mardi, août 20, 2013

La nébuleuse Al-Qaida fait encore parler d’elle


PEUR SUR L’OCCIDENT

 

Le unes après les autres les chancelleries occidentales fuient devant les menaces terroristes proférées par Al-Qaida. Les fermetures des représentations diplomatiques se succèdent aux appels à la prudence pour les Américains, Français, Britanniques etc.
La raison de tout ce tumulte : les États-Unis disent craindre l’imminence d’une attaque terroriste après que leurs services d’espionnage aient intercepté des échanges entre deux hauts dirigeants d’Al-Qaida.                                                                                                                 
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

 Pour l’administration Obama l’événement ne pouvait pas mieux tomber. Le National Security Agency (NSA) a pu ainsi opportunément démontrer l’efficacité, mais surtout la nécessité, de son système d’écoute tant décriée de par le monde. Au vrai il n’y a eu que les alliés des Etats-Unis à s’en plaindre. Et une fois toute hypocrisie ravalée- c’est de bonne guerre que tous espionnent tout le monde- les occidentaux ont suivi les directives de la NSA, somme toute leurs yeux et leurs oreilles face au danger du terrorisme. A la suite de Washington plusieurs pays occidentaux ont fermé leurs ambassades au Yémen, le “nid des vipères". Les Américains, eux, ont mis la clé à la porte de leurs représentations en Egypte, au Pakistan…

Pour autant les gains qui ressortissent de cet événement sont partagés. Car Al-Qaida, le groupe terroriste auteur de ce bran- le bas de combat, aura réussi en tous cas à rappeler au monde son existence. Dans le cas où quelqu’un l’aurait oublié.
En fait la conversation interceptée par la NSA pourrait n’être qu’un leurre destiné à déstabiliser l’Occident, aux dires des spécialistes. Au vrai Al-Qaida central n’est plus qu’un épouvantail virtuel, au sens où la légendaire nébuleuse n’a plus d’existence réelle. Elle n’était déjà plus  qu’une coquille vide bien avant la mort de son leader charismatique Oussama Ben-Laden.

Aujourd’hui son remplaçant, l’Egyptien Ayman Zawahiri, n’est là que pour la forme ainsi qu’un monarque qui régnerait sans rien diriger. Les actions sur le terrain sont dévolues aux groupes affiliés dont les plus connus sont, en rapport à la dangerosité, Al-Qaida au Maghreb islamique(AQMI), et Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA). C’est d’ailleurs une conversation interceptée entre Al-Zawari et le chef d’AQMI, l’Algérien Djamel Okacha, qui a mis le feu aux poudres. Depuis l’administration Obama fait un usage sans précédent des drones pour neutraliser le plus de terroristes qu’elle peut. Sur le terrain le succès de ces opérations est indéniable, les rangs des terroristes ont partiellement été décimés depuis l’arrivée au pouvoir du président Barack Obama. Or donc les missiles que lancent ces aéronefs sans pilotes, pour intelligents qu’on les présente, font de considérables victimes collatérales au sein des populations civiles. Des bavures à répétition qui font le lit des islamistes, alors même que ceux-ci ne sont plus en odeur de sainteté dans le monde musulman.

 

Assassinats justifiés
Les Américains sont bien conscients que leurs opérations "d’assassinats ciblés" ruinent leur crédibilité. Ainsi d’ailleurs que celle des gouvernements musulmans chez qui leurs drones sévissent. Washington embarrasse, à dessein il faut le croire, ces gouvernements pourtant amis. Ceux-ci se retrouvent partagés entre leur allégeance au protecteur américain et l’indignation de leur population. Cette ambivalence dans les rapports entre les Etats-Unis et leurs alliés du monde musulman profitent aux radicaux islamistes. Ces derniers se servent de cette brèche inespérée occasionnée par le mécontentement populaire pour recruter à tour de bras. En dénonçant la collusion de leurs dirigeants avec l’ennemi, le "grand Satan américain". Or donc pour l’administration Obama le sort des pouvoirs en place est sous-ordonné aux intérêts des Etats-Unis. D’où cette offensive sans précédent dans l’histoire américaine, par drones interposés, contre des cibles terroristes présumées. Les Américains justifient leurs intempestives interventions par l’incurie de ces gouvernements à protéger leurs intérêts, qu’il s’agit des personnes ou des biens. Au vrai ils demeurent traumatisés par l’attaque de Benghazi qui couta la vie à l’ambassadeur américain en Lybie. Pour Washington ces gouvernements démontrent une manifeste incapacité à contenir le terrorisme sur leurs propres territoires. Exposant par la même occasion les citoyens américains et les intérêts des Etats-Unis établis sur ces territoires. La menace est d’autant plus grande qu’une nouvelle forme de terrorisme tend à se développer dans certains pays où l’état accuse sa faiblesse : une "territorialisation" de la terreur. L’exemple le plus récent en est le Mali. Les groupes terroristes (Aqmi, Mujao et Ansar Dine) ont profité de l’instabilité provoquée par le coup d’état perpétré contre le président Amadou Toumani Touré pour occuper le nord du pays. Sans l’intervention décomplexée de l’armée française ils y seraient encore. Leur puissance de feu exportée de Lybie leur permettait de soumettre la totalité du territoire malien afin d’y installer un khalifat, un émirat islamiste, en un objectif clairement avoué. On sait cependant qu’un trivial affairisme dicte parfois les motivations de ces groupes terroristes dont la religion ne constitue souvent qu’un opportun alibi. Au vrai le recours à Dieu, à Allah, n’est parfois que l’expression de l’arbre qui cache la forêt.

La même situation prévaut dans la Lybie post-Kadhafi et au Yémen. Mais surtout en Somalie depuis plus de deux décennies. Aujourd’hui ce pays sans pouvoir étatique est en proie aux exactions des milices Shebab.

 

Pour ou contre
Aux Etats-Unis l’utilisation que l’administration Obama fait des drones divise. Et ce même au sein du parti démocrate où certains considèrent qu’il ne s’agit simplement que d’assassinats moralement indéfendables. Or donc que de tels actes soient perpétrés par la plus grande puissance mondiale, laquelle se targue de diriger le monde entier, pose un problème d’éthique. D’autant que d’incessantes bavures impliquant des vies civiles rappellent par trop les pratiques aveugles des terroristes que combattent justement les Etats-Unis.
Et en l’état actuel des choses les Etats-Unis confessent qu’ils n’ont d’autre choix que de combattre la violence par la violence, afin d’éradiquer le terrorisme. Et la peur.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
foqusmedia.com

 

 

samedi, août 03, 2013

Printemps arabe


DEMOCRATIE SOUS SURVEILLANCE

Egyptiens et Tunisiens conspuent aujourd’hui une démocratie qu’ils se sont acquise dans le sang. Ils continuent de réécrire, par la rue encore, l’histoire là où ils l’avaient laissée deux ans plutôt. Ennahda et les Frères musulmans ont eu le tort de croire que le chapitre était clos parce qu’une page avait été tournée.                                                                                                             EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

 

Lorsqu’un régime est déchu par d’autres dispositions que celles prévues par la Loi, on est en présence d’un coup d’état. C’est ce qui vient de se passer en Egypte. Et le fait que les militaires, les auteurs de ce coup de force, se cachent derrière "la volonté populaire" n’y change rien. L’Egypte vient de tourner une autre page de son histoire ; et rien n’indique qu’un retour au statu quo ante soit possible. D’ailleurs aucun pays occidental n’a condamné le coup d’état, se bornant  tout au plus à noter le fait accompli. Au vrai Washington et ses alliés étaient inquiets de voir proliférer des régimes islamiques à quelques encablures d’Israël. Sans aller jusqu’à récuser un régime démocratiquement élu ainsi qu’ils le firent jadis pour le Hamas en Palestine, les occidentaux se félicitent secrètement de la chute du président Morsi et des Frères musulmans. Aussi ils espèrent que la même chose se produira en Tunisie. Mais dans ce dernier pays les choses risquent d’être un plus compliquées qu'en Egypte. Déjà on voit bien que malgré la gravité des faits qui sont, à tort ou à raison, imputés au gouvernement islamiste, le mouvement de protestation n’égale en rien celui des Egyptiens à l’encontre de Mohamed Morsi. Si les deux opposants assassinés en Tunisie (Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi) avaient été Egyptiens le pouvoir au Caire serait tombé bien plus vite qu’il ne l’a été. Et l’armée- les militaires égyptiens n’attendaient que cela après que Morsi les eut humiliés en chassant leur chef le maréchal Tantawy du pouvoir- ne se seraient guère embarrassés de fallacieuses justifications pour perpétrer leur coup de force.

Autre chose qui revêt son importance : en Tunisie c’est le gouvernement islamiste en son ensemble qui est mis en cause, cependant qu’en Egypte la colère des manifestants avait un visage et un nom : Mohamed Morsi. Il est plus facile de porter la faute sur un seul individu que sur tout un système…
A Tunis le pouvoir n’a d’autre choix, pour survivre, que d’accommoder les desideratas des manifestants, en évitant l’obtuse intransigeance de Morsi, laquelle lui aura coutée la présidence. Et la liberté.

 Des régimes aux abois
Bien avant la vague des régimes islamistes inaugurés par le printemps arabe, la Turquie présentait, avec l’AKP, un régime islamiste "à visage humain". Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan conduisait un gouvernement "fréquentable" selon les standards occidentaux. Cependant que ces mêmes occidentaux n’ont jamais répugné la compagnie de la monarchie saoudienne dont pourtant tous connaissent le radicalisme.

Or donc aujourd’hui ce n’est même plus la méfiance des occidentaux qui est en cause dans la crise des régimes islamiques. Ce sont leurs propres concitoyens, coreligionnaires ou non, qui désormais ont maille à partir avec les politiques doctrinaires que leur assènent leurs gouvernements. Et à ce chapitre, même le gouvernement modéré d’Erdogan n’a pas échappé aux manifestations anti-islamistes qui fleurissent dans le monde musulman.

Il est vrai que le régime iranien des mollahs avait su réprimer sauvagement, il y a peu, les velléités démocratiques de son peuple. La monarchie sunnite des Emirats arabes unis agit avec la même contre sa population chiite : une mini-révolution étouffée dans l’œuf, et dans le sang, sans que les occidentaux s’en émeuvent outre-mesure. Ces mêmes occidentaux qui montrent les dents au gouvernement turc quand sa population laïque- la laïcité en Turquie est un héritage d’Atatürk le fondateur de la Turquie moderne- lui tourne le dos après un flirt de quelques années.

Quoiqu’il en soit la Turquie n’entrera jamais dans l’Union européenne sous un gouvernement islamiste. Aussi modéré qu’il se prétendit.

 

Républiques islamistes
Il faut se l’avouer : l’Occident avait été pris au dépourvu par la rapidité avec laquelle le printemps arabe chassa du pouvoir le président Ben-Ali et le rais Moubarak. D’autant que c’était des régimes dictatoriaux bien confortablement installés depuis des lustres. Les despotes qui les dirigeaient duraient grâce à l’appui des occidentaux, en charge de revanche ils devaient réprimer toute avancée islamique dans leurs pays respectifs. Un échange de bons procédés qui faisait pourtant perdurer la tyrannie. Mais Realpolitik oblige…

C’est dire que la chute non annoncée de leurs alliés naturels dérouta les chancelleries occidentales. Sans que celles-ci ne sachent comment leur venir en aide sans avoir à sévir sur les gigantesques manifestations populaires qui déboulonnaient ces statues autrefois inamovibles. Les craintes des occidentaux se confirmèrent quand les islamistes s’emparèrent aisément du pouvoir. Ces derniers s’aidèrent du désabusement de la population face à des régimes autocratiques et corrompus. Même des musulmans modérés, ainsi que parfois des non pratiquants, agréèrent cette alternance en faisant confiance aux islamistes pour assainir la vie publique. Mais pas seulement, dans ces pays les mouvements islamistes étaient les mieux organisés au sein de l’opposition. Et aussi les mieux nantis financièrement. Les "Frères musulmans", et cette autre entité islamiste tunisienne rapidement rebaptisée Ennahda, étaient depuis longtemps déjà financés par les monarchies sunnites du golfe persique. Ceci explique cela…

Le moment de stupeur passé, les occidentaux ont patiemment attendu que les islamistes se dévoilent en démontrant qu’ils ne peuvent se distancer du coran. Et surtout que la charia, la loi islamique, guide en fin de compte toutes leurs actions. Sociales ou politiques. Un attentisme que la France a refusé d’observer en intervenant militairement au Mali afin d’y chasser les islamistes. Il faut tout de même dire que ces derniers avaient eu le front de se réclamer d’Al-Qaïda au Maghreb islamique(ACMI). Et que leur intention avouée était d’instaurer une république islamique au Mali.

Depuis, les termes "république" et "islamique" ont fini par se contredire, paraissant de plus en plus antinomiques. L’histoire récente démontre qu’on ne peut, au vrai, être républicain et islamiste. Ou vice-versa.

Aujourd’hui les régimes islamistes sont poussés dans leurs derniers retranchements par des populations harassées. Leur modèle de démocratie est scruté à la loupe, pour qu’à la moindre entorse aux libertés individuelles on les chassât du pouvoir.

EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ