vendredi, septembre 15, 2006

LES TRIBUNAUX DE L’INIQUITÉ

Double standards au Proche-orient


Les temps présents sont propices à la servilité : il y a donc cohue devant les portes de l’état hébreu. C’est à qui démontrera la plus grande déférence, son indéfectible loyauté envers Israël. Et ce… en toute circonstance! Ce qui n’était jadis que la profession de foi des seuls États-unis semble avoir gagné le cercle restreint des puissants. Telle une pernicieuse poussée de fièvre. La raison de cette massive adhésion, proclamée irrévocable, même si elle ne se nourrit pas dès les mêmes motivations, demeurera probablement occulte. Sinuant sur les vois tortueuses des intérêts particuliers. Précisément. Mais ainsi que pour tout affaire de foi celle des gouverneurs de la terre est aveugle. Comme trop souvent les bombes de Tsahal…
Il y a péril en la demeure. Puisque les "gardiens des sceaux" mondiaux sont à la fois juges et partie.
EMERY G. UHINDU-GINGALA

La multiplicité (la prolifération) actuelle des canaux et des moyens de communication, et surtout leur accessibilité à tous, ont abruptement levé le voile naguère pudiquement jeté sur les horreurs du monde; inaugurant un nouvel ordre mondial de l’information qui nivelle les prétentions : Finies les disparités entre des élites sachant et la "plèbe" ignorante.
La démocratisation de l’information est bien réelle. En ce sens qu’on sait désormais la même chose. Partout. Même si sans la même profondeur, même sans la nécessaire connaissance en filigrane qui explique. En tous les cas on VOIT! Le miniscule écran d’un téléphone portable au fond des bidonvilles de Calcutta MONTRE- et peut même capter!- les mêmes images que celles qui défilent grandeur nature sur les écrans géants des villas cossues de Bel Air ou de Genève…Mais aussi dans les territoires palestiniens et dans tout le monde arabe! Aucun effort de dissimulation ne peut désormais réussir à occulter durablement le quotidien du Proche-orient. Les "folkloriques" épisodes de l’Intifada I et II (ces tirs au lapin visant des enfants armés des pierres susceptibles de détruire l’état d’Israël) viennent récemment d’être surclassés par l’infanticide perpétré au Liban par Tsahal, l’armée israélienne. Live. Pour le bénéfice des deux autres enfants-soldats Israéliens kidnappés par les milices libanaises du Hezbollah…Auquel a suivi une aveugle destruction. La réaction, la réponse de Tel-aviv a été jugée "modérée" par plusieurs. Surtout par ceux dont la voix ne compte pas. A l’instar du nouveau gouvernement conservateur canadien fidèlement aligné sur les États-unis. Jouant des coudes, Ottawa s’est empressée au premier rang des indéfectibles d’Israël. Faisant, en la matière, plus royaliste que le roi américain lui-même. Cependant que le monde entier assistait, stupéfait et bouche bée, au démantèlement méthodique des infrastructures du Liban par Israël. Jour après jour, pendant un mois, chaque jour apportant son lot d’horreurs. Sous le couvert des tractations de façade, on laissait à l’État hébreu le temps de finir sa macabre besogne. Il a fallu Qana, comme ce fut jadis Sabra et Chatillah, pour que les volontés politiques, bousculées par les opinions publiques, sortent paresseusement de leur léthargie. Il a fallu que l’opinion internationale, constituée en jury, contraigne l’arrêt des juges du conseil de sécurité de l’Onu, pour que le verdict ne voue tout simplement pas le Liban à la destruction totale. Il a fallu le courage de Koffi Anan et, dans une moindre mesure, celui de Jaques Chirac pour que les hostilités prissent fin. Beaucoup d’enfants Libanais leur devront de vieillir.
C’est tout cela que le monde entier a vu et sait. Le reste est de la politique.

Terroristes…et terroriste
Plus que jamais, les populations Arabes sont encrées dans la conviction que les dirigeants de la communauté internationale sont laxistes dans le traitement du conflit israélo-palestinien. Ainsi d’ailleurs qu’à propos de toute question concernant Israël, "l’enfant gâté" à qui l’on passe tous ses sanglants caprices.
Cette perception suscite et nourrit les candidatures à l’action terroriste dans les Proche-orient. Indéniablement.
Pis, dans les territoires palestiniens occupés- et souvent bouclés- la misère, le manque de liberté, les incursions intempestives de Tsahal, les destructions des maisons, le mur qui désapproprie, les humiliations quotidiennes, le désespoir de toute une jeunesse (la majorité de la population), le mutisme de la communauté internationale…constituent bien plus qu’une simple perception. C’est un donné objectif qui affectent les Palestiniens depuis plus d’un demi-siècle! Rien d’étonnant à ce que Gaza et les territoires environnants soient un terreau fertile à la vocation terroriste dans sa forme la plus exaltée, le martyr. Qui plus est, la récente guerre au Liban, mais surtout les partiales réactions qu’elle a suscitées parmi les "grands", aura très durablement instruit les Arabes du double standard au Proche-orient. Ils y ont nettement vu - mais pas seulement eux- de l’injustice doublée de la plus basse hypocrisie. De la part de ceux qui jugent. Et qui sont partie à la cause…d’Israël!
Car les actions de l’armée israélienne dans les territoires palestiniens sont loin de n’être que des réactions. Elles sont parfois menées sans que rien ne les ait laissé présager, et ce même en temps de paix, endeuillant de manière indifférenciée les familles des résistants et celles des paisibles citoyens. Les groupes qui d’ordinaire se livrent à de telles perpétrations sont dare-dare fichés sur la liste des organisations terroristes, laquelle est soigneusement tenue par les juges de paix du monde. N’existe-t-il pas déjà une liste des états voyous et celle des pays soutenant le terrorisme? Comment Israël fait-il donc, au vu des exactions souvent gratuites portées sur le compte de son armée, pour ne pas figurer en tête de liste des états terroristes, puisque le terrorisme d’état est bien une réalité du droit international. Puisque les populations palestiniennes vivent réellement dans la terreur. Puisque les assassinats ciblés participent d’une stratégie confinant à l’action terroriste plutôt qu’à ce que l’on est en droit d’attendre d’une armée régulière. Et digne de ce nom. Puisque la guerre préventive est prohibée par l’Onu. Puisque- et ce n’est hélas pas le moindre- une partie d’un gouvernement et d’un parlement démocratiquement élus ont été enlevés (interpellés ou arrêtés, selon les médias occidentaux) et sont séquestrés dans les geôles israéliennes…
Dès quels autres critères devrait-on désigner un état terroriste, même si, et c’est de notoriété publique, l’état hébreu surplombe les critères et les résolutions de l’Onu. Dans un assourdissant silence de la communauté internationale. Et ce même au sein de la ligue arabe qui se tient depuis trop longtemps coi. À se demander pour quelles fins cet aréopage des dictateurs plus ou moins élus se réunit…


Souriez, on vous regarde…
Aidée, éclairée par l’inexorable et formidable avancée des technologies de l’information, l’opinion publique internationale s’est, du simple témoin passif, haussée vers le statut d’acteur international d’envergure. Même si elle n’est pas homogène et ne constitue pas- loin s’en faut- un bloc monolithique. Elle se pose cependant en entité supranationale porteuse (et portée par) des valeurs humanitaires, humaines : La voix des "frères humains" crie désormais haut et fort contre la barbarie. Toutes les barbaries! Récusant les circonstances atténuantes évoquées a posteriori. Au profit des uns. Les mêmes circonstances qui aggravent les positions des autres. Ce regard moral constamment braqué sur le monde réoriente les visions, came les ardeurs, interroge les visées, leurs causes et effets, contraignant les politiques à plus d’humilité. Plus d’humanité…
Mais sans pour autant que ceux qui se sont assignés pour vocation de penser (et arrogés le droit de décider pour tous) en acquièrent plus d’intelligence et de sagesse dans l’administration des affaires de l’humanité. Tout étudiant en médecine est instruit de l’inefficacité d’un traitement prétendant vouloir éradiquer un mal en agissant seulement sur ses symptômes; sinon qu’en cas d’urgence; occultant les causes de son origine. Il en est ainsi du Proche-orient : on répare, à coups des milliards ce que Israël détruit impunément. On vote des résolutions auxquelles Tel-aviv dit ne pas sentir liée. Des tournées en Quartet, les conférences se succèdent et se ressemblent, il y est question de "dons pour aider à la reconstruction", jamais de ce qui a causé la destruction! Sauf que trop souvent causes et effets se retrouvent inversés, et même confondus, selon le bon vouloir des uns et des autres.
Il est tout simplement impensable que les dirigeants du "monde libre" soient enfermés dans une incompréhensible logique de pompiers. Et qu’ils réagissent au lieu d’agir.
Incompétence ou choix délibéré d’un aveuglement volontaire.
La sagesse est parfois une vertu très lourde à porter au sommet du pouvoir…
EMERY G. UHINDU-GINGALA