La nébuleuse Al-Qaida fait encore parler d’elle
PEUR SUR L’OCCIDENT
Le unes après les autres les chancelleries occidentales fuient devant les
menaces terroristes proférées par Al-Qaida. Les fermetures des représentations
diplomatiques se succèdent aux appels à la prudence pour les Américains,
Français, Britanniques etc.
La raison de tout ce tumulte : les États-Unis disent craindre
l’imminence d’une attaque terroriste après que leurs services d’espionnage aient
intercepté des échanges entre deux hauts dirigeants d’Al-Qaida. EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
Pour autant les gains qui ressortissent de cet événement
sont partagés. Car Al-Qaida, le groupe terroriste auteur de ce bran- le
bas de combat, aura réussi en tous cas à rappeler au monde son existence. Dans
le cas où quelqu’un l’aurait oublié.
En fait la conversation interceptée par la NSA pourrait
n’être qu’un leurre destiné à déstabiliser l’Occident, aux dires des
spécialistes. Au vrai Al-Qaida central n’est plus qu’un épouvantail virtuel, au
sens où la légendaire nébuleuse n’a plus d’existence réelle. Elle n’était déjà
plus qu’une coquille vide bien avant la
mort de son leader charismatique Oussama Ben-Laden.
Aujourd’hui son remplaçant, l’Egyptien Ayman Zawahiri,
n’est là que pour la forme ainsi qu’un monarque qui régnerait sans rien
diriger. Les actions sur le terrain sont dévolues aux groupes affiliés dont les
plus connus sont, en rapport à la dangerosité, Al-Qaida au Maghreb
islamique(AQMI), et Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA). C’est
d’ailleurs une conversation interceptée entre Al-Zawari et le chef d’AQMI, l’Algérien
Djamel Okacha, qui a mis le feu aux poudres. Depuis l’administration Obama fait
un usage sans précédent des drones pour neutraliser le plus de terroristes
qu’elle peut. Sur le terrain le succès de ces opérations est indéniable, les
rangs des terroristes ont partiellement été décimés depuis l’arrivée au pouvoir
du président Barack Obama. Or donc les missiles que lancent ces aéronefs sans
pilotes, pour intelligents qu’on les présente, font de considérables victimes
collatérales au sein des populations civiles. Des bavures à répétition qui font
le lit des islamistes, alors même que ceux-ci ne sont plus en odeur de sainteté
dans le monde musulman.
Assassinats justifiés
Les Américains sont bien conscients que leurs opérations
"d’assassinats ciblés" ruinent leur crédibilité. Ainsi d’ailleurs que
celle des gouvernements musulmans chez qui leurs drones sévissent. Washington
embarrasse, à dessein il faut le croire, ces gouvernements pourtant amis.
Ceux-ci se retrouvent partagés entre leur allégeance au protecteur américain et
l’indignation de leur population. Cette ambivalence dans les rapports
entre les Etats-Unis et leurs alliés du monde musulman profitent aux radicaux
islamistes. Ces derniers se servent de cette brèche inespérée occasionnée par
le mécontentement populaire pour recruter à tour de bras. En dénonçant la
collusion de leurs dirigeants avec l’ennemi, le "grand Satan
américain". Or donc pour l’administration Obama le sort des pouvoirs en
place est sous-ordonné aux intérêts des Etats-Unis. D’où cette offensive sans
précédent dans l’histoire américaine, par drones interposés, contre
des cibles terroristes présumées. Les Américains justifient leurs intempestives
interventions par l’incurie de ces gouvernements à protéger leurs intérêts, qu’il
s’agit des personnes ou des biens. Au vrai ils demeurent traumatisés par
l’attaque de Benghazi qui couta la vie à l’ambassadeur américain en Lybie. Pour
Washington ces gouvernements démontrent une manifeste incapacité à contenir le
terrorisme sur leurs propres territoires. Exposant par la même occasion les
citoyens américains et les intérêts des Etats-Unis établis sur ces territoires.
La menace est d’autant plus grande qu’une nouvelle forme de terrorisme tend à
se développer dans certains pays où l’état accuse sa faiblesse : une
"territorialisation" de la terreur. L’exemple le plus récent en est
le Mali. Les groupes terroristes (Aqmi, Mujao et Ansar Dine) ont profité de
l’instabilité provoquée par le coup d’état perpétré contre le président Amadou
Toumani Touré pour occuper le nord du pays. Sans l’intervention décomplexée de
l’armée française ils y seraient encore. Leur puissance de feu exportée de
Lybie leur permettait de soumettre la totalité du territoire malien afin d’y
installer un khalifat, un émirat islamiste, en un objectif clairement avoué. On
sait cependant qu’un trivial affairisme dicte parfois les motivations de ces
groupes terroristes dont la religion ne constitue souvent qu’un opportun alibi.
Au vrai le recours à Dieu, à Allah, n’est parfois que l’expression de l’arbre
qui cache la forêt.
La même situation prévaut dans la Lybie post-Kadhafi et
au Yémen. Mais surtout en Somalie depuis plus de deux décennies. Aujourd’hui ce pays sans
pouvoir étatique est en proie aux exactions des milices Shebab.
Pour ou contre
Aux Etats-Unis l’utilisation que l’administration Obama
fait des drones divise. Et ce même au sein du parti démocrate où certains
considèrent qu’il ne s’agit simplement que d’assassinats moralement
indéfendables. Or donc que de tels actes soient perpétrés par la plus grande
puissance mondiale, laquelle se targue de diriger le monde entier, pose un
problème d’éthique. D’autant que d’incessantes bavures impliquant des vies
civiles rappellent par trop les pratiques aveugles des terroristes que
combattent justement les Etats-Unis.Et en l’état actuel des choses les Etats-Unis confessent qu’ils n’ont d’autre choix que de combattre la violence par la violence, afin d’éradiquer le terrorisme. Et la peur.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
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