LA PALESTINE À L’HEURE DU HAMAS
CETTE DÉMOCRATIE DONT PERSONNE NE VEUT
La communauté internationale affûte ses armes. Il est midi dans les territoires occupés palestiniens. C’est l’heure du Hamas. Le nouveau gouvernement dirigé par Ismaïl Haniyeh vient d’être assermenté. Aussitôt après, comme un seul homme, les plus gros donateurs de l’aide directe aux Palestiniens (Le Canada, les États-unis et l’Union européenne) annoncent la révocation de leur support financier à l’Autorité palestinienne. En guise de représailles. Ouvertement. Comme si tous ces pays s’attendaient à ce qu’il se passât quelque chose- quelque part entre l’élection du Hamas et l’investiture de son gouvernement- qui serait venu annuler le verdict populaire.
Égal à lui-même, Israël, a contrario, avait été plus conséquent. Et plus rapide : Dès l’annonce de la victoire du Hamas l’état Hébreu décidait de retenir les 50 millions de dollars mensuels perçus à titre de taxes- pour le compte des Palestiniens- et généralement reversés à l’Autorité palestinienne. Un point c’est tout.
Nord-américains et Européens tombaient ainsi à bras raccourcis sur le peuple palestinien, lui faisant amèrement payer son choix. La punition est aussi cuisante qu’aveugle. On la croirait directement inspirée par les actions incontrôlées de Tsahal face à l’Intifada. D’autant que ces dons directs constituent l’unique source de revenus réelle de l’Autorité palestinienne pour la régulation de la vie quotidienne. Les suspendre, c’est paralyser toute l’administration sociale dans les territoires occupés, c’est asphyxier la pulmonaire économie palestinienne, c’est vouloir annuler l’exercice du pouvoir du nouveau gouvernement formé par le Hamas. C’en est presque un acte de guerre. Au- delà du simple apostolat politique.
L’immoralité de l’acte- où le chantage éhonté se conjugue à l’injustice- convoque l’arbitrage des principes démocratiques. Autant dans leur strict entendement que dans leur articulation universelle.
Du Proche au Moyen- Orient, les territoires palestiniens constituent aujourd’hui la seule entité arabe véritablement démocratique. Si l’on considère que l’Irak, malgré toute l’énergie déployée par les laborantins de Washington, demeure un pays de non- droit.
Le fait, notable et insolite, est curieusement ignoré de tous. Nul ne semble réellement s’étonner, du moins ouvertement, que la démocratie ait ainsi aisément germée là où on ne l’attendait pas…Cependant que tous s’émeuvent, en se congratulant abondamment, des caricatures afghanes et irakiennes.
Les Palestiniens ont voté librement en ce mois de janvier. Ils ont choisi, dans leur majorité, ceux qu’ils voulaient voir présider à leur problématique et incertaine destinée. En conformité avec les principes démocratiques universellement reconnus. Selon les vœux, les exigences, de la communauté internationale. Et c’est paradoxalement à ce choix qu’ils doivent d’être aujourd’hui ostracisés par les bailleurs des fonds internationaux.
Lors même ceux-ci allèguent officiellement, pour justifier leur inique et complaisant arrêt, que le nouveau pouvoir palestinien a omis de reconnaître l’existence de l’état d’Israël.
Mais qui, au vrai, s’attendait à ce que le Hamas change sa profession de foi aux premiers jours de son administration? La logique qui organise cette offensive somme toute préméditée s’apparente au douteux syllogisme de Élie Wiesel. Le Prix Nobel de la paix (1986) pose qu’en votant pour le Hamas les Palestiniens votaient pour la disparition d’Israël…Puisqu’ils savaient que c’était là l’objectif majeur du Hamas. Donc…
Il faut le vouloir pour le croire.
Pourquoi le Hamas?
Indéfiniment occupé, colonisé, humilié, tracassé, le peuple Palestinien dans sa misère quotidienne ne pouvait se suffire du seul discours du Fatah, pour militant qu’il ait jadis été, quand les actes ne suivaient pas. Le Fatah, usé par le pouvoir, abîmé dans la corruption, n’avait plus aucune prise réelle sur une population dont il s'était élégnoinée depuis trop longtemps déjà; et à la survie de laquelle il ne savait plus répondre. Une aubaine pour le Hamas. Le mouvement islamiste s’empressa d’occuper le terrain de l’idéologie et de la socialisation, par des actions de proximité plus efficaces qu’aucun discours, pourvoyant à l’éducation et aux soins de santé, distribuant nourriture et biens de première nécessité à une population exsangue. En une prise en charge humanitaire!
Les Palestiniens s’en sont tout simplement souvenus. Les considérations propres à l’existence de l’état d’Israël, nécessairement sous- ordonnées à la survivance quotidienne, n’ont d’ailleurs jamais constitué un enjeu de la campagne législative palestinienne qui a portée le Hamas au pouvoir.
La mauvaise foi seule, couplée à la traditionnelle complaisance envers Israël, a pu conduire les donateurs internationaux à révoquer la précieuse aide dont dépend toute la vie des territoires occupés. Ils ont délibérément choisi d’ignorer les désastreuses conséquences, mais au demeurant sues de tous, qu’une telle attitude pouvait, devait nécessairement entraîner sur les populations palestiniennes. La guerre d’usure n’aura durée que trois mois. Assez pour que la situation dans les territoires occupés avoisinât le pire; tout étant finalement venu à manquer. Mais sans que le peuple, qui sait ce que oppression veut dire, n’ait renié son choix démocratique. On imagine que d’aucuns, les Européens surtout, ne souhaitaient voir se répéter en Palestine la catastrophe humanitaire dramatiquement endurée par les Irakiens une décennie durant, à cause des sanctions internationales, aux lendemains de la guerre du Golfe.
Volte face donc : On recule, on veut rétablir les aides directes, mais sans avoir l’air de céder, "le quartet" (L’union européenne, les États-unis, la Russie et l’Onu) s’en charge. Même Israël en est troublé- et c’est une première- au point de décider, toujours unilatéralement, de rendre l’argent de leurs taxes aux Palestiniens. Le bon sens, qui semble actuellement faire cruellement défaut aux Occidentaux, est à rechercher du côté de l’État hébreux. Le nouveau ministre de la défense Israélien, Amir Peretz, a avertit que l’isolement du Hamas était contre productif et pouvait, à terme, se retourner contre son propre pays.
Et c’est toujours en Israël, mais dès ses geôles, que des leaders Palestiniens- dont le jeune et très populaire leader du Fatah, Marwan Barghouthi- proposent des solutions, saluées par le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Le moindre mal
Le premier ministre Palestinien Ismaïl Haniyeh a omis, lors de son discours d’investiture, de revenir sur ce controversé article de la constitution du Hamas qui prône la disparition d’Israël; s’attirant l’ire de la communauté internationale- par donateurs interposés.
Mahmoud Ahmadinejab, le président Iranien, ne fait pas qu’omettre lui : il dit, il déclare à qui veut l’entendre, c’est-à-dire à la face du monde, qu’Israël doit être rayé de la carte du monde! On préfère crier au fou. Pour ne pas avoir à faire face. Puisqu' il y a le nucléaire, la bombe, il y a danger…ailleurs que là où on le voit pour le Hamas : dans un slogan, un volontarisme pour l’accomplissement duquel le mouvement islamique ne possède aucun moyen.
Il faut là plus que de la mauvaise foi pour croire que le Hamas peut effectivement menacer l’existence de l’état hébreu. Même s’il faut néanmoins admettre que le principe de la négation et de l’éradication d’Israël n’a pas sa raison d’être. Mais on ne peut prétendre l’abolir en affamant toute une population. On ne peut assumer sans sourciller que des enfants Palestiniens puissent décéder par milliers dans des hôpitaux devenus de véritables mouroirs. Dommages collatéraux?
Ceci ne saurait être justifié par cela.
Dans ce cas-ci comme dans les autres la tentation est toujours grande de sévir sur le plus faible.
Il y a peu, le Fatah partageait l’opprobre jeté sur le Hamas. Et Yasser Arafat, quoique prix Nobel de la paix, était indésirable partout en Occident, abhorré de tous. Aujourd’hui, on en est presque à le regretter devant l’intransigeance du gouvernement de Ismaïl Haniyeh.
Tous auraient souhaité que le parti du défunt Abou Ammar (Yasser Arafat) l’emporte aux législatives de janvier dernier. Il vaut mieux transiger avec le diable que l’on connaît plus tôt qu’avec celui qu’on ne connaît pas.
Le peuple en a décidé autrement, courageusement, démocratiquement!
Même si pour son plus grand malheur : Ce n’est pas de cette démocratie-là dont il était question… Toujours cette politique du moindre mal qui débouche sur les pires maux. Trop souvent.
Il est des stupidités que l’on ne doit point imputer à tous. Autant pour le Hamas que pour la communauté internationale.
EMERY GINGANJ UHINDU-GINGALA
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