale à Gbagbo. De prétendre le contraire est une fumisterie. A moins de se résigner à les considérer comme des victimes collatérales. « On ne peut faire d’omelette sans casser les œufs », peut-être ? Sauf qu’ici il s’agit d’êtres humains !
Pittoresque et…stupide sont les sorties répétées du Kenyan Raïla Odinga. Par sa fermeté acharnée manifestée au quotidien contre Gbagbo il s’ingénie, de la manière la plus lâche qui soit, à passer des messages subliminaux au président avec lequel il a été contraint de partager le pouvoir. Le premier ministre kenyan pense avoir trouvé à épancher sa frustration dans un jeu de miroirs convexes et vexés. Le voilà donc justicier en Côte d’Ivoire, les mains encore dégoulinant du sang des populations civiles de son pays, alors que son véritable combat est ailleurs. Décidément, les hommes politiques africains, lorsqu’ils n’ont pas les moyens de leur politique, ne savent afficher le courage de leurs ambitions. Ou vice-versa. Sauf peut-être un certain Laurent Gbagbo... Il le paie aujourd’hui très chèrement. EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
3 Comments:
merci emery
tu fais un excellent travail
on te lit et on te relaye
amities saper aude
http://indignez-vous.hautetfort.com
Bonjour,nous demandons avec exigence maintenant a la liberation du Senateur Jean Pierre Bemba .Occampo ca vouu coutera tres cher cette tete intelectuelle .
Nous demandons la liberation immediate de jean pierre bemba ,nous avons besoin du Senateur pour a presidentielle .Si la justice ne sra pas a la cpi pour le SENATEUR,occampo cette tete vous coutera tres cher.
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