LES DOUZE TRAVAUX D’OBAMA
Les attentes à l’endroit de Barack Obama étaient si élevées qu’il ne pouvait que les décevoir après…un peu moins d’un an aux affaires ! Sauf à considérer que, "dans les circonstances", le président américain a fait bien plus qu’on ne pouvait humainement attendre d’un autre que lui ! Tous les citoyens de la terre- puisque tous l’ont élu- espéraient d’Obama des miracles qui ne pouvaient évidemment pas venir. Et pour cause…
EMERY G. UHINDU-GINGALA
Peu de gens-en Amérique ou ailleurs dans le monde- ont eu à interroger le bilan politique de George W. Bush au terme de sa première année de présidence. Mis à part bien évidemment ses adversaires démocrates d’alors dont c’était le rôle. Ainsi qu’on le concède à un enfant légèrement attardé, et duquel on attend le pire, toutes les autres turpitudes du président W. Bush constituaient le moindre mal. Et même à la fin de son premier mandat le commun des mortels aurait échoué à imputer quelque évaluation (positive ou négative) à l’action du 43è président américain ; tant cette dernière était quasi inexistante. Bush ne s’illustra alors qu’en faisant la guerre que Al-Qaïda lui avait opportunément inspirée. Autrement l’homme ne serait probablement demeuré qu’un obscur dilettante auquel nul n’aurait songé à octroyer un inutile- et désastreux- deuxième mandat.
Les choses en vont autrement pour son successeur Barack Obama. De lui tout le monde, et surtout chacun, attendait qu’il réglât ses problèmes personnels dans les jours qui suivaient son entrée à la Maison blanche.
Que n’a-t-on été surpris d’entendre des jeunes Chinois, lors du passage du président américain dans leur pays, qu’ « il n’a encore rien fait… ». Mais qu’était-il donc censé faire pour eux ?
C’est dire que l’homme demeure au centre des préoccupations de ses contemporains de par le monde. Barack Obama continue à susciter des espérances démesurées, déçues pour certains, une profession de foi confessée par les plus dévots. Partout l’homme parait tel ce messie que rien cependant n’annonçait seulement un an avant qu’il ne remportât l’élection présidentielle ! Le fait, parce qu’inusité, contribue justement à lui conférer une aura quasi mystique : s’il a pu cela, il peut tout…
L’héritage
La "mission" que Barack Obama a acceptée consiste à gérer le quotidien, dont on comprend bien qu’il ne peut sagement attendre, et corriger les égarements de son prédécesseur. Il va sans dire que la lourdeur du passif- un héritage en forme de cadeau empoisonné- entrave la marche de la nouvelle administration. Qu’à cela ne tienne, les effets pervers de la politique de G. W. Bush sont à ce point nuisibles que l’actuel président est poussé à agir vite ; sinon que dans la précipitation.
Dès les premiers jours de sa présidence Barack Obama s’est retrouvé confronté à la banqueroute d’une économie sinistrée par les expéditions punitives initiées par l’ancienne administration ; ainsi qu’à la crise financière dans laquelle une tradition du laissez-faire (dogme sacro-saint censé émuler les individualités) a précipité les banques américaines. Le nouveau président a diligemment pris des mesures décriées en leur temps tant elles étaient impopulaires : d’aller ainsi à la rescousse des institutions financières en les subventionnant à coup de milliards de dollars peut être perçu, même en Amérique, comme un traitement de faveur à l’égard des plus nantis! D’autant que ce sont les imprudentes et mercantiles manipulations de ces "enfants gâtés" qui ont conduit à gripper la mécanique, les entrainant dans la chute. Et le monde entier avec eux !
Certes la vigoureuse intervention de Barack Obama a permis de circonscrire la crise financière et de sauver de la faillite les banques de son pays. Mais les effets pervers concomitants s’étaient entre temps répandus, telle une métastase, sur "l’économie réelle". Laquelle s’est retrouvée larguée par le système financier comme une trop pesante cargaison. Partout le taux de chômage continue de culminer au même rythme que les pertes d’emplois dues aux "restructurations" ; sinon carrément qu’aux fermetures des entreprises asphyxiées par un insupportable endettement. Là encore la grogne se fait entendre dans la population américaine. Les adversaires du président ont alors beau jeu de répandre cette profession de mauvaise foi- et les nouveaux chômeurs y sont sensibles- que les actions du président n’ont servi à rien !
Santé et idéologie
Vu de loin, on demeure perplexe devant la cohorte des manifestants américains hostiles au projet de couverture de soins de santé pour tous ! L’Américain moyen, même celui qui paie un prix exorbitant pour son assurance médicale, ne comprend pas ces "velléités socialisantes", dès lors qu’il s’agit de la santé ; cependant que nul ne réprouve que l’état subventionne à tour de bras les riches fermiers agricoles, les entreprises aéronautiques, et aujourd’hui les banques et les grands constructeurs automobiles. Un paradoxe qui n’est pourtant pas une énigme : Dans leur incessante quête de la moindre figure héroïque, et que cette dernière soit un escroc de haut vol n’y change rien, les Américains éprouvent pour les riches- une fin à atteindre, "American dream" oblige- une indulgence que ailleurs on prête aux pauvres ! Ainsi donc la gratuité- et ceux qui prétendent en bénéficier- attire la suspicion. Les nantis, qu’ils soient Bill Gates ou Bernard Madoff, font figure de modèles. Tandis que d’émarger au budget des "payeurs d’impôt" confine à l’infamie ! Parce que ce sont là des pratiques qui relèvent du communisme, et même du fascisme, confessent volontiers ceux qui sont peu regardant su les épithètes. D’Adolphe Hitler et Staline à Obama, les raccourcis ont été abondamment empruntés sans que l’on ne sut vraiment pourquoi.
Or donc Barack Obama a hérité de la quasi totalité de tout ce qui fait aujourd’hui litige aux Etats-Unis. Ainsi, et l’on pourrait l’oublier, l’épineux dossier de l’assurance-santé est une gracieuseté de l’administration Clinton. Pas de Bill, mais d’Hillary sa femme, aujourd’hui secrétaire d’Etat devant Obama. Elle fut jadis chargée par son président de mari- on dit d’ailleurs qu’elle se l’appropria derechef- de proposer aux deux chambres le projet de cette fameuse et fumeuse tentative d’une assurance-santé s’étendant à tous les Américains. Avec le résultat que l’on sait.
C’est Hillary Clinton qui a imposé à Obama que ledit projet fut prioritaire dans son premier mandat. Négociant la paix, elle l’exigea pour préalable à l’acceptation des nouvelles fonctions qui lui étaient proposées. Avec le résultat que l’on ne sait pas encore…
On sait seulement que le président américain est déterminé à mener à son terme ce procès. Et quoiqu’on prétendit ci et là, peu, au vrai, ne doute qu’il y parviendra. Même si après de notables concessions à des adversaires qui n’ont vraiment pas d’autre choix que d’entériner les desideratas du président !
"Pax Obama"
L’accession de Barack Obama à la Maison blanche a eu pour effet certain de relâcher les tensions entre l’Amérique et le reste du monde. Il est vrai que la politique belliqueuse- et manichéenne- de son prédécesseur avait considérablement "empoisonné" les relations internationales. Et même si le monde, loin s’en faut, ne connait toujours pas la paix, un certain apaisement préside aux implications des camps jadis retranchés ! Or donc de "la main tendue" du président américain aux musulmans du monde entier, et particulièrement à l’Iran, d’aucuns y ont vu de la faiblesse ; tandis que pour les autres il s’est agit d’un geste d’ouverture chargé de symbolisme. Surtout en ces temps troublés où Satan est l’un ; et "le grand diable" l’autre !
Avec un président qui traite tous ses homologues d’égaux- et en égal- l’arrogance ne semble plus être l’autre nom des Etats-Unis. Après moins d’un an au pouvoir Obama a réussi le tour de force d’humaniser l’image de "l’Oncle George" ; que l’autre George- le "W"- avait contribué à diaboliser. Est-ce fortuit le fait que le président américain est plus populaire que tous ses…égaux dans leurs pays respectifs ? Hormis peut-être (et paradoxalement) en Israël, "l’ami et allié" de toujours…
Et Israël justement : l’élection législative qui a amené Benyamin Netanyahou au pouvoir a eu pour effet pernicieux d’attirer toute la classe politique vers la droite. Durant la campagne tous les candidats surfaient allègrement sur la vague porteuse du "tout sécuritaire". Dans la surenchère, c’était à qui incarnerait le mieux la posture la plus agressive et la plus cruelle envers les Palestiniens. Surtout ceux de Gaza coupables d’allégeance envers le gouvernement pourtant démocratiquement élu du Hamas !
Résultat, en Israël la gauche n’existe plus. Tous barrent « à droite toute ! » par calcul politique. Mais aussi par conviction. Car, à l’inverse, à Tel Aviv on ne revendique son adhésion à la paix avec les Palestiniens que pour le monde extérieur. Or donc la crainte de décevoir à l’interne- et donc de perdre les élections- est plus forte que l’image que l’on présente sur le plan international. Ainsi que tous les observateurs de la scène politique internationale ont eu à le constater, il n’y a actuellement en Israël aucun leader d’envergure : une personnalité forte et capable de risquer le pari de la paix sans craindre un suffrage négatif du peuple ! A l’instar d’Itzhak Rabin ; et même d’Ariel Sharon qui, peut-être sentant sa fin prochaine, s’était mué en adepte imperturbable de la paix avec les Palestiniens. Kadima, le nouveau parti de centre-gauche qu’il mit sur pieds avait pour but de faire échec aux accointances que les "Travaillistes", auxquels il appartenait alors, manifestaient avec la droite. Après "l’affairiste" Helmud Olmer, Kadima est aujourd’hui dirigé par Tzipi Livni, une égérie assoiffée de pouvoir et… de sang palestinien ! Une Golda Meir en somme ; mais sans l’excuse d’un contexte jadis incertain : Israël est actuellement un Etat puissamment armé et disposant de l’arme nucléaire. De plus, la plus puissante armée du monde- les Etat-Unis- est l’alliée inconditionnelle de l’Etat hébreu. Face à des Palestiniens qui ne possèdent même pas un seul char de combat !
Or donc de l’autre côté du "Mur" : des Palestiniens divisés en deux entités qui s’observent en chien de faïence. Le Hamas qui s’indigne violemment de ce que sa victoire démocratiquement acquise par les urnes ait été disqualifiée par la quasi-totalité de la communauté internationale… Quant au Fatah, son leader et président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour s’être inscrit en faux envers son désormais "frère ennemi" Ismail Haniyeh du Hamas, parait comme l’allié naturel d’Israël ! Abbas offre aujourd’hui la désastreuse image du "traitre à la cause commune" !
Le président palestinien n’est pas, loin s’en faut, Yasser Arafat. "Abou Amar" avait su, ainsi que personne après lui, cristalliser les différentes factions palestiniennes autour de la seule cause qui comptât vraiment : la résistance face à « l’occupant et oppresseur » israélien !
D’un côté comme de l’autre du mur de séparation on retrouve le même archétype de leadership : des politiciens ! Les uns et les autres sont habités par la soif du pouvoir. Pour le seul plaisir de l’exercer. Et que le président Mahmoud Abbas prétendit y renoncer est plus qu’un aveu d’échec. La théâtralité de son esclandre participe d’une stratégie, une sorte de chantage- non éhonté tout de même- sur la communauté internationale afin qu’elle contraignit Tel Aviv à cesser son procès de colonisation sauvage des territoires palestiniens. Or donc en l’état actuel des choses (Israël n’est plus depuis longtemps déjà la cible des attentats terroristes sur son territoire) seuls les Palestiniens ont intérêt à ce que le processus de paix soit relancé. C’est ainsi que Benyamin Netanyahou fait tout ce qu’il peut pour qu’on parlât de paix sans que jamais l’on y parvint. En érigeant de nouvelles colonies de peuplement il dresse autant d’obstacles à la reprise de la "feuille de route". Le président de l’Autorité palestinienne, aussi affaiblit fut-il, ne peut- ce qui équivaudrait à un suicide politique- céder sur le chapitre des colonies.
Avec de tels amis le président américain n’a pas besoin d’ennemis !
Abbas et Netanyahou ne sont manifestement pas des interlocuteurs valables pour Barack Obama dans la recherche d’une paix équitable au Proche-Orient. Encore moins des partenaires.
Le Nobel de la controverse
Il est indéniable que Barack Obama jouit d’une notoriété aussi immense qu’internationale. Cette popularité a son envers : une névrotique suspicion. Puisqu’on attend tout de lui, on ne lui concède guère le moindre : « qui peut le moins ne peut rien ! », dit l’adage.
Ainsi donc de tous les récipiendaires du prix Nobel de la paix le président américain en serait le moins méritant. Pis, l’on murmure tout haut que l’attribution de cette reconnaissance n’est "qu’une manœuvre politique". Or donc de tous les Nobel, celui de la paix est un prix éminemment politique ! Et il ne suffit pas de l’avoir instaurée- la paix- pour se voir attribuer la prestigieuse récompense. Ils sont même rares ceux, à l’instar de Nelson Mandela, qui ont reçu le prix Nobel de la paix après avoir réalisé celle-ci ! Il n’ya qu’à voir : on ne peut raisonnablement dire que Yasser Arafat et Itzhak Rabin aient jamais réussi la paix entre Palestiniens et Israéliens. Quelle signification faut-il alors accorder au Nobel de la paix qui leur a été décerné en 1994 ? Et avant eux(en 1978) l’Egyptien Anouar el-Sadate et l’Israélien Menahem Begin. La Birmanie n’a pas changé sous l’action militante d’Aung San Suu Kyi ; c’est à elle cependant qu’échoit le Nobel de la paix en 1991. L’année suivante l’activiste guatémaltèque pour les droits des autochtones, Rigoberta Menchú, se mérite le prestigieux prix pour son combat en faveur des siens- les Indiens- sans que le sort de ces derniers n’ait été depuis significativement amélioré. Ni le défunt président sud-coréen Kim Dae-Jung (Nobel de la paix 2000), ni la juriste iranienne Shirin Ebadi(2003) n’ont changé le cours des évènements dans leurs pays respectifs. Et la liste est longue.
Le comité norvégien du Nobel de la paix sacrifie bien entendu à certains critères pour récompenser « la personnalité ayant [au cours de l’année précédente] le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». Puisque l’énoncé n’évoque pas la préposition "et", mais bien la conjonction "ou", l’on comprend qu’il faut avoir été l’une ou l’autre chose…
Ainsi donc pour les contempteurs d’Obama- puisque tous souhaiteraient le voir mériter son prix- le président américain n’entrerait déjà pas dans une ou l’autre des catégories proposées !
Manifestement, d’avoir la foi n’interdit pas que l’on soit de mauvaise foi !
EMERY G. UHINDU-GINGALA
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